Sable Mining: la saga de deux Britanniques dans les mines du Liberia et de la Guinée

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Dans un rapport consulté par “Jeune Afrique”, l’ONG Global Witness analyse les activités de Sable Mining, une compagnie minière active en Afrique, fondée par les Britanniques Phil Edmonds et Andrew Groves. Et dénonce les méthodes peu orthodoxes utilisées par ces derniers au Liberia, en Guinée et même à Londres.

L’ONG Global Witness, spécialisée sur les questions de transparence économique, a transmis à Jeune Afrique un rapport – publié le mercredi 11 mai 2016 – sur les activités africaines peu orthodoxes de deux Britanniques : Phil Edmonds et Andrew Groves, un tandem à l’affût de « coups » dans le secteur des matières premières, mais aussi dans ceux de la santé et de l’agriculture.

Charismatique, Phil Edmonds est un ancien champion de cricket très connu en Grande-Bretagne, membre de l’équipe d’Angleterre, actif depuis 30 ans dans le secteur minier depuis la fin de sa carrière sportive. Andrew Groves, connu pour ses talents de bateleur, est son associé de toujours, né comme lui dans l’ancienne Rhodésie coloniale, qui recouvre la Zambie et le Zimbabwe d’aujourd’hui.

Dans son rapport, Global Witness revient en détail sur les tentatives de Sable Mining, compagnie dirigée par Edmonds et Groves, cotée sur le marché alternatif de la Bourse de  Londres (Alternative Investment Market – AIM), d’obtenir le permis minier du gisement de fer de Wologozi dans le nord-ouest du Liberia, tentative qui s’est finalement soldée par un échec.

Le rapport avance que Sable Mining, via son représentant au Liberia, a cherché à s’accaparer ce gisement en dehors d’un appel d’offres régulier par la distribution « de pots de vin » – pour plus de 450 000 dollars – à plusieurs officiels Libériens : ceux en charge des procédures d’appels d’offre, des responsables du parti de l’Unité (UP, au pouvoir), de députés et d’un sénateur. Global Witness affirme également qu’il a tenté d’obtenir les faveurs de Fombah Sirleaf, beau-fils de la présidente libérienne Ellen Johnson Sirleaf et  directeur de l’Agence nationale de sécurité, en lui faisant des cadeaux.

L’ONG impliquée dans la lutte pour la transparence économique a étudié ensuite les opérations guinéennes de la même compagnie.

Selon elle, Sable Mining a obtenu de manière irrégulière le gisement de fer du Mont Nimba (dans le sud de la Guinée, au croisement des frontières avec la Côte d’Ivoire et le Liberia) ainsi que le droit de faire transiter la production du gisement par le Liberia, une autorisation refusée aux géants du secteur Rio Tinto et Vale.

Le représentant de Sable Mining, Aboubacar Sampil, qui se dit proche d’Alpha Mohamed Condé, le fils du président Alpha Condé (une forte proximité que ces derniers contestent), est accusé par Global Witness d’avoir « corrompu » pour le compte de Sable Mining des membres de l’administration du pays pour lui octroyer le permis minier du Mont Nimba – cette fois-ci avec succès, en janvier 2012 – en dépit du moratoire sur l’octroi des licences en cours à cette époque.

Un permis obtenu aussi malgré les craintes de l’Unesco et du ministre de l’environnement de l’époque, qui protestait sur la proximité de la concession avec la réserve naturelle du Mont Nimba, classée au patrimoine mondial de l’humanité. Les autorités guinéennes contestent avoir fermé les yeux sur les irrégularités de Sable Mining en matière environnementale, et précisent que le permis minier accordé a été justement réduit pour respecter les bornes du site du Patrimoine mondial des Monts Nimba par un arrêté rectificatif en date du 12 septembre 2013.

Le marché boursier alternatif de Londres mis en cause

À travers cette « affaire Sable Mining », l’ONG de transparence veut illustrer le manque de régulation du marché boursier alternatif londonien, AIM, où sont cotées toutes les sociétés d’Edmonds et Groves, dont Sable Mining.

Selon Global Witness, au-delà des soupçons de corruption planant sur les opérations au Liberia et en Guinée, le tandem britannique a plusieurs fois utilisé des sociétés qu’il dirigeait, cotées à Londres, pour leur faire racheter des actifs africains qu’Edmonds ou Groves détenaient déjà à titre privés – via des fonds de membres de leur famille -, empochant au passage des plus-values substantielles.

Des opérations qui ont pu se faire grâce à l’immatriculation de ces actifs aux Îles vierges britanniques, sans protestation aucune des régulateurs de l’AIM. Surnommé « le casino », en raison des fortes variations sur certains titres, le marché alternatif londonien – où nombre de sociétés extractives actives en Afrique sont cotées – est épinglé dans le rapport de Global Witness pour le manque de contrôle de la véracité des informations transmises aux investisseurs par les dirigeants des sociétés.

Dénégations et contre-accusations

Ces accusations de corruption et ces malversations au Liberia, en Guinée et sur l’AIM sont niées par les dirigeants de Sable Mining de l’époque, Phil Edmonds et Andrew Groves, ainsi que par l’actuel directeur général de la compagnie Jim Cochrane, que Jeune Afrique a tenté sans succès de joindre.

Ces trois derniers ont toutefois répondu par courrier fin avril 2016 aux accusations de Global Witness, mettant en doute les sources des informations de l’ONG (restées anonymes), estimant qu’elles émanaient de ses anciens salariés en conflit avec eux, peu crédibles de ce fait, en particulier Vivek Solanki, ancien associé de Phil Edmonds et Andrew Groves au Mozambique, et Heine van Niekerk, ancien directeur pays de Sable Mining au Liberia, et rejetant sur ces derniers les éventuelles fautes.

De son côté, sans nier une proximité « filiale » avec le président Alpha Condé et son fils Mohamed, Aboubacar Sampil niait fin 2013 dans une interview du site web Aujourd’hui en Guinée avoir utilisé cette relation pour servir ses intérêts dans le secteur minier.

De la même manière, les gouvernements guinéens et libériens, contactés par Global Witness, rejettent toutes irrégularités de leur fait.

Par jeuneafrique.com




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