Bamako et les rebelles touaregs ont signé, mardi 18 juin à Ouagadougou un accord intérimaire permettant d’organiser l’élection présidentielle à Kidal, dans le nord du Mali.
Mis à jour à 21h35.
Après onze jours d’intenses tractations, de pressions et de tergiversations, Bamako a enfin signé, mardi 18 juin à Ouagadougou, un accord « intérimaire » avec les rebelles touaregs occupant Kidal. Objectif : permettre un redéploiement minimum de l’armée et de l’administration maliennes dans la « capitale » des Touaregs afin de permettre d’y organiser le scrutin présidentiel dont le premier tour est prévu le 28 juillet.
Dans la capitale burkinabè, les autorités malienne étaient représentées par le ministre de l’Administration territoriale, le colonel Moussa Sinko Coulibaly, tandis que le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) l’étaient respectivement par Bilal Ag Acherif et Algabass Ag Intalla. L’accord a été signé comme prévu en présence du président burkinabè Blaise Compaoré, médiateur dans la crise malienne.
L’accord prévoit un retour de l’armée malienne à Kidal et un cantonnement des combattants touareg sur des sites de regroupement. Le désarmement des groupes touaregs ne doit intervenir qu’une fois signé un accord « global et définitif de paix » entre les nouvelles autorités installées après la présidentielle, d’une part, et les communautés et groupes armés du Nord, d’autre part. Parallèlement, en vue de l’élection, les soldats maliens doivent entamer « dans les meilleurs délais » un « déploiement progressif » dans la région de Kidal, tandis que des éléments précurseurs seront envoyés dans la ville elle-même « sans délai ».
Processus “DDR”
Bamako avait réclamé que les rebelles soient désarmés sitôt l’armée revenue à Kidal. « Pas faisable techniquement », ont répliqué la médiation et ses partenaires, faisant valoir qu’un désarmement est une œuvre de longue haleine, qui doit s’inscrire dans un processus « DDR » (démobilisation, désarmement, réinsertion), finalement prévu dans l’accord.
Les mandats d’arrêt lancés par la justice malienne contre des responsables du MNLA et du HCUA, dont certains se trouvent à Ouagadougou, ont été une autre pomme de discorde. L’accord n’y fait aucune mention directe, mais appelle les parties à prendre les mesures nécessaires à la « confiance ». Les médiateurs avaient réclamé la suspension des mandats comme mesure de « détente », mais Bamako s’y opposait au nom de l’indépendance de la justice. Selon une source proche du dossier, un accord non-écrit aurait été en fin de compte conclu pour que les mandats d’arrêt ne soient pas exécutés.
“Accord historique” pour l’UE
Les réactions internationales n’ont pas tardé, au premier rang desquelles celles de l’Union européenne. « Je me félicite de la signature aujourd’hui à Ouagadougou d’un accord préliminaire à l’élection présidentielle et aux pourparlers inclusifs de paix au Mali par les autorités maliennes et les mouvements armés non-terroristes du nord du Mali », a déclaré dans un communiqué la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton.
« Cet accord revêt une portée historique: il constitue une étape cruciale dans un processus de construction de la paix par le dialogue », a-t-elle ajouté. « L’Union européenne a apporté son plein soutien à ces négociations. Elle restera aux côtés de tous les Maliens pour faciliter la mise en œuvre de l’accord dans toutes ses dimensions », a assuré Mme Ashton.
“Intérêt supérieur du pays”
Par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, la France a également salué un accord qui « représente une avancée majeure dans la sortie de crise au Mali. En vue de l’élection présidentielle, le 28 juillet, il concilie le respect de l’intégrité territoriale du Mali et la reconnaissance d’une approche spécifique concernant les problèmes du Nord du pays ».
« En six mois, depuis le moment où la France est intervenue alors que le Mali était au bord de l’abîme terroriste jusqu’à aujourd’hui, du bon travail a été fait », a-t-il ajouté, saluant « le chemin parcouru. (…) J’appelle les parties maliennes, maintenant réunies autour d’un projet commun, à mettre intégralement en œuvre cet accord dans l’intérêt supérieur du pays », a poursuivi Laurent Fabius assurant que « la France, comme la communauté internationale, garante de l’accord, se tiendra aux côtés des Maliens ».
AFP