Guinée: Les vieilles habitudes ne sont pas encore mortes (OGDH)

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Des jeunes, au nombre de trente trois (33), comme le disions nous dans notre dernière déclarations du 03-Octobre 2013, ont été arrêtés suite aux événements violents des 22 et 23 septembre survenus à Taouyah-Jean Paul II. Ces jeunes étaient à leurs postes de surveillance pour assurer la sécurité de leurs concessions. Ils furent transportés d’abord à la brigade mobile N°2 de Hamdallaye, puis au PM3, où ils furent auditionnés. Ils furent traités de bandits, de provocateurs de révolte.

Il fut promis aux parents que ceux que ces jeunes allaient être déférés à la justice. Mais, le lendemain à une heure (1H) du matin, ils furent transférés au camp militaire de Soronkony (Kankan) où ils sont arrivés vers dix sept heures (17H). Ils seront logés dans une grande salle au fronton duquel il est écrit : « Accès interdit à tout étranger ». Une petite salle y attenante servait de lieu d’aisance. La garde était changée deux fois par jour. Elle était composée de toutes les ethnies.

Le transport aller et retour de ces jeunes s’est fait de façon extraordinaire pour tous ceux qui ignorent les pratiques guinéennes. Transportés de nuit par des gardes en cagoules, il leur était interdit de causer, de se déplacer ou de se laisser voir par des personnes hors du véhicule.

Ainsi, en traversant les villes se trouvant sur leur trajet de près de 700 km,
ils devaient se coucher. Ils subirent des traitements cruels, inhumains et dégradants et même de la torture : on les frappait régulièrement, on les insultait. Un jeune qui demandait à uriner, reçut un coup de botte à la tête, tandis qu’un autre qui voulait qu’on informe sa famille fut sévèrement frappé.

A cet environnement de violence physique, s’ajoutait les menaces de mort. On leur disait : « On est formé pour tur et on tue ! Si vous n’êtes pas sages on vous tue et il n’y aura rien, on vous enterre ici !
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En 1996, quand l’Organisation de l’Unité Africaine-OUA demanda à l’OGDH
d’organiser le 10ème anniversaire de l’entrée en vigueur de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des peuples, on avait entendu les mêmes propos au Camp Koundara des bérets rouges.

Un autre jeune tomba en syncope, il resta longtemps dans cet état. Ses collègues le croyaient mort. C’est seulement à l’ouverture de la porte qu’il put reprendre conscience grâce à l’aération. Le jeune BANGOURA, tomba sérieusement malade aussi.

Beaucoup parmi ces jeunes ont besoin de visite médicale car en plus des problèmes de santé physique, il y a des traumatismes surtout parmi les mineurs. La peur de mourir les avait gagné tous car ils avaient la certitude de ne plus revenir dans leur famille.

Le retour se fit comme à l’aller avec deux arrêts cette fois, à Kindia et Coyah. Grâce aux efforts conjugués des organisations de défense des Droits de l’Homme, du ministère des droits de l’homme et des libertés publiques, des diplomates et des Institutions Internationales, ils furent transférés de Soronkony à Conakry, où, Monsieur le Ministre des Droits de l’Homme et des libertés publiques les mit à la disposition de leurs familles.

Il faut souligner que, Monsieur Thierno Aliou DIALLO, douanier de son état,
âgé de 33 ans environ et Monsieur Moudjitaba BAH, marchand restent en
détention au PM3.

Les crimes commis pendant cette arrestation et la détention au camp militaire de Soronkony s’analysent :

 Détention arbitraire et illégale ;

 Traitements cruels, inhumains et dégradants;

 Torture ;

 Violation des droits des personnes détenues ;

 Détention dans un camp militaire,

 Violation de l’article 5 de la Constitution, article 7 du pacte international relatif aux droits civils et politiques et l’article 5 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. En effet, les arrestations n’ont pas été faites par des agents ayant la qualité d’officiers ou agents de police judiciaire. Le juge d’instruction n’a pas été saisi.

Le délai requis pour une détention préventive est de 72 heures. Or dans ce
cas précis, ce délai a été largement dépassé. Mais aussi la détention a été
faite dans un endroit non reconnue par la loi guinéenne. C’est ce que nous
enseigne le décret N° 247/72/PRG du 20/09/ 1972 en son article 3.

En l’occurrence dans un camp militaire. Ce lieu de détention est aussi non
accessible au Procureur. Selon le même décret, les prisonniers ont droit :

 A la visite de leur famille et à la correspondance

 A des soins de santé

 Au travail et un salaire

 Nourriture saine et équilibré

 Les biens saisis sur lui, sont sa propriété et doivent lui être restitués

L’OGDH en appelle :

· A la justice guinéenne afin de faire toute la lumière sur les arrestations de ces jeunes et leur détention dans un camp militaire, suivie de traitements cruels, inhumains et dégradants et de la torture

· Au gouvernement, pour qu’il prenne des mesures concrètes empêchant
les violations graves des Droits de l’Homme et en mettant à la disposition du ministère des Droits de l’Homme et des libertés publiques, tous les moyens nécessaires à ses activités de promotion, de protection et de défense des Droits de l’Homme ;

· Aux institutions Internationales, aux diplomates et à tous les
partenaires bi et multi latéraux de a Guinée, afin qu’ils considèrent les Droits de l’Homme comme le fondement de toute bonne gouvernance ;

· A la société civile, singulièrement aux organisations de défense des
Droits de l’Homme et aux partis politiques afin qu’ils s’organisent et luttent efficacement contre l’impunité en Guinée.

Le Président: Dr SOW Thierno Maadjou




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