Albayrak, 100 jours de Kassory, corruption, assainissement, scandale à la BCRG: Dr Alpha Abdoulaye brise le silence…

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Cette semaine, nous nous sommes entretenus avec le vice-président du conseil national des organisations de la société civile guinéenne (CNOSCG) sur l’actualité brûlante du moment. Le tout, a été passé au peigne fin avec Dr Alpha Abdoulaye Diallo. Il est aussi le président de l’ONG ‘’publiez ce que vous payer’’ Guinée.

Bonne lecture….

Quel bilan pouvez-vous tirez des 100 jours de Kassory Fofana à la primature ?

C’est trop tôt de tirer un bilan, mais on peut donner notre impression. Durant les 100 jours de gestion, il a donné des bons signaux au départ par rapport à la lutte contre la corruption. Il a également donné une bonne impression au départ en visitant les QG des partis politiques dans le cadre de l’apaisement, mais j’avoue que nous avons été surpris et attristés par sa décision unilatérale d’augmenter le prix du carburant à 10 mille FG. Nous estimons que cette augmentation générale du carburant en Guinée à un moment où les populations guinéennes traversent la période de soudure (juillet et août où il pleut abondamment), le moment n’était ni propice et ni de la manière bonne manière.

Le président de la république en nommant ce nouveau gouvernement avait dit qu’il nommait un gouvernement qui sera proche du peuple mais on a vu comment la gestion de cette crise de l’augmentation du prix du carburant a été opérée par la primature et par les membres du gouvernement. Ils ont utilisé des méthodes peu orthodoxes. On a entendu le cas de corruption et en même temps il ya eu des intimidations. Il y a eu aussi la restriction des libertés individuelles et collectives des citoyens. Donc, à mon avis c’est un recul de la démocratie.

Par rapport à la gouvernance est-ce que vous avez senti des signaux forts encourageants ?

En réalité nous sommes encore à l’attente car durant ces 100 jours nous avons senti un recul. Le premier ministre avait dit qu’il allait interdire tout parrainage politique et social. Il va bannir la mamaya mais on l’a vu lui-même parrainer les mamayas. Ça veut dire qu’il est entrain de passer à côté. C’est-à-dire passer à travers de ses propos. Son discours de prise de fonction et celui à l’assemblée nationale sont dans les tiroirs. Il est entrain de faire exactement le contraire de ses discours. Donc, les guinéens le jugerons aux actes parce qu’on a trop entendu en Guinée.

Parlant de ces discours, le PM s’est engagé à lutter contre la corruption. Est-ce que vous-y croyez ?

Je n’y crois pas. C’est un bon signal qu’il a donné au début, mais on a du mal à croire que l’effet sera répété sur d’autres sujets. C’est pourquoi, moi je demande au premier ministre d’être un peu plus sur la ligne de conduite qu’il a tracé au départ. Aujourd’hui, les guinéens ont beaucoup plus besoin de développement que de discours politiques. Les guinéens ont beaucoup plus besoin de l’amélioration de leur condition d’existence, des conditions de bases (avoir accès à une bonne éducation, accès aux soins de santé adéquats), la construction des hôpitaux au niveau des régions du pays parce que nous savons aujourd’hui que sur le plan de la santé, il y a beaucoup de défis à relever. Donc, au lieu d’utiliser des sommes astronomiques à organiser des mamayas, il faut développer nos infrastructures, désenclaver la Guinée, restaurer nos routes et nos ponts et aussi s’atteler à l’amélioration des conditions de vie des citoyens.

Ces derniers jours, l’actualité reste dominée par une concession d’une partie du port autonome de Conakry à une société Turque du nom de ALBAYRAK. Est-ce que vous avez eu vent de cette actualité et comment avez-vous perçu cela ?

Nous avons eu vent de çà, nous avons réagit à chaud par rapport à cette situation. Nous considérons tout simplement que la Guinée est entrain d’être bradée par des personnes qui ont peu de scrupules et qui ne veulent pas tenir compte de la souffrance du peuple de Guinée. Vous voyez comment on renvoi cette question. Comment la directrice et son adjointe se renvoient la balle et s’offrir en spectacle devant le public. Au même moment, ce sont des pères et mères de familles qui vont aller au chômage. Il faut redonner de l’espoir à ce peuple de Guinée et ces travailleurs qui ont travaillé corps et âmes avec leur sueur pour maintenir le port aujourd’hui. Un beau matin on se lève par la volonté d’une ou de deux personnes on signe des contrats sans respecter la loi en la matière. Çà, c’est déjà une faute grave, je dirai même que c’est une trahison.

Que compte faire la société civile pour défendre le peuple de Guinée dans son ensemble et les travailleurs du port en particulier ?

Les syndicats ont déjà pris les devants. Nous emboitons les pas des syndicalistes. Nous les accompagnons dans leur lutte et nous les soutenons. Notre raison d’être, c’est de défendre l’intérêt des citoyens. C’est pourquoi, nous lançons un avertissement à la société ALBAYRAK qui vient d’acquérir le port comme ils l’ont dit de préserver les emplois de nos pauvres papas et mamans qui sont là bas pour ne pas les renvoyer dans la rue.

A vous écoutez, c’est comme si vous avez consommé cette concession et maintenant vous voulez défendre les travailleurs ?                              

Non, normalement, l’assemblée nationale doit se saisir du dossier en tant que structure de contrôle de la gestion gouvernementale. Il doit y avoir une commission d’enquête parlementaire sur ce dossier. Nous acteurs de la société civile, ce qu’on peut, c’est de dénoncer et d’être au côté des travailleurs. C’est le Pr Alpha Condé qui a été élu par le peuple de Guinée et par conséquent c’est à lui qu’il faut imputer la mauvaise gestion du pays. C’est pourquoi, nous interpellons les élus du peuple de se saisir du dossier en toute légalité et légitimité. Nous, on ne peut que dénoncer, interpeller et faire des propositions.

Il y a un autre scandale, on parle de 21 millions d’euros disparus à la banque centrale. Là-aussi, on ne vous a pas entendu

On a appris cette information comme tout le monde. C’est scandaleux, on va de scandale en scandale. Je pense que ce n’est pas le premier cas dans cette banque centrale. Il y’avait déjà eu un autre cas, qui avait été dénoncé sans suite. Donc, c’est la même chose qui se répète surtout qu’il s’agit d’un montant important on parle de 21 millions d’euros. Je pense que ça doit interpeller nos députés à l’assemblée nationale.

Sur le plan politique, il y’a eu récemment un accord entre le pouvoir, la mouvance et l’opposition sur la gestion du contentieux électoral né des élections locales. Certains estiment que la Guinée court de gros risques en mettant la loi de côté au profit du consensus. Qu’en pensez-vous ?                    

Il y’a beaucoup de débats autour de ces arrangements politiques. Je pense que ça nous dispense de beaucoup de problèmes parce qu’il y avait des manifestations de l’opposition qui étaient projetées. Si les politiciens sont parvenus à un consensus, tant mieux parce que ce sont des oiseaux de même plume. Si ça dispense les guinéens d’instabilité et si ça permet l’installation rapide des élus locaux pourquoi pas ? En tout cas, nous sommes dans l’observation. Ce que nous demandons, c’est d’aller rapidement à l’installation de nos exécutifs communaux car ils ont déjà perdu beaucoup de mois pour qu’ils puissent jouir de leur légitimité afin de répondre aux attentes des populations à la base.

Le gouvernement a engagé une vaste opération d’assainissement de la capitale. Est-ce que selon vous, c’est la meilleure manière d’assainir Conakry et ses environs?

Je pense qu’ils vont pompez de l’argent inutilement. Ils vont faire des opérations de coup de balai. C’est du tape à œil simplement car, sa ne réglera pas la situation. Aujourd’hui, la question de gestion des ordures est scientifique et relève de la technique et de la technologie. Il faut confier cette gestion à des entreprises qui s’y connaissent parce qu’aujourd’hui, les ordures, c’est de l’argent et sa créent de l’emploi. Donc, on est entrain de gaspiller des ressources parce que tout simplement on ne sait pas à quel saint se vouer. On ne peut pas affronter cette question sans assez de responsabilité. La gestion des ordures est une chaîne. Ça commence au niveau des ménages où il faut faire le tri. Il faut que les ménages adhèrent et qu’ils y trouvent leur intérêt. Que chaque ménage accepte d’adhérer en faisant le tri et puis en tirer profit. Et au bout, il faut qu’il y ait une chaine de transformation. Aujourd’hui, les ordures, c’est une source d’énergie et de recyclages. Donc, il faut qu’on sorte de l’amateurisme dans la gestion de ces ordures sinon, ça va faire l’affaire d’un groupe qui va se faire plein les poches et on n’ira pas de l’avant. Ce sera un cercle vicieux.

Merci.

C’est à moi de vous remercier.

Interview réalisée par Abdoulaye Maci Bah

Contact: +224 622 44 99 66

E-mail: redafrinews@gmail.com




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