SYDNEY – Un homme armé retenait lundi un nombre indéterminé de personnes dans un café de Sydney, où un drapeau islamique noir a été plaqué contre une fenêtre, mais cinq otages ont pu sortir de l’établissement situé en plein coeur de la ville.
Martin Place, place piétonne située dans le centre des affaires de Sydney, avait été évacuée par les autorités tandis que des dizaines de policiers en armes encerclaient le Lindt Chocolat Cafe.
Des images des télévisions montraient un drapeau noir avec une inscription partiellement visible en caractères arabes plaqué par des otages contre une fenêtre de l’établissement. Il semblerait qu’il s’agisse de la shahada, ou profession de foi musulmane: “Il n’y a de Dieu qu’Allah et Mahomet est son prophète”.
Six heures après le début de la prise d’otages, trois hommes, bientôt suivis par deux femmes, sont sortis de l’établissement en courant, selon la police et un journaliste de l’AFP. La police a indiqué que personne ne semblait avoir été blessé dans l’immédiat. On ignorait s’ils s’étaient échappés ou si le preneur d’otage les avait laissés partir.
Il n’y a qu’un seul preneur d’otages, a annoncé le chef de la police de l’Etat de Nouvelle-Galles du Sud, Andrew Scipione. Les forces de l’ordre ne savent pas exactement à quel type de situation elles ont affaire, a-t-il ajouté. “Nous n’avons pas encore confirmé qu’il s’agit un événement lié au terrorisme”, a-t-il notamment souligné.
Son adjointe Catherine Burn a estimé que le nombre de personnes retenues était inférieur à 30.
L’Australie, engagée aux côtés des Etats-Unis dans la lutte contre l’organisation Etat islamique (EI), a relevé en septembre son niveau d’alerte face à la menace terroriste représentée notamment par les combattants jihadistes australiens de retour d’Irak et de Syrie.
Le président américain Barack Obama a été informé de la situation, a annoncé à Washington Lisa Monaco, sa conseillère pour les affaires de terrorisme.
Martin Place est le centre financier de Sydney et de nombreuses administrations, dont les bureaux du Premier ministre de l’Etat de Nouvelle-Galles du Sud, Mike Baird, et le siège de la banque centrale.
– Motivations’ –
Le Premier ministre australien Tony Abbott a convoqué le Comité de sécurité nationale réunissant les membres de son gouvernement et des conseillers chargés des questions de sécurité afin de faire face à la situation.
“Nous ne connaissons pas les motivations de l’auteur, nous ne savons pas s’il agit pour des motifs politiques mais de toute évidence, il existe des éléments allant dans ce sens”, a-t-il déclaré à la presse.
“Le but de la violence politique, c’est de faire peur aux gens pour qu’ils ne soient plus eux-mêmes. L’Australie est une société pacifique, ouverte et généreuse. Rien ne doit changer cela et c’est pour cela que je demande aux Australiens de vaquer à leurs occupations habituelles”, a lancé M. Abbott.
Patrick Byrne, un producteur de la chaîne de télévision Channel Seven, dont la rédaction se trouve en face du café, a indiqué que le personnel de la chaîne avait vu la prise d’otages se dérouler sous ses yeux.
“Nous nous sommes précipités à la fenêtre et nous avons eu la vision choquante et glaçante de personnes plaçant leurs mains levées contre les vitres du café”, a-t-il dit à l’Australian Broadcasting Corporation.
De nombreux commerces du quartier ont fermé. Seules quelques personnes pouvaient être vues en train de marcher dans les rues qui grouillent habituellement de monde. “C’est triste de penser que c’est chez moi ici et que cela peut se produire partout”, disait Rebecca Courtney, une habitante.
Peu avant l’annonce de la prise d’otages, la police avait fait état de l’arrestation d’un homme de 25 ans à Sydney dans le cadre d’une enquête sur la préparation d’attentats en Australie. Le chef de la police de Nouvelle-Galles du Sud a dit qu’il ne pensait pas que les deux affaires soient liées.
La police est intervenue au même moment à l’Opéra de Sydney, qui a été évacué à la suite apparemment d’une alerte au colis suspect.
D’après les estimations, plus de 70 Australiens combattent actuellement dans les rangs jihadistes en Irak et en Syrie. Au moins 20 Australiens y ont été tués et les autorités craignent que de plus en plus de jeunes Australiens ne se radicalisent et commettent des attentats sur le territoire australien.
Les autorités avaient mené en septembre de multiples opérations destinées à déjouer un complot présumé de jihadistes de l’EI visant à commettre “des meurtres pour l’exemple”, en particulier des décapitations publiques.
Fin octobre, l’Australie a durci sa législation anti-terroriste en interdisant en particulier tout voyage sans raison valable vers des pays considérés comme des foyers du terrorisme international.
AFP