Des soldats tchadiens ont libéré 85 Nigérians enlevés dimanche dernier par le groupe islamiste Boko Haram dans un village de pêcheurs du nord-est du Nigeria et emmenés au Tchad, a-t-on appris samedi de sources concordantes.
Des dizaines d’insurgés de Boko Haram avaient attaqué tard dimanche soir le village de Doron Baga, situé sur les rives du lac Tchad, et enlevé une centaines de jeunes hommes et quelques femmes au cours d’une attaque qui avait fait 28 morts parmi les villageois, selon des habitants.
Des dizaines d’habitations avaient été brûlées et les villageois kidnappés avaient été embarqués sur des bateaux qui ont traversé le lac Tchad, selon la même source.
“Nous avons été informés par nos homologues tchadiens de l’interception d’un convoi de bus transportant 85 Nigérians qui auraient été enlevés de Baga par des terroristes de Boko Haram”, a déclaré à l’AFP un haut responsable des services de sécurité à Maiduguri (nord-est).
“Le convoi, dirigé par six hommes armés de Boko Haram, a été arrêté du côté tchadien de la frontière le long du lac Tchad pour des contrôles de routine et le très grand nombre (de personnes) du convoi a soulevé des soupçons”, a ajouté ce responsable sous le couvert de l’anonymat.
Les suspects ont donné des informations contradictoires sur les otages qu’ils accompagnaient et leur destination, selon la même source.
Un responsable de la Commission nationale des droits de l’homme à Maiduguri, qui a lui aussi demandé à rester anonyme, a confirmé la “libération de 85 personnes”, dont “65 hommes sur la frontière tchadienne par des soldats tchadiens”. Ils faisaient partie des personnes “enlevées à Doron Baga par des hommes armés soupçonnés d’appartenir à Boko Haram”, a-t-il dit.
Selon la même source, plus de 30 otages sont toujours aux mains des insurgés islamistes qui se sont enfuis en bateaux à moteur quand ils ont vu que le convoi avait été arrêté par des soldats.
Les Nigérians libérés sons sous la garde des autorités tchadiennes et on ignore quand ils seront ramenés dans leur pays, a ajouté ce responsable.
Boko Haram, qui affirme vouloir instaurer un Etat islamique dans le nord du Nigeria à majorité musulmane, est accusé d’avoir enlevé ces dernières années des centaines de personnes dans le Nord-Est pour en faire des soldats, des épouses ou des esclaves.
Il y a quatre mois, le kidnapping par Boko Haram de 276 adolescentes dans leur lycée à Chibok (nord) avait provoqué une indignation mondiale. On est toujours sans nouvelles de 219 d’entre elles.
Le groupe islamiste mène depuis 2009 une insurrection sanglante qui a fait des milliers de morts, en dépit de l’état d’urgence décrété dans les trois Etats du Nord-Est depuis mai 2013 et des renforts militaires.
AFP