L’opposition guinéenne a décidé, jeudi 3 octobre, de ne plus participer au niveau national au comptage des voix des élections législatives du 28 septembre, qualifié de « cinéma » par son porte-parole Sidya Touré, annonce l’AFP.
Cela faisait 11 ans que la Guinée n’avait pas connue d’élections législatives. Le 28 septembre, les élections tant attendues ont enfin eu lieu avec un taux record de participation des guinéens. Les résultats provisoires, qui devaient être diffusés au plus tard 72 heures après les élections se font toujours attendre…
Sidya Touré, porte-parole de l’opposition et président du parti de l’Union des Forces Républicaines (UFR) met en garde « contre le tripatouillage des résultats ».
« Comment participer alors que l’on ne nous autorise pas à défendre nos thèses, qu’on nous interdit de prendre la parole ‘ C’est du cinéma et nous avons estimé que c’est un casus belli » a déclaré M Touré à l’AFP, tout en rejetant « catégoriquement » la victoire du Rassemblement du Peuple de Guinée (RPG) dans les villes de Dubreka et Fria au nord de la capitale. Le porte-parole de l’opposition, avait prévenu : seulement quelques heures après le vote, Sidya Touré déclarait déjà « qu’il n’accepterait pas des résultats tronqués. »
Sidya Touré en appel aux observateurs présents sur le terrain de l’Union Européenne et Africaine à dénoncer les manipulations des résultats ; « c’est une question de démocratie et de respect pour les électeurs qui se sont déplacés en masse pour ces élections. Nous souhaitons faire respecter les droits de chaque citoyen guinéen de toute appartenance religieuse et ethnique. »
La Guinée connait une déchirure profonde entre les communautés et les groupes ethniques, résultat de la politique menée par le régime actuel depuis bientôt 3 ans. Une crise identitaire exacerbée par la situation économique du pays qui manque cruellement d’emplois, d’investissements venant de l’étranger et des infrastructures de base (eau, électricité…) pour assurer le quotidien des guinéens. Cette élection devait être « une nouvelle espérance pour un avenir meilleur ».
Sidya Touré, ancien Premier Ministre de Guinée et Président de l’UFR, se tient à votre disposition pour répondre à vos questions.
A propos de Sidya Touré :
Diplômé de l’Ecole nationale du Trésor de Paris, Sidya Touré a réalisé l’essentiel de sa carrière en Côte d’Ivoire à des postes de responsabilité notamment comme Conseiller Technique du Ministre de l’Economie et des Finances aux Assemblées Annuelles du FMI et de la Banque Mondiale. Dès 1983, il est nommé Directeur de Cabinet du Ministre d’Etat, chargé des négociations pour le rééchelonnement de la dette publique et en 1990 devient Directeur de Cabinet du Premier Ministre de la Côte d’Ivoire (Alassane Ouattara).
Très engagé en Guinée, il revient dans son pays et accède au poste de Premier ministre. Son passage fut très remarqué : durant son mandat, il redonna l’eau et l’électricité au pays, assainit le fichier de la fonction publique, renoua avec l’U.E, et obtint en 1996 un programme formel avec le FMI pour que la Guinée accède au statut de PPTE. En 2000, Sidya Touré est élu Président du parti politique UFR (Union des Forces Républicaines) et fait campagne pour l’élection présidentielle de 2010. Depuis, il joue un des premiers rôles dans la vie politique en Guinée Conakry.
AFP