Israël continuait samedi de bombarder la bande de Gaza, disant avoir réduit la puissance de feu du Hamas palestinien, alors que son armée intensifie ses préparatifs en vue d’une possible offensive terrestre.
Des journalistes de l’AFP ont vu des dizaines de chars israéliens convoyés sur des colonnes de camions dans la nuit et la matinée vers la frontière avec l’enclave palestinienne, où sont concentrées de nombreuses troupes.
Les frappes israéliennes et les tirs de roquettes vers Israël ont néanmoins baissé d’intensité ces dernières heures, selon les journalistes de l’AFP.
A Gaza, les rues étaient désertes, en dehors des processions funéraires qui se déroulaient sous une chaleur écrasante.
Les raids aériens ont tué samedi 22 Palestiniens, portant le bilan à au moins 127 morts et plus de 900 blessés, en majorité des civils, depuis le début de l’opération israélienne “Protective Edge” il y a cinq jours. Deux personnes ont notamment trouvé la mort dans un raid sur un centre d’accueil pour handicapés, selon le porte-parole des services d’urgences, Achraf al-Qoudra.
L’armée israélienne a assuré avoir “porté atteinte significativement aux capacités du Hamas”, le mouvement islamiste qui contrôle la bande de Gaza. L’aviation a visé “158 cibles associées au Hamas” en 24 heures, dont 68 lance-roquettes, 21 bases paramilitaires et des caches d’armes, dont l’une dissimulée dans une mosquée, selon un communiqué militaire.
L’armée a également ciblé “10 agents terroristes”, dont certains impliqués dans des attaques à la roquette contre Israël.
Contacts américains
Depuis vendredi minuit, 9 roquettes ont été lancées de l’enclave palestinienne en direction d’Israël, dont deux interceptées par le système de défense anti-aérien Iron Dome. Depuis le début des hostilités, environ 530 roquettes ont atteint Israël, et 140 ont été détruites en vol. Elles ont fait une dizaine de blessés mais aucun mort.
Ce conflit est le plus meurtrier depuis l’opération “Pilier de Défense” en novembre 2012, qui avait déjà pour objectif de faire cesser les tirs de roquettes de Gaza. Les hostilités avaient fait 177 morts palestiniens et six israéliens.
La spirale de violences a été enclenchée après l’enlèvement et le meurtre de trois étudiants israéliens en Cisjordanie, attribués par Israël au Hamas, suivis de l’assassinat d’un jeune Palestinien brûlé vif à Jérusalem par des extrémistes juifs.
Peu avant le début du repos du shabbat, vendredi soir, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a proclamé qu’Israël résisterait à toute ingérence internationale en vue d’un cessez-le-feu.
“Aucune pression internationale ne nous empêchera de frapper les terroristes qui nous attaquent”, a-t-il assuré. Dans un entretien téléphonique avec M. Netanyahu, le président américain Barack Obama a pourtant proposé sa médiation pour tenter de rétablir le calme, exprimant “sa crainte d’une escalade”.
Les Etats-Unis sont à cet égard prêts à utiliser leurs réseaux au Moyen-Orient pour “essayer de parvenir à la fin des tirs de roquettes à partir de Gaza”, a expliqué la Maison Blanche. Washington considère toujours le Hamas comme une “organisation terroriste”.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a appelé à un cessez-le-feu. Mais aussi bien M. Netanyahu que le dirigeant du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh, ne semblent disposés à une trêve pour le moment.
Sur le pied de guerre
Au sol, les préparatifs en vue d’une possible invasion de l’enclave palestinienne se poursuivent, dans ce qui s’apparente aussi à une guerre psychologique. “Nous préparons les prochaines étapes de l’opération, pour que les forces soient prêtes à entrer sur le terrain,” a déclaré samedi à la radio militaire le porte-parole de l’armée, le général Almoz Moti.
“Nous prenons en compte toutes les ramifications, tout ce qu’il est nécessaire de faire”, a-t-il souligné.
Plus de 30.000 réservistes sont sur le pied de guerre.Deux soldats israéliens ont été blessés vendredi par un missile antichar le long de la clôture de sécurité séparant Israël de la bande de Gaza, illustrant les risques d’une opération terrestre.
L’attaque israélienne contre Gaza a déclenché des protestations des pays arabes. Les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe doivent se rencontrer lundi au Caire pour discuter de la détérioration de la situation dans l’enclave palestinienne.
Mais l’Egypte, médiatrice lors des précédents conflits entre Israël et le Hamas, est davantage en retrait dans cette crise. Le Caire a affirmé vendredi avoir déployé des efforts pour stopper la violence mais s’être heurtée à “l’entêtement” des protagonistes, appelant la communauté internationale à intervenir.
Devant la dégradation des conditions humanitaires à Gaza, 34 ONG internationales ont appelé à un cessez-le-feu et au respect des droits de l’Homme dans ce territoire palestinien sous blocus israélien.
AFP