Guinée: un opposant à la junte raconte son calvaire

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L’avènement de la junte au pouvoir suite au coup d’état du 05 septembre 2021 à sa tête le Colonel Mamadi Doumbouya aujourd’hui elevé au grade de général de corps d’armées, avait susciter beaucoup d’enthousiasme chez la population guinéenne dans son entièreté qui en avait marre du régime précédent. Mais une année plus tard après avoir pris goût du pouvoir et chassé les véritables opposants, s’installe en vrai dictateur et neutralise toutes les voix dissonnantes: ( opposition, société civile, la presse, syndicats, l’internet ).

Des exactions se multiplient sur des citoyens dans la banlieue de Conakry notamment sur les partisans de l’union des forces démocratiques de Guinée (UFDG) dirigée par l’ancien premier ministre Cellou Dalein Diallo, et ceux du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC): Assassinats par balles, arrestations arbitraires et autres exactions sont récurrents avant , pendant et après les manifestations pacifiques sur l’axe Hamdalaye-Bambeto-Cosa-Sonfonia-Kagbelen. Des opposants et des leaders d’opinion sont contraints d’aller en exil où mis en prison.

Outre la grève organisée par l’opposition républicaine pour dénoncer le non respect des accords signés le 20 août 2015, Lors des manifestations du 17 août 2022 et du 10 et 11Mai 2023 , les jeunes influents considérés comme des principaux acteurs de la mobilisation sont souvent la cible principale des forces de l’ordre à l’intérieur des quartiers. Des descentes musclées sont effectuées pour cueillir les mobilisateurs sur la base de dénonciations.
C’est le cas de Mamadou Saliou Bah , secrétaire chargé à l’implantation du parti, un membre influent à Sonfonia gare 1, un quartier réputé chaud de la commune de Ratoma. Ayant des réactions étroites avec le président de l’UFDG, ce jeune commerçant de Madina très connu dans la zone a été arrêté et torturé à plusieurs reprises par des gens en uniforme fidèles aux différents régimes entre 2015 et 2023 suite aux manifestations pacifiques dont il avait participé.
Rencontré queque part où il a décidé de se replier après de multiples persécutions, et menaces, il a accepté de raconter son vécu au micro de notre reporter : ” Outre la grève organisée par l’opposition pour dénoncer le non respect des accords de 2015 où j’ai été arrêté torturé et emprisonné pendant deux semaines, privé de nourriture et d’eau.
Le 17 août 2022, les forces de l’ordre masquées et armées on dirait des guerriers ont effectué des recherches dans mon quartier à Sonfonia-gare 1 pour arrêter les organisateurs. Plusieurs personnes ont été arrêtées, moi personnellement quand ils sont venus chez moi , mon père bien que souffrant, mon petit frère et mon oncle se sont interposés suite à mon arrestation et finalement nous étions tous arrêtés puis embarqués par la force, ce qui a fait tomber ma mère et elle s’est évanouie car elle souffrait déjà d’un AVC dû aux menaces et attaques récurrentes dont j’ai subit de la part des hommes masqués et armés qui font toujours irruption à l’occasion de chaque manifestation. Certains sont conduits en prison à T6 au niveau de BAC 14 où se trouvait mon père et mon oncle d’autres à la gendarmerie de Wanindara-rail y compris mon petit frère et moi même. En descendant du véhicule j’ai été violemment poussé par un gendarme et je suis tombé à terre dans la boue , je fis conduit dans une prison où il n’y avait que des blessés, nous étions au nombre de 10, on ne portait que des culottes, ou des pantalons, on dormait à terre , on nous versait de l’eau très tôt le matin pour nous réveiller, on ne mangeait presque pas . Le chef de poste me torturait en me donnant des coups de matraques sur les fesses et sur le bas des pieds pour ne pas laisser de traces matin et soir en plus des autres détenus, accompagnés de menaces de mort d’emprisonnement et de tortures en nous contraignant de pomper 100 fois sans arrêt . Je pleurais dès fois à cause de la faim et la torture. Le chef de poste finalement m’a tendu un téléphone m’invitant à appeler ma famille pour venir avec de l’argent pour ma libération . Après cet appel , mon frère et moi avions été libérés par ma famille et les membres de mon parti à la base mais après être photographié et avoir payé une forte somme d’argent de 2 500 000GNF. ”, a-t-il raconté ”

À en croire monsieur Bah, ses ennuis se sont poursuivis jusqu’au 10 et 11 Mai 2023 où, au cours de la manifestation, il a échappé à deux tentatives d’arrestation par des hommes armés et masqués après des convocations et un avis de recherche lancés contre lui, l’obligeant ansi à fuir.

Mariam Diallo




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