1- Des fraudes électorales lors des communales à l’ « Accord » du 4 août 2018–Après plus de 8 ans d’attente, les élections communales se sont enfin tenues le 4 février 2018. Cette consultation est restée dans la droite ligne des pratiques antérieures bien connues : fraudes de toutes sortes, corruption massive, coups de force des agents du pouvoir agissant parfois sous le manteau de « juges », etc.
Les résultats ont été contestés de toutes parts tant et si bien que les nouveaux « élus » n’ont pas été installés, plus de 6 mois après leur proclamation. S’en est suivi toute une agitation qui s’est terminée dans la nuit du 4 août 2018. Ce jour là, les deux complices du système de co-dominium politico-ethnique qui règne sur la Guinée – le RPG et l’UFDG – ont bruyamment conclu seuls «un accord » censé régler d’un trait de plume, tous les problèmes liés au partage du gâteau.
2. Le marché des dupes explose à la face de ses promoteurs
Mais bien entendu et comme d’habitude, ce n’était qu’un marché des dupes. Les choses ont continué à traîner. Tant que le pouvoir n’était pas certain d’avoir fini ses manœuvres tendant à contrôler un maximum de mairies, pas question d’installer les exécutifs communaux. Cette tactique n’est pas sans rappeler les blocages du second tour de la présidentielle de 2010, jusqu’à ce que la machine à frauder du RPG fut prête. Les deux protagonistes, dont toute l’existence est basée sur l’ethnicisme, ont utilisé les mêmes méthodes de corruption à ciel ouvert, de tromperie, d’intimidation pour arriver à leurs fins. Comme d’habitude, ils se sont entendus pour violer la loi. Les conséquences ne se sont pas faites attendre : des violences ont éclaté partout dans le pays et ont pris un caractère ouvertement communautaire qui n’a cessé de s’exacerber. Le plus souvent, ce sont des maffias qui s’affrontent sous le fallacieux prétexte de défense des intérêts de telle ou telle ethnie.
3. Les populations civiles innocentes paient les conséquences
A la faveur des manifestations appelées par un des protagonistes du fameux accord du 4 août 2018, nous avons assisté à un déchainement incroyable de violence par les forces de sécurité, visant certains quartiers de la capitale et d’autres villes de l’intérieur. De simples citoyens innocents qui avaient eu le tort d’être dans le viseur des forces de répression ont été froidement abattus. Le nombre de morts de ces violences atteignent la dizaine, y compris un policier. En représailles, les forces de sécurité ont organisé de véritables pogroms dans des quartiers de Conakry soumis à des attaques systématiques, des bouclages nuit comme de jour, des incendies de maisons, des arrestations arbitraires, des pillages et de destructions de biens. Beaucoup de ces habitants ont été contraints de fuir pour se réfugier ailleurs.
Le comportement des forces de sécurités guinéennes ces jours-ci n’ont d’égal en sauvagerie que les expéditions punitives des nazis dans les pays d’occupation ou les forces israéliennes dans les territoires occupés de Palestine. Appliquant le principe de la responsabilité collective des populations civiles chère aux forces fascistes, de véritables opérations punitives ont été lancées par des troupes fanatisées, sous le commandement de nos Généraux des gaz lacrymogènes et des fusils à lunette.
Le pays est donc complètement paralysé. Toute la population est hagarde et désemparée, se demandant quand est ce que ce calvaire et cette spirale infernale de la violence vont-elles prendre fin. L’impunité qui a toujours été de règle depuis 60 ans dans notre pays est toujours de rigueur. Qui parle encore des massacres de Zogota et de Wome ?
4. Que faire ?
La Guinée, avec son régime ethniciste est désormais dans les griffes d’oligarques et de maffias de toutes sortes qui l’ont mise en coupe réglée. Toutes les richesses sont systématiquement pillées et confisquées par l’élite au pouvoir et ses complices. La population quant à elle croupit dans une misère et une famine indescriptibles, sans bénéficier du moindre service public convenable. L’école guinéenne est pratiquement enterrée : les enseignants sont en grève depuis plus d’un mois sans qu’aucune solution viable ne soit recherchée pour empêcher le naufrage de générations entières de jeunes guinéens.
Tout se passe comme si dans les conditions actuelles d’exacerbation de la violence, l’irréparable peut se produire à n’importe quel moment. Cette évolution dramatique de la situation socio-politique de notre pays était hélas prévisible. Depuis toujours, l’UFD n’a cessé de lutter contre l’ethnicisme prôné par des politiciens n’ayant aucun projet sérieux à proposer au peuple de Guinée. Ce système ethniciste à base de co-dominium RPG-UFDG est en faillite complète. Les populations guinéennes doivent tirer toutes les leçons de ses malheurs et refuser d’être instrumentalisées par ces politiciens de tous bords dans une guerre qui n’est pas la leur.
Aussi longtemps que ce système ethniciste règnera sur la Guinée, le pays ne connaîtra ni la paix, ni la stabilité, ni la démocratie, ni le progrès économique et social pour son peuple.
Les dignes fils et filles de Guinée, toutes ses forces vives doivent enfin tourner le dos à l’ethnicisme et se retrouver ensemble, pour tirer les dures leçons de 60 ans de crimes impunis, de régression et de misère et bâtir un Etat unitaire, démocratique, fraternel et progressiste, pour le bien-être de tous ses habitants.
Fait à Conakry, le 12 novembre 2018
Pour le Bureau Exécutif National
Le Président
Mamadou Baadiko BAH