Mes chers compatriotes,
Je voudrais présenter aux filles et aux fils de Guinée c’est-à-dire à chacune et à chacun de vous mes vœux de nouvel an. A vous tous, guinéens de l’intérieur comme de l’extérieur, je souhaite que l’année 2017 soit une année de santé, de bonheur et de prospérité. Je voudrais, ensemble avec vous, souhaiter une année de paix pour notre pays. Comme chaque année, c’est l’occasion de rendre hommage à ceux qui ont perdu la vie lors de nos manifestations pacifiques et d’exprimer ma solidarité avec ceux qui ont survécu, mutilés ou paralysés ainsi qu’avec ceux qui sont encore en prison. Mes hommages également aux nombreuses victimes de l’injustice sociale, de l’insécurité, des accidents mortels de la route, de la corruption à petite et grande échelle, des erreurs médicales, d’Ebola et de la mauvaise gouvernance, sources de bien des déboires que traverse notre pays. Mes vœux de 2017 sont aussi dédiés à la presse. La démocratie a besoin d’une presse courageuse portant les marques de la liberté, de l’objectivité et de la critique. Je salue les efforts qui sont faits et encourage la volonté de rendre le métier encore plus professionnel. Dans mes vœux pour une presse consciente de son rôle dans la construction de notre démocratie, je n’oublie pas les moments de grande douleur que la corporation a vécue en 2016. Dans l’expression de ma solidarité, j’ai une pensée particulière pour Mohamed Koula Diallo. Sa mort dans l’exercice de son métier continue de susciter en moi une forte émotion. Paix à son âme ! Je n’oublie pas non plus le jeune journaliste Cherif Diallo porté disparu depuis plus d’un an et demi. Je m’associe à la détresse de sa famille et de celle de ses collègues du groupe HADAFO Médias.
Mes vœux de 2017 vont également à nos mères, épouses, sœurs et filles auxquelles je rends un vibrant hommage pour tout ce qu’elles accomplissent au quotidien dans nos vies. Ces laborieuses femmes travaillent plus de 16 heures de temps dans les débarcadères de poissons, dans les marchés de condiments, dans les marchés hebdomadaires, dans les champs, dans les pâturages et en ces temps difficiles nourrissent, soignent et habillent enfants et maris souvent au chômage. Il est temps qu’elles se voient accorder une place à la hauteur du rôle fondamental qu’elles jouent dans la vie de la nation.
Enfin, mes vœux à la jeunesse guinéenne dont je salue le courage et la résilience. Des années d’enseignement bâclé, des programmes mal ficelés, des années de démagogie et de mauvaise gouvernance ont eu raison du rêve de nombreux jeunes guinéens qui la plupart n’ont pour seule perspective que l’exil. Ce sont autant de rêves brisés, de compétences piétinées, de talents découragés ou méprisés. Pour cette jeunesse, le seul espoir de s’en sortir est celui de braver le désert et la méditerranée, de partir loin de la précarité qui la retient en otage. Comment faire en sorte que ces jeunes retrouvent le désir de vivre et de construire dans leur pays ? En leur donnant un enseignement de qualité digne d’un pays moderne ! En faisant en sorte que chaque jeune ait en main les outils qui lui permettront de s’épanouir dans un métier. Parce qu’elle est l’enjeu de notre cohésion nationale, parce qu’elle est notre avenir commun ! Cette jeunesse, par la diversité de ses origines et de ses conditions est le levier du rassemblement national et de la réconciliation dont nous avons besoin.
Chers compatriotes, L’année qui vient de s’écouler a été, comme les précédentes, une année difficile pour nos compatriotes confrontés à la cherté de la vie, à l’insécurité et aux difficultés d’accès aux services sociaux les plus élémentaires. Le malaise est en effet partout perceptible. Aucune région n’est épargnée. Qu’il s’agisse de la Basse- Guinée, de la Moyenne guinée, de la Haute-Guinée et de la Guinée-forestière, nous sommes tous logés à la même enseigne face à la pauvreté qui va crescendo, au chômage massif, à l’insécurité galopante, à l’absence criarde de perspectives pour nos jeunes, à la corruption généralisée, à l’état de déliquescence de notre administration, de nos routes, de nos écoles et de nos hôpitaux. Chers compatriotes, Cette situation de souffrance dans laquelle se trouve notre pays n’est pas une fatalité. Elle est le résultat de la mauvaise gouvernance et d’un manque de solidarité avec les plus vulnérables. En effet, le pouvoir actuel se targue d’avoir doté Conakry de plus d’hôtels de luxe que Dakar. Quelle vanité ! Cette comparaison ne devrait-elle pas plutôt s’exercer dans le domaine de la Santé, de l’éducation ou encore dans les infrastructures de transport ? Malheureusement, force est de constater que depuis 2010 aucun hôpital ni aucune université digne de ce nom n’a été construit. Des femmes continuent de mourir en accouchant faute de médicaments, d’équipements ou de personnel qualifié. C’est le lieu pour moi de m’incliner pieusement devant la mémoire de Fatoumata Bangoura, épouse de Momo Yansané, décédée avec son bébé faute d’une prise en charge appropriée, lors de l’accouchement à l’Hôpital Ignace deen, situé à deux pas de l’un des Hôtels de luxe qui font la fierté du régime. Loin d’être un cas isolé, ce type de drame est le lot quotidien des guinéens aussi bien à Conakry qu’à l’intérieur du pays. Comment ne pas déplorer également la souffrance des usagers de nos routes que symbolise la voie Conakry- Kindia longue de 135 km dont le parcours requiert aujourd’hui quatre heures de temps au lieu de de 2 heures ?
Chers compatriotes, L’état calamiteux de nos infrastructures notamment les hôpitaux, les universités et les routes, est la conséquence de la corruption qui a cancérisé notre Etat. En effet, la corruption détourne les ressources publiques de leur affectation au profit d’un clan qu’elle enrichit injustement. Par voie de conséquence, elle aggrave l’appauvrissement de la population et retarde le développement du pays. C’est pourquoi, fidèle à mes convictions et soucieux de l’avènement d’un Etat plus juste, je n’ai cessé de dénoncer, les transactions douteuses avec les multinationales intervenant dans nos mines et la violation récurrente des règles de passation des marchés publics. Dès janvier 2016, j’ai élevé la voix pour condamner la corruption galopante qui gangrène l’administration actuelle de notre pays à travers les marchés de gré à gré qui ont atteint en un an l’équivalent d’un milliard de dollars. L’écho produit par ces dénonciations en raison des montants importants en jeu et du niveau de surfacturation éhonté des marchés concernés ont obligé le gouvernement à engager des audits. Malheureusement, malgré la violation avérée du code des marchés et la confirmation des faits de corruption, aucune sanction administrative ou judiciaire n’a été prise à l’endroit de ceux qui en étaient responsables. Il faut encore une fois déplorer l’impunité qui continue de prévaloir dans la gestion de notre pays et la récidive qu’elle encourage. Loin de se limiter au secteur des marchés publics, la mauvaise gouvernance économique s’étend aussi au domaine minier, secteur stratégique pour le développement industriel de notre pays. En effet, outre les déboires enregistrés avec les multinationales du secteur comme Rio Tinto, BHP Billiton, Vale-BSGR, Bellzone et Sable Mining, il faut déplorer les dénonciations quasi-quotidienne par la presse internationale des faits de corruption dans le secteur. En outre, le gouvernement continue de signer des contrats miniers dont l’ambition se limite à la simple extraction et à l’exportation des minerais sans se soucier de leur transformation sur place. En effet, la création de fonderies d’alumines, par exemple, aurait pu générer plus de valeur ajoutée et d’emplois notamment pour nos jeunes. Malheureusement, tous les projets de construction d’usines de transformation de notre bauxite ont été abandonnés, alors que des pays comme l’Indonésie et la Malaisie ont décidé de mettre un terme à l’exportation de la bauxite brute en faveur de sa transformation sur place. Chers compatriotes, La mauvaise gouvernance qui prévaut actuellement constitue un réel danger pour l’avenir de notre pays en ce sens qu’elle conduit à l’effritement progressif de la confiance des citoyens vis-à-vis de l’Etat et de nos institutions. Conscients des dangers que cette situation fait peser sur notre pays, l’UFDG et ses alliés de l’opposition républicaine se battent depuis de longues années pour l’instauration d’un Etat de droit et d’une véritable démocratie en Guinée. Suite au refus obstiné du Gouvernement d’appliquer les accords politiques et d’accéder aux revendications légitimes des guinéens et pour dénoncer la cherté de la vie, l’Opposition Républicaine a appelé à une manifestation pacifique le 16 août dernier. Pour marquer leurs exaspérations, les populations de Conakry ont massivement répondu à cet appel. La manifestation qui a mobilisé près d’un million de personnes à Conakry a contraint le pouvoir à ouvrir le dialogue avec l’opposition qui a abouti à l’Accord politique du 12 octobre 2016. C’est le lieu de rendre hommage à tous les militants de l’opposition et à tous les citoyens qui ont participé à cette grandiose mobilisation. Permettez-moi d’avoir une pensée pieuse à l’endroit de Thierno Hamidou Diallo, fauché par les balles des forces de l’ordre alors que la manifestation de l’opposition s’était déroulée sans aucun incident. Chers compatriotes, L’Accord du 12 Octobre 2016, l’UFDG l’a signé en toute responsabilité. Notre parti est convaincu en effet que c’est par le dialogue que les fils de ce pays peuvent aplanir leurs divergences pour préserver la paix et relever les nombreux défis auxquels le pays est confronté. Cet accord politique permettra l’organisation des élections locales, la réforme de la CENI, l’assainissement du fichier électoral, la libération des prisonniers politiques et l’indemnisation de ceux qui ont perdu des proches ainsi que ceux qui ont subi des pillages lors des manifestations pacifiques de l’opposition. En ce sens, l’application de cet accord politique se traduira incontestablement par une avancée démocratique non négligeable. Mes chers compatriotes, Fidèle à la ligne politique qui a toujours été la mienne, je voudrais inviter tous les militants de l’UFDG et de l’opposition, et au-delà, tout le peuple de Guinée à rester mobilisés pour l’aboutissement de notre combat pour l’instauration de l’état de droit et d’une vraie démocratie dans notre pays. En prenant un engagement public à respecter et faire respecter les décisions du dialogue politique, le Président de la République a posé un acte majeur qui a permis la décrispation du climat politique et l’ouverture du dialogue. Le peuple de Guinée attend de lui le respect de son engagement pour préserver la paix et consolider notre jeune démocratie. En tout état de cause, je voudrais vous assurer, chers compatriotes, que ma détermination à conduire notre combat pour la défense de nos droits et de nos libertés ne fléchira pas. Mes chers compatriotes Les élections communales qui s’annoncent sont fondamentalement l’affaire du citoyen. Elles consacrent son droit de décider à qui il confie la gestion de son Quartier, son District et sa Commune. Il est primordial pour l’UFDG de se mobiliser dès maintenant pour l’emporter dans la majorité des Mairies, des Quartiers et des Districts de notre pays. Nous en avons les moyens et nous atteindrons cet objectif. Mon optimisme prend sa source dans le fait que l’UFDG est devenue une force cohérente que la nation considère comme un recours puissant et résolu. En effet, malgré tous les obstacles que l’hostilité des adversaires et les intrigues des plus fragiles d’entre nous ont dressé devant lui, le parti est resté debout et dans l’action dans une atmosphère d’ardeur, de dévouement et d’espérance. Je dois saluer le courage et la détermination des militants de l’UFDG qui ont permis de conserver la cohésion du parti, gage de sa solidité. Je n’ai aucun doute que dans l’union, le sacrifice et la discipline nous atteindrons le sommet que nous nous sommes fixés. A cette marche vers la réussite de nos ambitions pour la Guinée, je voudrais associer toutes les forces de l’opposition. Je saisis cette occasion pour les appeler à maintenir, contre vents et marées, leur cohésion. Mes chers compatriotes, Guinéennes et Guinéens, Après tant de rendez-vous manqués et de rêves brisés, la Guinée n’est-elle pas condamnée à la résignation ? Non, car les forces de l’espoir s’imposent toujours aux forces de l’abandon. Oui, chers compatriotes, guinéennes et guinéens, il y a encore des raisons d’espérer ! J’ai l’intime conviction que l’amour que nous avons en partage pour ce pays nous conduira à nous dépasser individuellement et collectivement et à œuvrer au service de l’intérêt général et du développement de notre pays. Aucune polémique ne doit nous détourner de l’essentiel, même pas celle relative à un hypothétique troisième mandat. En effet, pendant que le panier de la ménagère se fait de plus en plus vide, les hôpitaux se délabrent, l’école se meurt, les services publics pataugent, le chômage galope, la machine administrative se grippe, les guinéens ont d’autres préoccupations que celles d’entretenir des débats sur un troisième mandat. La loi n’exprime la volonté générale que dans le respect de la Constitution et notre texte fondamental est parfaitement clair sur ce sujet. Mes chers compatriotes, A la fierté que je ressens d’appartenir au peuple de Guinée, vient s’arrimer ma volonté farouche de poursuivre le combat sans relâche avec la détermination de ceux et celles qui, même dans les moments de doute, ne renoncent pas et ne cessent d’y croire. Malgré la déliquescence actuelle, il existe encore des femmes et des hommes capables de transcender les idéologies et les clivages politiques et de véritablement donner forme aux principes, aux lois et aux règles qui doivent dicter les intérêts supérieurs de la nation. Leur contribution et leur engagement envers le redressement de leur pays concourront à apaiser le présent pour préparer l’avenir des générations futures. Mes chers compatriotes, A tous les militants de l’UFDG et de l’opposition, aux guinéens de l’intérieur du pays et de la diaspora, à nos soldats sur les fronts africains, aux amis de notre pays, je voudrais souhaiter à chacun et à tous une bonne et heureuse année 2017. Que l’année qui s’annonce soit pour notre pays et pour tous ceux qui y vivent une année de paix.
Vive la Guinée !
Vive l’Union des Forces Démocratiques de Guinée !
Je vous remercie !