Conakry- les clients de la Banque Africaine pour le Développement Agricole et Minier (BADAM) en faillite depuis trois ans et demi ont haussé le ton une nouvelle fois pour exiger le remboursement intégral de leurs sommes d’argent. Ils ont exprimé ce matin leur ras-le-bol lors d’une rencontre à Taouyah en haute banlieue, a constaté sur place Afrinews.org
El hadj Sidiki Doumbouya, agriculteur: « Avant, mon argent se trouvait à la BICIGUI. Quand la BADAM est créée, c’est le président lui-même qui a dit que tous les agriculteurs n’ont qu’à déposer leur argent à la BADAM. J’ai enlevé mon argent à la BICIGUI pour le placer à la BADAM. Moi, j’ai 4 femmes. Je nourris au moins 20 personnes. Je suis agriculteur. La machine que j’avais est en panne. Je me suis déplacé pour aller voir le président Alpha. On est assis face à face pendant 30 minutes. Je lui ai dit ‘’ne m’offre rien. Mon argent est à la BADAM. Comment je vais le récupérer ‘’’ Il m’a dit ‘’calmez-vous, après les législatives chacun aura son argent’’. Après cela il m’a donné son numéro de téléphone. A chaque fois que je l’appelle il me dit d’attendre. Doré, celui qui a été désigné pour nous payer ne fait que nous mentir. A chaque fois il nous dit qu’à la fin de tel mois, après tel mois, on aura notre argent. Tu vas l’entendre dire qu’il est en train de se voir avec tel ministre ou avec les gens de la Banque centrale, etc. Nous leur avons demandé de nous faire des crédits ou bien ce sont eux qui nous ont dit de placer notre argent ‘ Ça fait trois ans, je ne fais pas mes activités champêtres. J’ai quatre femmes. Deux m’ont déjà quitté. Si mon argent n’est pas payé, si je vais me suicider, j’irai jusqu’à devant la Présidence pour le faire. Tout cela à cause de mon argent. Le montant est colossal. Ce n’est pas 10 millions, ni 20 millions. Tout mon argent est à la BADAM. Ils n’ont qu’à tout faire pour me restituer mon argent. Payer cet argent ne fera rien au gouvernement, mais il refuse de nous rembourser. Moi aussi je me suis renseigné. J’ai entendu que Ousmane Kaba et Diané ont dit au président de la République, que cet argent, même s’il n’est pas payé, rien ne s’en sortira. »
Naby Moussa Bangoura, entrepreneur électricien : « J’ai créé mon compte à la BADAM depuis 4 ans. Mon premier versement était de 135 millions GNF. J’avais vraiment confiance à cette banque, mais vraiment ces gens là m’ont déçu. Depuis cette date, sur les 135 millions, j’ai pris 30 millions pendant plus de 20 fois. On ne pouvait pas faire un chèque de 2 millions ou de 5 millions. J’ai perdu des contrats, parce qu’un entrepreneur a un chantier qu’il ne peut pas financer, il le perd. Cela m’est arrivé plusieurs fois. »
Kaba Adama, économiste, représentant de la société Plan Africa Holding Guinée : «Lorsque la BADAM a été créée, comme notre activité relevait de sa compétence, puisque nous faisons des transactions d’or, nous sommes allés créer trois comptes. Nous avons créé un compte GNF, un compte USD et un compte Euro. On a fait un dépôt de 30 milliards 160 millions 737 mille 378 GNF. Maintenant, les retraits qu’on a faits en plus des frais, il nous reste un solde créditeur de 9 milliards 179 millions 401 mille 371 GNF. Ils avaient dit qu’on était des débiteurs de la banque. Nos chefs ont été emprisonnés au niveau de la Maison centrale […]. D’abord, la BADAM a été créée de façon illégale. Car il est dit que pour créer ici une banque il faut que les actionnaires aient un capital minimum de 50 milliards. La BADAM a été créée avec un capital de 10 milliards. Je pense que c’est un crime aux yeux de l’humanité. Je pense que ce sont des bandits qui étaient venus ici pour brigander la population guinéenne. »
Propos recueillis par Abdoulaye Maci Bah/afrinews.org
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