Le Parlement de Crimée vote le rattachement de la péninsule à la Russie

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Le Parlement de la République autonome de Crimée, dominé par les prorusses, s’est prononcé à l’unanimité, jeudi 6 mars, en faveur du rattachement de la région ukrainienne à la Fédération de Russie, a fait savoir un député. Vladimir Poutine a été informé de cette demande lors d’une réunion du Conseil de sécurité russe, selon le Kremlin.

• Un référendum sur le statut de la Crimée organisé le 16 mars
Le vice-premier ministre de Crimée, Roustam Temirgaliev, a annoncé que « toutes les entreprises nationales ukrainiennes seront nationalisées et deviendront propriété de la Crimée autonome », et qu’un référendum sur le statut de la péninsule aurait lieu le 16 mars. Les électeurs auront le choix entre un rattachement à la Fédération de Russie ou une autonomie nettement renforcée, a précisé le député Grigori Ioffe. « Mon point de vue, c’est que ce référendum n’est pas conforme à la Constitution », s’est élevé le ministre de l’économie ukrainien, Pavlo Cheremeta.

M. Temirgaliev a, par la suite, affirmé que « les seules forces armées légales sur le territoire de Crimée sont les forces armées russes » et que les armées d’un tiers pays seront considérées comme « occupantes ». « Les forces armées ukrainiennes doivent choisir entre déposer les armes, quitter leurs postes, accepter la citoyenneté russe et rejoindre l’armée russe. Si elles ne sont pas d’accord, nous sommes prêts à leur proposer un sauf-conduit du territoire de Crimée jusqu’en Ukraine », a-t-il ajouté.

• Réactions occidentales : « On ne peut pas faire un référendum pour modifier des frontières »
Dans l’avion qui le menait à Rome en vue d’une réunion sur la Libye, le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a estimé qu’« en droit international on ne peut pas faire un référendum pour modifier des frontières. Imaginez un département de France qui demande son indépendance ! Et si cela se généralisait à d’autres Etats… Après, tout dépend de la question qui va être posée. S’il s’agit d’aller vers davantage de décentralisation, d’accord. Mais si, en revanche, c’est une manière de changer les frontières, cela pose problème ».
Washington a également mis en garde contre la violation du droit international que constituerait l’organisation d’un tel référendum. « Les Etats-Unis estiment que toute décision sur la Crimée doit être prise par le gouvernement à Kiev, a indiqué un haut responsable américain. Vous ne pouvez pas vous retrouver dans une situation dans laquelle le gouvernement légitime d’un pays est exclu du processus du décision concernant certaines parties de ce pays. »
L’Assemblée de la République autonome de Crimée avait jusqu’à présent prévu l’organisation le 30 mars d’un référendum, mais prévoyant simplement un renforcement de son autonomie. La majeure partie des habitants de la péninsule, qui a été rattachée dans les années 1950 à l’Ukraine, sont russophones.

• Les observateurs de l’OSCE empêchés d’entrer en Crimée

Les 40 observateurs de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), venus en Ukraine à la demande du nouveau pouvoir, ont été empêchés d’entrer en Crimée par des hommes armés, a indiqué une source diplomatique occidentale. « Ils sont bloqués mais ils ne font pas demi-tour. Ils ont été empêchés d’entrer par deux groupes d’hommes armés, très professionnels », a ajouté cette source, précisant que les observateurs de l’OSCE sont arrêtés depuis 13 heures à un barrage sur la route d’accès à cette région du sud de l’Ukraine, contrôlée depuis le 28 février par des forces russes.
Dans la matinée, la police ukrainienne a délogé les manifestants prorusses qui occupaient l’administration régionale de Donetsk, ville russophone de l’est de l’ex-république soviétique, interpellant 75 personnes lors de l’assaut. Après l’opération, une centaine de manifestants continuaient de bloquer le bâtiment, occupé depuis lundi par des opposants au nouveau pouvoir proeuropéen en place à Kiev, qui réclament le ralliement à Moscou.
La Russie a annoncé vouloir faciliter l’octroi de la nationalité aux russophones ayant vécu en Russie ou dans un pays de l’ancienne Union soviétique, a annoncé jeudi le premier ministre Dmitri Medvedev. Sans évoquer nommément l’Ukraine, M. Medvedev a déclaré lors d’un conseil des ministres que Moscou entendait simplifier la procédure permettant l’accès à la nationalité pour certains étrangers, mesure perçue comme un signe de défiance vis-à-vis des puissances occidentales qui demandent à Moscou de faire machine arrière après son incursion militaire en Crimée.

De son côté, le nouveau premier ministre ukrainien Arseni Iatseniouk a affirmé que l’Ukraine était « déterminée » à signer « dès que possible » l’accord d’association avec l’Union européenne que l’ancien président Viktor Ianoukovitch avait refusé de signer en novembre.
Sortant d’une rencontre avec les chefs d’Etat et de gouvernement européens réunis en sommet à Bruxelles, M. Iatseniouk a de nouveau demandé à la Russie que les troupes déployées en Crimée « retournent dans leur caserne » et qu’un dialogue s’engage en vue d’« une solution pacifique » à la crise. « Dans le cas où l’escalade se poursuivrait, le gouvernement et les autorités militaires ukrainiens réagiront comme le permet la Constitution », a-t-il averti, insistant d’un ton grave : « Nous sommes prêts à protéger notre pays. […] Nous avons moins d’armes (que la Russie), pas d’armes nucléaires, mais nous avons l’esprit de liberté. »

Lemonde.fr




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