Guinée: une annonce de tentative de putsch qui interroge

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En Guinée, c’est une annonce qui interroge plus qu’elle n’inquiète. Mardi 2 janvier, la télévision nationale a présenté les auteurs d’une tentative de coup d’État, qui aurait été avortée il y a plusieurs mois par les autorités guinéennes. Celui qui est désigné comme le cerveau de l’opération est un certain capitaine Abdoulaye 2 Cissé. Le reportage de la RTG retrace pendant 15 minutes le film de cette tentative de putsch annoncée, mais il soulève beaucoup plus de questions qu’il n’apporte de réponses. RFI a tenté en vain de joindre le gouvernement guinéen pour avoir une confirmation officielle de ce coup d’État manqué.

Le reportage montre le capitaine Abdoulaye 2 Cissé, présenté comme un ancien du Bataillon autonome des troupes aéroportées. On le voit notamment dans la vidéo, que le militaire aurait prévu de diffuser après avoir renversé Mamadi Doumbouya dans laquelle il appelle les forces de défense et de sécurité à le rejoindre au sein d’un Conseil national transitoire de Guinée. Puis arrivent les aveux filmés du capitaine ainsi que ceux de ses complices.

Tous reconnaissent leur implication et demandent pardon avant de remercier le colonel Mamadi Doumbouya qui leur a accordé une grâce présidentielle à l’occasion du Nouvel An.

Mais ce reportage laisse beaucoup de téléspectateurs dubitatifs. Le militaire aurait été arrêté il y a plusieurs mois. Pourtant, ce putsch manqué n’a jamais été annoncé par les autorités. Les aveux sont filmés par la communication de la présidence, reconnaissable à son logo.

Le profil des complices aussi interroge : un éleveur, une commerçante, un manager d’artiste et même un élève.

Et les confessions du capitaine Cissé, déjà peu précises, laissent penser qu’il n’était qu’un exécutant, puisqu’il affirme ne disposer d’aucun moyen financier et matériel, et ne même pas connaître l’agencement du palais Mohamed V, où réside le président Doumbouya.

En tout cas, le reportage de la RTG fait réagir. Du côté de l’opposition, l’ancien Premier ministre Sidya Touré, actuellement en exil, déplore « un retour aux pratiques d’Ahmed Sékou Touré », le père de l’indépendance guinéenne, et adepte des complots fictifs. Une époque qu’a également bien connu Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG, principale force d’opposition et aussi en exil. Il estime que la liberté de la presse est en danger et ne voit « aucune volonté politique de rétrocéder le pouvoir aux civils. »

Je pense qu’on est en train d’assassiner la liberté de la presse. Je vois ce qui se passe. On a coupé internet, les principales radios. J’ai des doutes, personnellement. Je ne sens aucune volonté politique de rétrocéder le pouvoir aux civils.

RFI 




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