Revue de presse Afrique : le retour de Bouteflika

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L’information fait bien sûr la Une de la presse algérienne : « Bouteflika rentre à Alger », s’exclame El Watan. La nouvelle a été annoncée peu avant 13 h par l’Agence France-Presse. L’agence algérienne APS a attendu 15 h 15 pour donner l’information. Commentaire de La Tribune, autre quotidien algérien : « La communication demeure le maillon faible du pouvoir algérien qui, encore une fois, a laissé la primauté aux agences étrangères et aux médias français d’annoncer le retour, hier, du chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, à Alger après une absence de près de trois mois pour maladie. (…) Il y a là comme un chantier à ouvrir, estime encore La Tribune, si on veut se mettre au diapason avec ce siècle de la communication en temps réel. »

Mais plus que les conditions médiatiques de son retour, c’est l’état de santé réel de Bouteflika qui préoccupe la presse algérienne, à l’instar du Matin : « Le président, totalement amoindri, est donc rentré hier au pays et, dit-on, revient aux affaires. L’Algérie est livrée à un homme visiblement impotent et dont on ne sait toujours rien de la gravité de la maladie. Dans quel état est-il réellement ‘ », s’interroge Le Matin. « Une brume, autour de l’état de santé du président, doublée d’une cacophonie de rumeurs, a été habilement entretenue, affirme le quotidien algérien. Ce judicieux et hermétique système de black out, était conduit, en effet, de sorte que l’opinion ne sache rien du mal dont souffre le chef de l’Etat et que personne ne puisse se faire une idée de sa gravité et, ainsi, le mettre à l’abri de l’article 88 de la constitution algérienne qui prévoit le cas d’empêchement du Président de la République “pour cause de maladie grave et durable”. »

Et Le Matin de pointer du doigt le frère cadet du président, Saïd, 58 ans : « C’est lui, affirme le journal, qui, en concertation avec quelques capitales occidentales et arabes, mais surtout avec des lobbys algériens et étrangers très puissants, a orchestré l’omerta autour de l’État de santé de son frère président. Objectif : éviter la destitution. (…) Et qu’importe si, dans cette besogne qui consiste à repousser sans cesse l’échéance, il y a le risque de bloquer la machine étatique. »

Passer la main !

Dans la presse ouest-africaine, on s’interroge également sur l’état de santé réel du président algérien, sur les conditions de son retour et sur l’avenir…

« Enfin ! Est-on tenté de dire, s’exclame L’Observateur Paalga au Burkina, puisque plusieurs vrais-faux retours avaient été annoncés, le dernier en date était le 8 juillet, signe que la communication autour de la santé du chef de l’Etat algérien est distillée à dose homéopathique. (…) Cette fébrilité, doublée d’une certaine omerta qui entoure la communication relative à la santé de Bouteflika, est peut-être symptomatique qu’on cache quelque chose aux Algériens. »

Et le quotidien burkinabè de s’interroger : « De quoi souffre véritablement Bouteflika ‘ Est-il oui ou non en possession de toutes ses facultés pour continuer à diriger l’Algérie ‘ Pense-t-il à la dévolution du pouvoir ‘ »

L’Observateur nous livre le fond de sa pensée : « Cette interminable convalescence de Bouteflika sur les bords de la Seine et ce retour controversé devraient inciter l’intéressé à penser à passer la main. La logique biologique le contraint également à songer à son départ du palais d’El Mouradia. Enfin après des années à la tête de plusieurs ministères, 14 années de présidence, que peut-il bien vouloir encore prouver à ses compatriotes ‘ »

Le site d’information Guinée Conakry Infos renchérit : « Beaucoup sont heureux de ce retour, mais les conditions volatiles qui le caractérisent sont des inconnues qui font gémir les plus pressés et gèlent le sang de ceux dont l’avenir est vissé à la santé chancelante du président Bouteflika. Celui qui murmure “Inch Allah, Inch Allah…”, s’abandonnant dans les bras de la toute puissance divine, avec ce masque de pâleur qui montre bien la profondeur du mal qui le ronge. » D’ailleurs, relève encore le site guinéen, « ceux qui connaissent un peu son dossier disent qu’il est aphasique et hémiplégique. » Et « son retour dans l’état qui est le sien, soulève malgré lui, la grande question de sa succession. Va-t-il s’accrocher au pouvoir jusqu’à la fin ‘ Va-t-il mettre fin à toutes ces rumeurs qui l’ont tué depuis longtemps et donner vie à une transition démocratique ‘ Celui qu’on a vu hier à la télé, n’a vraiment plus la force de répondre, pour le moment, en tout cas, à toutes ces questions. »

RFI




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