Hissène Habré: nouvelle plainte contre le Sénégal devant la Cédéao

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Les avocats de l’ex-président tchadien Hissène Habré ont annoncé mardi avoir déposé devant une cour de justice régionale une nouvelle plainte contre le Sénégal qui s’apprête, selon eux, à juger “illégalement” M. Habré, réfugié dans ce pays depuis 1990.

La défense de M. Habré, poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, a saisi “une nouvelle fois la Cour de justice de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) en vue de faire constater la violation par l’Etat du Sénégal de ses droits humains”, indique un communiqué transmis à l’AFP.

La plainte a été déposée le 23 avril mais n’avait pas été annoncée.

Dakar “s’est résolument engagé, à travers la création des Chambres africaines extraordinaires, de type scélérate, dans une entreprise visant le re-jugement du président Hissène Habré, et ce, sur des bases totalement illégales”, indique le communiqué.

Ces Chambres sont un tribunal spécial mis en place en décembre 2012, à la suite d’un accord entre le Sénégal et l’Union africaine (UA), pour juger M. Habré pour des faits présumés commis entre le 7 juin 1982 et le 1er décembre 1990.

Les avocats estiment que dans un arrêt rendu en novembre 2010, la Cédéao avait “sanctionné” les réformes entreprises par le Sénégal pour juger M. Habré.

Pour les avocats de M. Habré, ces chambres africaines extraordinaires sont “inféodées à l’exécutif sénégalais” et l’accord entre Dakar et l’UA ayant permis leur création “ne repose (. . . ) sur aucun fondement juridique tant national qu’international”.

Hissène Habré vit en exil à Dakar depuis sa chute après huit ans au pouvoir au Tchad (1982-1990). Il est accusé de crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture. Des ONG parlent de 40. 000 personnes tuées sous son régime. Depuis 2005, la Belgique réclame son extradition pour le juger.

Le Sénégal avait été mandaté en juillet 2006 par l’UA pour juger M. Habré, mais Abdoulaye Wade, qui fut président du Sénégal de 2000 à 2012, n’a jamais organisé de procès en douze ans de pouvoir.

Son successeur, Macky Sall, élu en 2012, a exclu d’extrader Hissène Habré en Belgique et s’était très vite engagé à organiser un procès au Sénégal, promesse en bonne voie d’être tenue selon des défenseurs des droits humains.

AFP




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