Guinée: 50 ans après les exécutions sommaires, des pas vers la reconnaissance des victimes

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Triste souvenir que celui que les Guinéens ont commémoré ce lundi matin 18 octobre dans l’enceinte de l’ex-camp Boiro de Conakry. Là ont péri des milliers de personnes civils et militaires sous le régime de Sékou Touré. Des centaines de personnes se sont mobilisées pour ne pas oublier les exécutions intervenues dans ce camp militaire le 18 octobre 1971.

Des exécutions nuitamment perpétrées sous le régime de Sékou Touré, tant à Conakry qu’un peu partout à l’intérieur du pays, notamment à Kindia et à Kankan, deux villes garnisons à l’ouest et à l’est du pays.

Dans une déclaration sur les lieux où ont été perpétrés les crimes, le porte-parole de l’association des victimes du camp Boiro, Abdoulaye Conté, a remercié les nouvelles autorités guinéennes. Selon lui, elles ont facilité cette cérémonie qui leur avait été interdite ces deux dernières années. Le Premier ministre guinéen Mohamed Béavogui représentait le chef de l’État, le colonel Mamadi Doumbouya. Le ministre secrétaire général de la présidence ainsi que le directeur de cabinet du président étaient également présents.

Pour Fodé Marega, également de l’association des victimes du camp Boiro, ces présences sont un geste fort.

C’est une journée formidable, une journée qui marque un départ parce que c’est la première fois que nous avons la visite des officiels de ce pays depuis la création [de l’association] en 1985. Là, c’est le Premier ministre qui s’est déplacé, représentant le chef de l’État. Il a répété qu’il fallait assumer notre passé […] Ca représente vraiment une avancée notable dans le règlement de notre combat. Donc c’est le soulagement aujourd’hui, il était extrêmement important qu’ils viennent marquer le changement politique dans ce pays

Abdoulaye Conté a formulé une série de revendications remises au Premier ministre. Parmi ces revendications figurent en bonne place la réhabilitation des victimes de la répression de la Ière République enfouis dans des fosses communes et la restitution des biens saisis.

Selon Kabinet Fofana, analyste politique, CNRD veut donner une impulsion à la reconnaissance des victimes.

Y aller, c’est d’abord cette première reconnaissance [de l’État]. Deuxièmement, c’est réconforter tous ceux qui pleurent depuis ces années. Et puis c’est une manière aussi politique d’un début de volonté de faire la lumière sur ce point historique assez douloureux de notre histoire […] Je ne pourrai pas dire qu’il y a une volonté d’épargner Sékou Touré, mais plutôt une prudence de ne pas réveiller le dossier parce que cela pourrait effriter aussi bien le tissu social mais aussi les élans politiques de tous ceux qui sont venus après Sékou […] Alpha Condé a dit qu’il reprenait la Guinée là où Sékou Touré l’avait laissée ce qui faisait entendre qu’Alpha avait donc mis trait sur ces exactions-là et que cela n’en constituerait pas une priorité pour lui et cela a été le cas pendant tout son mandat, il n’y a pas eu de procès, encore moins de discours de reconnaissance, de serait-ce que d’endossement du point de vue de la continuité de l’État.

RFI




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