L’ancien président tchadien Hissène Habré arrêté à Dakar

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L’ex-président tchadien Hissène Habré, accusé de crimes contre l’humanité, a été arrêté dimanche à Dakar où il vit en exil depuis 22 ans, preuve supplémentaire de la volonté de la justice sénégalaise de le juger au plus vite après des années d’impunité.

“Hissène Habré a été placé en garde à vue dans le cadre de l’instruction”, a affirmé à l’AFP un responsable du parquet du tribunal spécial mis en place, en février, pour le jugement de M. Habré.

Selon la loi sénégalaise, la garde à vue est de 48 heures, renouvelable une seule fois.

Un des avocats de M. Habré, Me El Hadji Diouf, a ajouté sur la radio privée locale, RFM, que l’ex dirigeant tchadien venait d’être “arrêté par des gendarmes à son domicile à Dakar et conduit vers une destination inconnue”.

“On a demandé son arrestation dans le cadre de l’instruction et le dossier sera soumis aux juges d’instruction pour un réquisitoire”, a affirmé le responsable du parquet des Chambres africaines extraordinaires, le tribunal spécial chargé de juger M. Habré.

“Des gendarmes viennent de procéder à l’arrestation de Hissène Habré à son domicile des Almadies (un quartier résidentiel de Dakar) et l’ont conduit vers une destination inconnue”, a affirmé Me El Hadji Diouf, s’interrogeant sur “l’urgence” à l’arrêter un dimanche.

“C’est inacceptable. Habré a des droits qui ont toujours été violés”, a ajouté Me Diouf.

Il a dit avoir été informé de l’arrestation par une épouse de l’ex-président tchadien.

Hissène Habré a été placé en garde après de récentes visites du procureur spécial des chambres spéciales, Mbacké Fall, en Belgique et au Tchad pour préparer le dossier d’accusation contre l’ex-président tchadien.

En 2005, après quatre années d’enquête, un juge belge avait inculpé M. Habré et la Belgique avait demandé à Dakar son extradition.

“Entrevoir la lumière”

N’Djaména et Dakar avaient signé en mai un accord pour permettre aux juges du tribunal spécial créé pour juger M. Habré de mener des enquêtes au Tchad.

“Le placement en garde à vue le 30 juin de Hissène Habré est une étape majeure de la longue campagne pour le traduire en justice”, s’est réjoui Reed Brody, de l’organisation de défense des droits de l’Homme Human Right Watch (HRW), très impliqué dans le dossier Habré.

“Après 22 ans, les victimes de Habré peuvent enfin entrevoir la lumière au bout du tunnel”, a-t-il ajouté.

“Cela fait plus de deux décennies que j’attends de voir Hissène Habré traduit en justice. Nous allons enfin pouvoir confronter notre bourreau et recouvrer notre dignité en tant qu’êtres humains”, a dit de son côté Clément Abaïfouta, président de l’Association des victimes des crimes du régime de Hissène Habré.

En visite au Sénégal du 26 au 28 juin, le président américain Barack Obama avait abordé le dossier Habré avec son homologue sénégalaise, Macky Sall, et félicité Dakar pour ses “efforts” en vue d’organiser son procès.

“C’est un procès que nous avons soutenu et nous nous félicitons du leadership du Sénégal qui a entrepris ces efforts pour que justice soit faite”, avait déclaré Ben Rhodes, conseiller américain adjoint à la sécurité nationale.

Le président sénégalais, qui a succédé en mars 2012 à Abdoulaye Wade, qui était au pouvoir depuis douze ans, s’était engagé à juger Hissène Habré et avait exclu de l’extrader en Belgique.

Le Sénégal avait été mandaté en juillet 2006 par l’Union africaine (UA) pour organiser le procès, mais, Abdoulaye Wade ne l’avait jamais fait, invoquant diverses raisons, dont le manque de moyens.

Le tribunal spécial, première juridiction africaine jamais mise en place pour juger un Africain, a démarré ses activités en février, et est doté d’un budget de 7,4 millions d’euros, venant notamment de l’Union européenne (UE) et des Etats-Unis.

Il est chargé de juger Hissène Habré pour des faits présumés commis pendant ses huit ans de pouvoir entre le 7 juin 1982 et le 1er décembre 1990.

Le tribunal a été été créé en décembre 2012 et est formé de quatre chambres spéciales: deux pour l’instruction et l’accusation, une Cour d’assises et une Cour d’appel, formées de juges africains dont des Sénégalais.

Hissène Habré vit en exil à Dakar depuis sa chute après huit ans de pouvoir au Tchad.

Il est accusé de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture.

Une “commission d’enquête sur les crimes et détournements” commis pendant les années Habré, créée après sa chute, a estimé à plus de 40.000, dont 4.000 identifiées, le nombre de personnes mortes en détention ou exécutées au cours de sa présidence.

AFP




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