Le comité représentant les occupants de Maïdan à Kiev a approuvé vendredi le projet d’accord européen pour parvenir à une issue politique à la crise, selon les ministres des affaires étrangères polonais et allemand. L’un de ces chefs de file de la contestation, le nationaliste Oleh Tiahnibok, a confirmé l’information, posant néanmoins comme condition à une éventuelle signature l’exclusion de tout gouvernement provisoire des actuels ministre de l’intérieur et procureur général.
Le président ukrainien, Viktor Ianoukovitch, a annoncé dans la matinée une série de concessions, dont la tenue d’une « élection présidentielle anticipée », dans le cadre d’un accord de sortie de crise. Dans le communiqué officiel publié sur le site de la présidence, le chef de l’Etat accepte un retour à la Constitution de 2004, issue de la « révolution orange » et qui favorise le Parlement au détriment de la présidence, et la formation d’un « gouvernement d’union nationale ». En revanche, aucun mot n’a été dit sur le moment où ces réformes verraient le jour.
Jeudi, au moins 67 personnes ont été tuées dans des combats dans la capitale, le bilan le plus élevé depuis le début de la contestation en novembre.
« LES MENACES SONT TOUJOURS PRÉSENTES »
Les diplomates européens, qui ont négocié pendant près d’une dizaine d’heures avec les deux camps, ont évoqué dans la matinée un accord « temporaire », qui devrait être rendu public dans les prochaines heures. Mais comme le souligne la Pologne, celui-ci est encore loin d’être conclu et « les menaces sont toujours présentes. »
« Toutes les parties d[evai]ent avoir en tête qu’un compromis ne peut pas être satisfaisant à 100 % », a mis en garde le chef de la diplomatie polonaise, Radoslaw Sikorski, qui a participé aux négociations. Les principaux leaders de l’opposition, qui ne se sont pas encore prononcés sur ce texte, se consultaient en début d’après-midi.
« IANOUKOVITCH DOIT D’ABORD PARTIR »
Les élections anticipées figuraient parmi les demandes essentielles de l’opposition, mais pour les manifestants, ces annonces, pour lesquelles aucun calendrier n’est publié, risquent de ne pas suffire, notamment car Viktor Ianoukovitch reste pour l’instant au pouvoir.
De plus, rien n’est dit au sujet de la poursuite devant la justice des auteurs d’exactions. Or, c’est une demande répétée des manifestants, qui sont toujours des milliers à camper place de l’Indépendance.
Interrogés par notre envoyé spécial à Kiev, deux médecins qui campent sur place ont fait part de leur doute. Après avoir accueilli les blessés et avoir vu les morts, ils pensent que « Ianoukovitch n’a jamais tenu parole. Je ne crois plus à ce qu’il dit », dit l’un. Il veut des élections, oui, « mais Ianoukovitch doit d’abord partir ».
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