Le président guinéen Alpha Condé, en voyage a Paris, a estimé que la Commission électorale nationale indépendante de Guinée est la seule à pouvoir décider d’un report éventuel des élections législatives prévues le 30 juin.
“Les élections ne dépendent pas de moi. Cela dépend de la CENI. C’est la CENI et les experts qui décideront de ce qu’il faut faire”, a affirmé Alpha Condé, interrogé sur un report des élections, dont le calendrier est contesté par l’opposition.
Le chef de l’Etat guinéen s’exprimait aux cotés d’Abdou Diouf, le secrétaire général de l’OIF, l’Organisation internationale de la Francophonie.
Le président guinéen a ajouté qu’il se conformerait aux décisions de la CENI et des experts envoyés par l’OIF, l’Union européenne et les Nations unies.
L’opposition guinéenne conteste la date du 30 juin pour le scrutin, fixée selon elle sans concertation et soupçonne le régime d’Alpha Condé, premier chef d’Etat démocratiquement élu en Guinée, de vouloir préparer des fraudes.
Des violences ont émaillé les manifestations des opposants et au moins 12 personnes ont été tuées et 89 blessées, le 23 mai et les jours suivants.
Abdou Diouf, “vivement préoccupé”, avait prôné fin mai “la retenue” et appelé pouvoir et opposition à engager sans délai un “dialogue constructif” en vue d’élections “crédibles et transparentes”.
Les chefs de l’opposition et le Premier ministre guinéen Mohamed Saïd Fofana ont entamé un dialogue le 3 juin à Conakry sous l’égide de l’émissaire de l’ONU Saïd Djinnit.
“Si le dialogue a pu avoir lieu”, a déclaré Alpha Condé, “c’est en très grande partie grâce à l’engagement personnel du président Diouf”.
“Je suis venu remercier le président de la Francophonie pour le rôle qu’elle a joué pour qu’on arrive à un dialogue”.
“Nous avons besoin de la paix. La Guinée a beaucoup de retard malgré des richesses immenses et donc on a besoin de tenir des élections législatives pour que les investisseurs puissent venir”, a poursuivi Alpha Condé, précisant qu’il se rendait au sommet du G8 à Dublin, les 17 et 18 juin.
Alpha Condé a également défendu le choix de l’opérateur sud-africain Way Mark chargé de préparer le fichier électoral, et rejeté par l’opposition: “Toute la communauté internationale dit que Way Mark est très performant”, a-t-il déclaré.
Quant au vote des Guinéens de l’étranger, réclamé par l’opposition, “ce n’est pas prévu” dans la Constitution, a dit le président.
“Il faut lire correctement la Constitution guinéenne. Jamais les Guinéens de l’extérieur n’ont voté aux législatives. Ils ont toujours voté aux présidentielles”.
Les législatives sont attendues depuis 2011 en Guinée et ont déjà été maintes fois repoussées. Les dernières remontent à 2002.
Source: BBC afrique