Conakry- Quelles sont les inquiétudes de l’opposition face au retard du processus électoral’ Le capitaine Dadis serait-il le financier de l’UNR’ Le processus électoral est-il biaisé ‘ Voilà entre autre des questions abordées lors d’une interview avec le président de l’Union Nationale pour le Renouveau (UNR), Boubacar Barry le mercredi 22 août 2013 au siège de son parti à Nongo dans la commune de Ratoma.
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Afrinews.org: le mardi dernier, l’opposition dont vous êtes membre a, lors d’une conférence de presse exprimée des inquiétudes par rapport au retard dans la mise en œuvre du chronogramme. Est-ce que vous pouvez revenir sur ces inquiétudes ‘
M. Boubacar Barry: merci, de me donner l’opportunité de m’exprimer sur votre site internet. Comme vous avez pu le suivre à la conférence de presse, l’opposition dans son entièreté, dans sa pluralité a attiré l’attention de l’opinion sur un certains nombre de faits constatés sur le terrain par rapport au processus électoral et au respect du chronogramme extrêmement serré que la CENI (Commission électorale Nationale Indépendante) avait proposé pour la tenue des élections législatives le 24 septembre 2013. Nous avons constaté des dérapages par rapport au respect de ces différentes dates. Ce qui fait qu’un certains nombre de choses sont entrain de se chevaucher et nous ne voyons pas pour le moment les mesures correctives au niveau de la CENI pour rattraper le temps perdu. Vous savez déjà le fiasco qui est sorti de la révision complémentaire des listes électorales, aujourd’hui on a beaucoup de problèmes par rapport au dé-doublonnage du fichier. Le fichier n’est pas encore définitivement maîtrisé, il n’est pas affiché, les corrections ne sont pas faites alors que nous sommes, je crois à 32 jours ; à 30 jours des élections, cela va donc causer énormément des problèmes. Par ce qu’il faut que tous ces paramètres soient réglés pour que nous puissions aller à l’impression des listes définitives, que nous puissions mettre en place les bulletins de vote, que le matériel électoral soit mis en place ; vous savez également que le découpage électoral aussi pose problème. Il ya des bureaux de vote qui sont situés à des distances extrêmement difficile pour les populations surtout en zone rurale.
Afrinews.org: pourquoi vous n’avez pas porté ces points à la connaissance du comité de suivi qui est censé veiller au respect de l’accord politique ‘
M. Boubacar Barry: justement, si on n’en a parlé en conférence de presse, c’est parce que le comité de suivi remonte les informations régulièrement par rapport aux préoccupations des uns et des autres. C’est une situation qui est complètement connue du comité de suivi, les préoccupations de l’opposition sont mentionnées dans les différents rapports qui sanctionnent les réunions du comité de suivi. Donc, il est normal que les leaders des partis politiques montent au créneau pour marquer leurs inquiétudes par rapport au processus.
Afrinews.org: la CENI dit ne pas être en possession de tous les fonds pour l’organisation des élections législatives, à votre avis qu’est-ce qui expliquerait ce retard dans la levée des fonds par les partenaires techniques’
M. Boubacar Barry: écoutez, je ne peu pas vous donner une explication technique de ce phénomène, ce que je sais, c’est que le processus électoral dure depuis très longtemps. Les élections législatives devraient être organisées six mois après les présidentielles et que des ressources avaient été mobilisées à cet effet et vous savez qu’il ya eu beaucoup d’opération qui ont été faites sur le terrain et qui ne s’intégraient pas dans le cadre consensuel qui avait été trouvé entre les acteurs politiques pour le processus électoral. Donc, il ya eu beaucoup de gaspillage, les partenaires au développement, ceux qui avaient apportés leurs concours aimeraient avoir la clarté sur l’utilisation des fonds pour savoir qu’est-ce qui en a été fait. C’est tout à fait normal que la CENI se retrouve dans ces problèmes financiers à la date d’aujourd’hui.
Afrinews.org: vous avez été un ministre très influent du CNDD (junte militaire qui avait pris le pouvoir en 2008) ; certains pensent que votre parti est financé par votre ami le capitaine Moussa Dadis camara. Que répondez-vous’
M. Boubacar Barry: Merci, dire que j’étais ministre très influent, je laisse les gens apprécier. J’ai été ministre de la république comme n’importe quel autre ministre. J’ai assumé des responsabilités politiques et techniques, je pense avoir rempli le contrat qui m’a été confié. A ce niveau, je n’ai pas de problème. Maintenant, quand au financement du parti, je vous informe que le parti est financé sur la base des contributions de nos militants et un certain nombre de personnes ressources qui aident la structure à mettre en avant les idéaux et la vision que nous avons. C’est tout. Il est vrai aussi qu’avec les petits moyens que j’ai, je contribue à la hauteur de ce que je peux au fonctionnement du parti, le secrétaire général contribue à sa façon, les autres membres contribuent à leur façon. Donc, nous vivons de ça. Bon, vous savez, nous sommes dans un pays de supputation. Les gens rêvent.
Afrinews.org: Pendant que vous continuez à réclamer les conditions d’organisation des élections législatives, le président Alpha condé bat campagne à Conakry comme à l’intérieur du pays. N’avez-vous pas peur d’être battu par le RPG arc en ciel qui semble être prêt depuis longtemps’
M. Boubacar Barry: Battu, c’est trop dire, de toute façon vous êtes journaliste. Vous suivez la campagne du président de la république à l’intérieur du pays, si, ce que nous voyons ou ce que nous entendons sont les prémices d’une défaite de l’opposition. Ainsi aura décidé le bon Dieu. Mais vous savez très bien que les choses ont changé, la situation économique est extrêmement difficile que les populations aspirent à beaucoup plus et pour recréer l’espoir dans ce pays. Il est vrai que l’élection du président Alpha condé a suscité beaucoup d’espoir mais la gestion après l’élection du président de la situation politique économique et sociale du pays démontre aujourd’hui le mécontentement total des populations. Donc, laissez-nous aller aux élections, nous combattons pour que les élections soient transparentes, qu’elles soient dans la transparence minimale parce que, j’ai dis qu’il n’y aura pas de transparence à 100% et si nous arrivons à nous battre pour que nous ayons 75 à 80% de transparence dans le processus peut être que le RPG arc en ciel (parti au pouvoir, NDLR) aura 5 députés, je crois.
Afrinews.org: vous venez tout de suite d’énumérer les inquiétudes de l’opposition, selon vous, est-ce qu’on peut dire que le processus électoral est biaisé ‘
M. Boubacar Barry: non, on ne peut pas dire que le processus électoral est biaisé parce qu’il ya un plan d’action qui est mis en place mais je veux dire qu’il est enterré à beaucoup de niveau. Si des mesures correctives ne sont pas prises, ça, c’est comme un malade, tu a le palu, si vous ne le soigner pas, le palu va évoluer vers la fièvre typhoïde, vous ne soigner pas la fièvre typhoïde elle peut se muer en une péritonite irréversible. Donc, nous sommes dans cette phase au niveau du processus, si des mesures correctives ne sont pas prises maintenant là, immédiatement, il va s’en dire que la date du 24 septembre va poser problème.
Afrinews.org: A quelques jours de l’ouverture de la campagne électorale, quel message avez-vous à l’endroit de vos militants’
M. Boubacar Barry: c’est de demander à nos militants de se remobiliser et de rester unis comme ils l’ont toujours été. De se remobiliser d’avantage par rapport à ce qui se passe. Ils connaissent notre ambition. Ils savent, quelle est l’idéal du parti. Quelle est la démarche du parti. Nous nous battons pour que la génération puisse s’affirmer pour que la génération puisse prendre son destin en main. Il faut que la jeunesse se lève. Elle est le vecteur du changement. Elle représente 80% de l’électorat.
Afrinews.org: Merci Monsieur Barry
M. Boubacar Barry: Merci
Interview réalisée par Abdoulaye Maci Bah pour Afrinews
Tel: 00224 622449966 E-mail: macibah83@yahoo.fr