Les préparatifs en vue d’une intervention militaire dans le nord du Mali s’accélèrent, les chefs d’Etat ouest-africains devant se réunir dimanche à Abuja pour en approuver les modalités, qui seront transmises la semaine prochaine à l’ONU pour un feu vert définitif.
Parallèlement à ces préparatifs, la médiation burkinabé dans la crise malienne, mandatée par la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao), poursuit ses discussions avec Ansar Dine (Défenseurs de l’islam) un des trois groupes armés islamistes qui occupent le nord du Mali depuis sept mois.
La Cédéao a annoncé qu’un sommet des chefs d’Etat de ses quinze pays membres se tiendrait dimanche à Abuja, précédé vendredi d’une réunion de ses ministres des Affaires étrangères et de la Défense.
Le sommet doit adopter un plan d’intervention militaire au Mali avec une force composée de 3. 000 à 4. 000 soldats, essentiellement ouest-africains.
Ce plan précise la composition de la force, soutenue sur le plan logistique par des pays occidentaux, le niveau de participation des pays de la Cédéao, le financement et les moyens militaires dont elle devra disposer.
Une fois adopté, il sera transmis “avant le 15 novembre” au Conseil de sécurité de l’ONU, selon un communiqué de la Cédéao. Le 12 octobre, le Conseil avait donné à la Cédéao 45 jours pour préciser ses plans de reconquête du nord du Mali.
Quand il aura en pris connaissance, le Conseil de sécurité devra, s’il l’accepte, voter une résolution donnant son accord définitif au déploiement de la force, dont le financement pourrait être arrêté lors d’une conférence des donateurs proposée par la Cédéao.
Trois groupes islamistes armés occupent totalement le nord du Mali depuis fin juin: Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Ansar Dine et le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).
Ils y imposent la charia (loi islamique) avec rigueur: lapidations de couples non mariés, amputations de présumés voleurs, coups de fouets au buveurs d’alcool et aux fumeurs. Ils y commettent aussi de nombreuses exactions.
500. 000 personnes en situation “tragique”
Cette occupation, combinée aux pénuries alimentaires et à l’effondrement des structures de l’Etat dans cette région, a placé dans une situation “tragique” quelque 500. 000 personnes, a estimé Peter Maurer, président du Comité international de la Croix Rouge.
A Ouagadougou, le président burkinabé Blaise Compaoré, médiateur de la Cédéao, a obtenu d’Ansar Dine qu’il se distance de ses alliés d’Aqmi et du Mujao, puisqu’il a publié une déclaration rejetant “le terrorisme” et se disant prêt au “dialogue” avec Bamako.
Les discussions entre la médiation burkinabé et des représentants d’Ansar Dine, entamées il y a près d’une semaine, se sont poursuivies jeudi avec un nouvel interlocuteur du groupe armé, Hamada Ag Bibi, arrivé à Ouagadougou en provenance d’Alger où il a eu des entretiens avec les autorités algériennes.
L’Algérie, puissance militaire régionale incontournable, privilégie également le dialogue pour tenter de résoudre la crise malienne, sans exclure la force contre les “groupes terroristes” et contre ceux qui prônent la partition du Mali.
En visite à Alger, l’envoyé spécial de l’ONU au Sahel, Romano Prodi, a déclaré qu’une intervention militaire n’interviendrait qu’en “dernier ressort”.
Le dialogue avec Ansar Dine, composée essentiellement de Touareg, ainsi qu’avec la rébellion laïque touareg du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) qui revendique l’autodétermination pour le nord du Mali, n’exclut pas l’usage de la force armée.
Cette “double approche” devait être évoquée à Ouagadougou par Blaise Compaoré qui a rencontré le général guinéen Sékouba Konaté, chargé par l’Union africaine de préparer une intervention militaire au Mali.
Les groupes islamistes reçoivent pendant ce temps des renforts venus de l’étranger, dont l’Europe.
Un jihadiste “franco-africain” et deux complices “arabes” récemment arrêtés dans le centre du Mali et qui souhaitaient rejoindre le Nord, ont été transférés à Bamako, a appris l’AFP jeudi de source proche de l’enquête.
A Paris, une enquête a été ouverte mercredi après l’arrestation dans le centre du Mali d’un Français. Il n’est cependant pas encore formellement établi qu’il s’agit du “franco-africain” évoqué au Mali.
En revanche, le seul Noir d’Afrique subsaharienne qui dirigeait une katiba (brigade combattante) d’un groupe islamiste armé dans le nord du Mali, a fait défection et est rentré dans son pays d’origine, le Niger.
Jeune afrique