Conakry- L’association pour l’équité au Fouta Djallon œuvre depuis quelques années dans le cadre de la sensibilisation entre les communautés vivants dans la préfecture de Pita sur la nécessité de vivre ensemble ainsi que de préserver la paix et la quiétude sociale. Mais c’était sans connaitre la détermination des autorités locales à empêcher la mission sous prétexte qu’elle est purement politique.
Pita est l’une des préfectures de la Guinée où la division entre Roundhés (ndlr, les captifs) et Foulbhès (ndlr, nobles) est palpable. Les conflits domaniaux et culturels sont récurrents dans les sous-préfectures de Sangareah, Maci et Ninguélandé.
Les Roundhés qui jusque-là se soumettaient aux foulbhés pour avoir les domaines cultivables disent en avoir mal. Ils décident désormais de réclamer leur domaine cultivable et leur droit dans la société (diriger les prières, droit se présenter aux postes électifs dans les villages,….). Face aux refus qui leur sont opposés par les foulbhés qui estiment être propriétaires des terres, des bagarres ont été enregistrés dans différentes localités.
En 2013, l’association pour l’équité au Fouta Djallon a pris l’initiative d’aller sur le terrain sensibiliser les communautés. Le président de l’association rencontré à Conakry n’a pas caché sa colère ‘’Il est important que ces communautés sachent qu’il est indispensable pour eux de vivre ensemble. A l’époque actuelle, on ne peut plus parler d’esclavage’’, a déclaré Aboubacar Traoré. Avant de poursuivre, ‘’nous allons effectuer des déplacements sur le terrain pour rencontrer toutes les parties et connaitre réellement le véritable problème car selon nos informations, cette division est entretenue par le pouvoir pour des fins politiques. On ne peut pas comprendre que les deux communautés qui vivaient ensemble depuis des siècles puissent ne peut pas vivre désormais en harmonie au nom de quels motifs’’.
Face à la persistance des problèmes, en 2015, une autre mission de cinq membres de l’association conduite par Ibrahima Bah, natif de la localité s’est rendue à Sangaréah notamment dans les localités de Kakelewol et Alléré pour tenter d’apaiser la tension. Selon nos informations, sur ordre du préfet qui aurait refusé de signer l’ordre de mission, le président du district a tout fait pour mettre les bâtons dans les roues de la mission afin qu’elle ne réussisse pas. C’est dans la foulée qu’une équipe de policiers a débarqué sur les lieux pour interpeller les missionnaires pour les conduire dans un premier temps à la prison civile de Pita avant d’être déférer devant le Tribunal de Première Instance de Mamou.
Libérés suite à des tractations menées par les responsables de l’association. Les cinq activistes de la société civile ont regagné Conakry.
Selon des informations parvenues à notre rédaction, les ennuis pour Ibrahim Bah et son groupe ne datent pas d’aujourd’hui, ils auraient été arrêté en 2008 pour s’être opposé au putsch militaire de Dadis Camara. On les accuserait également d’avoir des liens avec l’UFDG, le principal parti de l’opposition en Guinée.
Pour rappel, cette division est intervenue au Fouta au moment de l’accession d’Alpha Condé au pouvoir. Lors de l’élection présidentielle de 2010, les roundhés avaient apporté leur soutien au candidat du RPG arc en ciel. Cet état de fait a entravé les relations entre les deux communautés.
Youssouf keïta pour Afrinews
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