Irak: le « calife » de l’Etat islamique ordonne aux musulmans de lui « obéir »

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Le chef de l’Etat islamique (EI), Abou Bakr Al-Baghdadi, désigné « calife » par son groupe , est apparu samedi pour la première fois dans une vidéo postée sur des sites djihadistes, réclamant l’allégence de tous les musulmans, un changement de stratégie pour ce chef djihadiste habitué à agir dans l’ombre.

Selon la vidéo, qui n’a pu être authentifiée, Baghdadi, né en 1971 en Irak, s’est exprimé lors d’un prêche vendredi dans la grande mosquée de Mossoul, deuxième ville d’Irak (au nord du pays) conquise aux premières heures de l’offensive de l’EI, lancée le 9 juin, qui bénéficie du soutien de tribus et d’anciens officiers de l’ex-président sunnite Saddam Hussein.

Portant une longue barbe, une abaya et un turban noirs, Bagdhadi affirme aux fidèles être « le wali (leader) désigné pour [les] diriger ». « Obéissez-moi tant que vous obéissez à Dieu en vous », a-t-il martelé.

UN CALIFAT À CHEVAL SUR L’IRAK ET LA SYRIE

L’EI a proclamé il y a tout juste une semaine un califat sur les territoires qu’il contrôle, de la ville syrienne d’Alep (nord) à la province irakienne de Diyala (est). Le califat est un régime politique hérité du temps du prophète Mahomet, qui a disparu avec le démantèlement de l’Empire ottoman, dans les années 1920. Le calife est littéralement le successeur du prophète pour faire appliquer la loi en terre d’islam.

L’annonce surprise de l’établissement du califat par ces djihadistes, accusés des pires atrocités, a suscité plus d’indignation que de ralliement parmi les groupes islamistes, qui aspirent pourtant à l’édification d’un Etat fondé sur la charia (loi islamique). Mais elle pourrait d’agir comme un aimant pour les plus fanatiques.

Pour autant, la classe politique irakienne semble incapable de prendre la mesure du danger et de mettre de côté les divergences et les ambitions personnelles. Le 1er juillet, la séance inaugurale du Parlement issu du scrutin du 30 avril, s’était révélée désastreuse, les députés s’invectivant ou quittant la salle.

LA CLASSE POLITIQUE IRAKIENNE DOIT SE RASSEMBLER

L’assemblée doit se réunir de nouveau mardi 8 juillet pour tenter de se choisir un président puis élire un président de la République chargé de désigner le premier ministre.

Très contesté, le chef du gouvernement sortant Nouri Al-Maliki, au pouvoir depuis 2006, a assuré vendredi qu’il ne renoncerait « jamais » à présenter sa candidature pour un 3e mandat. Pourtant, si son bloc est arrivé en tête des législatives du 30 avril, son autoritarisme et son choix de marginaliser les minorités sunnites et kurdes limitent ses capacités de rassemblement.

L’émissaire de l’ONU à Bagdad, Nikolaï Mladenov, a prévenu cette semaine que l’Irak risquait de sombrer dans « un chaos similaire à celui de la Syrie » si la classe politique ne parvenait pas à se rassembler autour d’un gouvernement. « C’est le moment pour vous de chercher un moyen de sauver le pays », a-t-il lancé aux députés.

La situation est d’autant plus critique que le président du Kurdistan irakien Massoud Barzani a décidé d’organiser un référendum en vue de l’indépendance de cette région autonome, un mouvement critiqué par les Etats-Unis et vivement dénoncé par M. Maliki.

Sur le terrain, les forces gouvernementales ne progressent pas, en particulier à Tikrit (nord), ancien bastion de Saddam Hussein où elles ont lancé une contre-offensive le 28 juin.

lemonde.fr




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