GUINÉE: Un Etat faible voire inexistant au profit d’un clan ethnique en Guinée.

811

Après cinquante cinq ans d’indépendance de notre chère Guinée, il est plus qu’impératif de décrire le modèle d’Etat de notre pays à un moment crucial de son existence. Comme toute histoire a un début, celle de l’Etat de notre pays a commencé le 2 octobre 1958 qui marqua l’avènement d’Ahmed Sékou Touré en tant que président de la République de Guinée. Tout le mal que vit notre pays aujourd’hui est parti de lui et malheureusement les pratiques apprises durant le règne de Touré sévissent encore au sommet de l’Etat au point de dire qu’il n’a pratiquement jamais existé. Et de surcroit d’avouer grâce aux différents événements qui ont accompagné la Guinée depuis son indépendance, qu’elle est tout sauf une nation mais plutôt un pays aux groupes ethniques forts. Nous savons tous qu’une nation se construit, se consolide et pourtant la nôtre ne l’a jamais été. Aujourd’hui plus qu’en 1958, il ya une nécessité de refonder notre Etat et notre nation sur des bases solides porteuses de grandes valeurs humaines : justice, équité, solidarité, unité…. Pour qu’on puisse léguer une Guinée unie et solidaire à nos enfants mais pour y arriver il faut des grands sacrifices et des actes forts. Maintenant que nous faut- il comme sacrifices et actes forts pour refonder notre Etat et offrir une nation solide au peuple de Guinée’ Comment se débarrasser des disciples de Sékou Touré qui sévissent encore dans l’administration et qui empêchent l’Etat d’exister au profit des clans ethniques’ Quelle est la part de responsabilité des intellectuels qui ont servi la Guinée depuis 1958 dans la situation actuelle ‘ Quelle attitude avoir pour refonder notre Etat ‘ La refondation de l’Etat passera t- elle par l’adhésion des jeunes au sein d’un mouvement de justice et de démocratie comme le jugère Sadio Barry de Guineepresse ‘ La situation de l’Etat guinéen étant si dramatique, les jeunes démocrates de la nouvelle génération ont intérêt à partir de maintenant d’exiger le débat sur ce problème car, le pays manque cruellement d’hommes d’Etat.

Elu à la tête du pays au sortir d’une élection démocratique, Sékou Touré avait la responsabilité et la chance de bâtir un Etat fort pour la Guinée. Hélas, aussitôt installé à la tête du pays, Sékou relègue la construction de l’Etat aux oubliettes et se met à créer de faux complots afin de se débarrasser de ses redoutables adversaires et pour finalement régner en tyran pendant 26 douloureuses années à la tête du sois disant Etat guinéen. Durant tout son règne Sékou le tyran n’a rien fait pour créer un Etat fort au service du peuple de Guinée, il a été beaucoup plus préoccupé à mettre en place son clan ethnique qui ne tardera pas à jeter son dévolu sur la naissante administration guinéenne. Depuis, rien n’a jamais été initié pour créer un Etat solide et la démission des cadres rentrés se mettre au service du Pays a été immédiate. Certains seront d’ailleurs assassinés dans les prisons, exécutés par pendaison et d’autres contrains à l’exil pour sauver leur vie. La suite jusqu’à la mort du tyran, nous la connaissons tous.

Le 03 avril 1984, l’armée guinéenne recrutée à base ethnique par Sékou Touré décide de prendre le pouvoir après le refus délibéré du clan ethnique Touré de respecter les lois qui faisaient office de constitution et qui stipulaient qu’en cas de mort du président de la République c’est le président de l’assemblée nationale qui le remplace pendant six mois, le temps d’organiser une élection présidentielle. C’est ainsi que le clan ethnique refusa la prise de fonction de Lansana Béavogui comme président. Lansana Conté étant l’un des plus hauts gradés de l’armée en 1984, sera désigné par ses pairs président de la seconde République de Guinée et règnera vingt quatre ans, deux ans de moins que Sékou Touré. Après les discours d’ouverture de Conté, tous les exilés sous le règne du tyran décident de rentrer pour aider Lansana à bâtir un Etat de droit dans lequel tous les guinéens vivront désormais dans la sécurité et dans une égalité de traitements en droit et en devoir. Très vite, oui très vite le clan ethnique crée par Sékou Touré recommence à agir pour perpétuer le système au sommet de l’Etat. Ce clan influencera et motivera Diarra Traoré à faire le coup d’Etat de 1985 et qui en conséquence poussera Conté à changer de stratégie et d’imiter son prédécesseur en créant son propre clan ethnique. Conté à l’image de Sékou reléguera la construction de l’Etat très loin des objectifs de son règne. Les hommes qui ont servi l’administration sous Sékou ont retourné rapidement leur veste pour se mettre au service du nouveau régime. Le peuple de Guinée n’a donc pas eu le temps de souffler que la soupe servie sous Touré a de nouveau été déversée dans son godet. Ensuite, Dadis, Konaté ont servi la même soupe avec de nouveaux ingrédients plus épicés. Durant le passage de ces hommes à la tête du pays, il n’a jamais été question de doter l’Etat d’une administration capable de servir honnêtement le peuple. Les hommes des clans ethniques n’ont pas été changés ou recyclés et aujourd’hui Alpha Condé utilise les mêmes pour mettre son clan ethnique en place. C’est un triste constat pour le pays mais vrai et les péripéties au sommet de l’Etat n’annoncent guère un vent de changement. La désillusion du peuple est totale d’autant plus qu’Alpha Condé a passé la moitié de sa vie en France, le berceau même des droits de l’homme. Voir ce président imiter ses prédécesseurs dans les complots politiques pour éviter la contradiction d’idées, est une déconvenue qui brise l’espoir de tout un peuple. Ne dit-on pas que c’est dans la contradiction que nait la vérité ‘ Le chenal est si grand entre les discours populistes d’Alpha Condé et les actes qu’il pose.

La succession de déceptions a fini par pousser le peuple de Guinée à se retrancher dans la résignation et dans une fatalité indescriptible. La plupart des intellectuels ont depuis longtemps démissionné, ils restent indifférents à la situation et ont abandonné le sort de l’Etat à ces mafieux clans ethniques. Quant aux acteurs politiques et cadres de la société civile, ils ont été vus à l’épreuve du pouvoir sous les régimes précédents et malheureusement ils ont reproduit les mêmes reflexes. Les mêmes acteurs politiques demandent aujourd’hui le soutien du peuple or quand ils étaient aux affaires, ils n’avaient jamais placé la construction de l’Etat et l’épanouissement du citoyen lambda au cœur de l’action politique pour améliorer leur situation. Ils n’ont jamais privilégié l’intérêt général, ils étaient plutôt tous animés par un esprit d’enrichissement personnel démesuré. C’est à ce dilemme que le peuple est confronté aujourd’hui.

Pour sortir le peuple de Guinée de ce dilemme, chers compatriotes, il nous faut prendre toute la responsabilité et le courage de briser l’omerta sur les pratiques des clans ethniques mafieux au sommet de l’Etat. Est-ce que notre silence a du sens quand vous voyez la misère du peuple’ Non, aucun guinéen honnête, juste et démocrate ne peut être à l’aise avec ce qui se passe chez nous. La Guinée est l’un des rares pays qui fonctionne sans la contribution effective de ses institutions républicaines qui sont les garanties d’un bon fonctionnement de tout Etat démocratique. Or, aucune de nos institutions ne fonctionne de façon indépendante et celle qui est censée créer un contre-pouvoir (assemblée nationale) en Guinée est inexistante. C’est triste et à la fois une honte de rappeler que la Guinée malgré la qualité de certains de ses intellectuels, est un Etat boiteux comme celui qui est à sa tête et pourtant il domine toutes les institutions républicaines.

Chers compatriotes, oui à un réveil subite pour sortir nos démocrates de leur long sommeil qui a mis l’Etat à terre en Guinée.

Que Dieu nous donne la force et le courage de rebâtir un Etat fort au service des guinéens. Amen !

Marwane Diallo.




Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.