Face aux élus républicains du Congrès, la cohabition s’annonce tendue pour Obama

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Le président démocrate, Barack Obama, l’a proclamé, mercredi 5 novembre, après la victoire des républicains aux élections de mi-mandat : « J’ai hâte de travailler avec le nouveau Congrès pour que les deux prochaines années soient aussi constructives que possible. » La veille, le locataire de la Maison Blanche avait perdu la majorité que son parti détenait au Sénat depuis 2008, et une dizaine de sièges à la Chambre des représentants, déjà dominée par les républicains depuis les premières élections de mi-mandat de M. Obama, en 2010. Le scrutin du 4 novembre a tourné au référendum pour ou contre l’action du président démocrate. Barack Obama a manifestement été considéré comme le principal responsable de l’impasse institutionnelle qui paralyse Washington, mais qui risque de se prolonger.

Un président très affaibli

La perte du Sénat va priver M. Obama de tout relais législatif. La voie réglementaire des executive orders (« décrets présidentiels ») ne permettra pas de contourner totalement le Congrès tout en renforçant les tensions. La défaite écornera également son pouvoir de nomination concernant les secrétaires de son gouvernement (les ministres), les ambassadeurs, alors que des dizaines de postes restent non pourvus, ainsi que d’éventuelles nominations à la Cour suprême. La Maison Blanche a en effet besoin d’un feu vert du Sénat pour ces nominations, à commencer par celle du successeur d’Eric Holder, procureur général des Etats-Unis (ministre de la justice), qui a démissionné de ses fonctions le 25 septembre. Un Congrès à majorité républicaine pèsera enfin sur la politique étrangère de M. Obama, notamment sur le dossier des négociations avec l’Iran, auxquelles les républicains sont hostiles, même s’il s’agit du secteur où les marges de manœuvres du président des Etats-Unis sont les plus grandes.

Un climat de cohabitation dur

Si un précédent président démocrate, Bill Clinton, avait pu s’accommoder dans une certaine mesure d’un Congrès uniformément républicain, la polarisation politique, qui s’est accentuée à Washington et dans l’Union au cours des deux dernières décennies, rend désormais problématique la perspective de compromis et d’accords bipartisans. Les quatre dernières années, marquées par le blocage entre une Chambre des représentants républicaine et un Sénat démocrate, ont nourri le ressentiment. Et les républicains ont affiché pendant la campagne leur détermination à s’attaquer à ce qui doit constituer le legs politique du président, à commencer par sa réforme emblématique, celle de l’assurance-santé (« Obamacare »). Les vainqueur des midterms ne disposent pas pour autant d’une feuille de route claire ou d’un programme similaire au « Contract for America » qui avait accompagné la « révolution républicaine » conduite par Newt Gingrich, en 1994, contre Bill Clinton. Confortablement réélu dans le Kentucky, Mitch McConnell, le nouveau patron du Sénat, s’est contenté d’assurer mardi soir qu’« il est temps de changer de direction ! Il est temps de remettre le pays sur la bonne voie ! »

Un camp républicain très éclaté

Uni pour vilipender M. Obama, le Parti républicain n’en est pas moins profondément divisé entre son aile modérée, celle qui par excellence parvenait à des ententes ponctuelles avec les démocrates au Sénat, et celle qui rassemble les plus conservateurs dont le Tea Party. Le « speaker » (président) républicain de la Chambre, John Boehner, et Mitch McConnell ne disposeront pas nécessairement des coudées franches dans leur dialogue institutionnel obligé avec le chef de l’Etat. Lorsque M. McConnell a rappelé le 28 octobre les obstacles constitutionnels à l’annulation de l’« Obamacare », des voix conservatrices se sont immédiatement élevées pour déplorer un manque de combativité. Les élus les plus hostiles aux compromis, tels Ted Cruz, sénateur du Texas, pourront d’ailleurs faire remarquer que l’épreuve de force de l’automne 2013 (la fermeture, « shutdown », du gouvernement pendant deux semaines) n’a pas été coûteuse électoralement alors que le président avait cru qu’elle tournerait à son avantage en mettant en évidence l’irresponsabilité supposée des républicains.

Le véto comme arme fatale

Si la tendance la plus hostile au président prend l’avantage chez les républicains, elle ne sera cependant pas en mesure d’imposer ses vues sur la plupart des questions en souffrance, qu’il s’agisse de l’immigration à propos de laquelle M. Obama a déjà fait part de son intention de passer outre les velléités du Congrès, de la lutte contre le réchauffement climatique ou de la hausse du salaire minimum. Car le président, même affaibli, n’est pas totalement impuissant face au Congrès, loin de là, puisqu’il lui reste l’arme fatale du veto pour geler indéfiniment les projets de loi votés par les deux Chambres. Le président Obama ne l’a utilisé jusqu’à présent qu’à deux reprises, contre douze fois pour George W. Bush et trente-six pour Bill Clinton.

L’ombre de la prochaine élection présidentielle

Pouvoir présenter un bilan dans deux ans sera important pour les républicains dans la perspective de l’élection présidentielle de 2016. Alors que le camp démocrate est sonné par l’ampleur des revers, l’euphorie qui s’est emparée du Parti républicain devrait logiquement se traduire par de nouvelles tentations présidentielles. Ces dernières pourraient accroître l’offre dans le camp conservateur, mais au risque de la brouiller.

lemonde.fr




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