Les Zimbabwéens aux urnes pour reconduire ou non Robert Mugabe

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Les Zimbabwéens votaient mercredi pour départager leur président Robert Mugabe, qui à 89 ans est au pouvoir sans discontinuer depuis 33 ans, et son adversaire le Premier ministre Morgan Tsvangirai, dans une présidentielle incertaine et entachée de soupçons de fraude en faveur du sortant.

Des électeurs avaient commencé à se masser devant les bureaux de vote plus de quatre heures avant l’ouverture du scrutin, à 07H00 (05H00 GMT), pour être sûrs de pouvoir glisser leurs bulletins dans les urnes, pour la présidentielle mais également les législatives et les municipales. Certains se protégeaient du froid de la nuit d’hiver en s’emmitouflant dans des couvertures.

Les files d’attente s’allongeaient dans la matinée devant les bureaux de votes – parfois installés dans des tentes – dans les zones urbaines, qui sont traditionnellement peu favorables au président Mugabe, qui a ruiné le pays au début des années 2000 après l’avoir conduit à l’indépendance en 1980.

A Epworth, un township de la capitale Harare, Ellen Zhakata, 66 ans, avait du mal à retenir ses larmes.

“Je suis contente d’avoir voté. Je veux juste la fin des problèmes de notre pays”, a-t-elle dit à l’AFP. “Tous mes enfants sont à l’étranger à cause des difficultés économiques ici. Je suis très seule, j’aimerais qu’il puissent travailler ici. “

Plusieurs millions de Zimbabwéens ont dû émigrer, surtout vers l’Afrique du Sud voisine, chassés par une crise économique sans précédent et un régime politique jugé trop oppressant par beaucoup.

Quelque 6,4 millions de Zimbabwéens sont inscrits sur les listes électorales, sur une population estimée à 12,9 millions d’habitants.

Le MDC, le parti de Morgan Tsvangirai, a dénoncé aux observateurs de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) des malversations dans la composition des listes électorales, publiées à moins de 24 heures du vote. Les observateurs occidentaux ont été interdits de séjour dans le pays.

Le contenu des listes électorales, qui selon la loi être rendues publiques “dans un délai raisonnable”, n’a de fait pas pu être vérifié. Leur précédente version contenait un nombre impressionnant de fantômes et de centenaires, parfois âgés de 125 ans.

Le vieux président Robert Mugabe, dont les précédentes élections ont été marquées par des violences et des tricheries, a toutefois voulu jouer les bons élèves de la démocratie, en promettant en direct à la télévision mardi de respecter le résultat, quel qu’il soit.

Le MDC a fait savoir que ses militants photographieraient les tableaux des résultats dans chaque bureau de vote afin de faire ses propres comptages.

Lors de la dernière présidentielle en 2008, M. Tsvangirai avait pris l’avantage avec 47% des voix au premier tour, contre 43% à Robert Mugabe. Les partisans du président s’étaient alors déchaînés contre leurs opposants, faisant près de 200 morts.

Pour éviter une guerre civile, M. Tsvangirai avait retiré sa candidature, laissant le sortant seul en lice pour le second tour. Puis il avait accepté en 2009 de cohabiter avec Mugabe, sous la pression de la communauté internationale, pour mettre fin aux violences. Mais il n’a jamais pu imposer ses options politiques.

Ce scrutin est maintenant censé les départager. Mais son caractère démocratique est discuté depuis que Robert Mugabe a décidé unilatéralement en juin de fixer la date de l’élection au 31 juillet, alors que l’opposition voulait des réformes avant les élections pour limiter la mainmise du clan Mugabe sur les médias et sur les forces de sécurité, armée et police.

Le chef de l’Etat est accusé par plusieurs ONG de défense des droits de l’homme d’avoir savamment créé un climat d’intimidation et découragé les voix dissidentes par le harcèlement policier.

L’opposition au président Mugabe redoute aussi une grève du zèle dans les bureaux de vote à Harare, là où l’électorat est plus favorable au changement.

Les bureaux de vote doivent fermer leurs portes à 19H00 (17H00 GMT), les résultats de la présidentielle n’étant pas attendus avant lundi.

AFP




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