L’ex-président islamiste égyptien Mohamed Morsi, destitué en 2013 par l’armée, sera jugé le 23 février dans un cinquième procès, devant un tribunal militaire cette fois, pour incitation au meurtre en marge de manifestations, ont indiqué mardi des sources judiciaires.
Le premier chef de l’Etat jamais élu démocratiquement en Egypte encourt déjà la peine de mort dans quatre procès, devant des tribunaux civils ceux-là.
Le procureur militaire a ordonné mardi qu’il soit jugé pour avoir incité au meurtre de 31 personnes tuées à Suez (est) en marge de manifestations de ses partisans. Ces incidents se sont déroulés notamment le jour où policiers et soldats tuaient plus de 700 manifestants pro-Morsi au Caire, le 14 août 2013.
Or ce jour-là, M. Morsi était détenu par l’armée, quelque part au secret.
Depuis qu’il a été destitué et arrêté le 13 juillet 2013 sur ordre du chef de l’armée Abdel Fattah al-Sissi, aujourd’hui le président de l’Egypte, plus de 1. 400 manifestants pro-Morsi ont été tués par les forces de sécurité –dont plus de la moitié en un seul jour au centre du Caire le 14 août 2013.
Plus de 15. 000 de ses partisans ont été emprisonnés et des centaines condamnés à mort dans des procès de masse expédiés en quelques minutes et qualifiés par l’ONU de “sans précédent dans l’histoire récente” du monde.
M. Morsi et la quasi-totalité des dirigeants des Frères musulmans, la confrérie islamiste dont il est issu, encourent la peine capitale dans divers procès, pour incitation au meurtre, espionnage, corruption notamment.
Les Frères musulmans, qui avaient remporté toutes les élections après la chute de Hosni Moubarak en 2011, ont été décrétés “organisation terroriste” en 2013 par le gouvernement issu de l’armée et alors dirigé de facto par le maréchal Sissi. Ils dénoncent des procès politiques, tout comme les organisations internationales de défense des droits de l’Homme qui qualifient le nouveau pouvoir de “plus répressif” encore que celui de Moubarak.
Dans l’ordonnance de renvoi pour un procès qui doit s’ouvrir le 23 février devant un tribunal militaire, l’ex-président est accusé, aux côtés de 198 dirigeants ou sympathisants des Frères musulmans, d’avoir “incité au meurtre” de 31 personnes tuées dans des manifestations les 14 et 15 août 2013, selon des sources judiciaires.
Les autorités égyptiennes ont considérablement étendu depuis octobre les possibilités de saisine de la justice militaire, devant laquelle d’autres dirigeants des Frères musulmans ont déjà été renvoyés.
M. Sissi avait justifié la destitution de M. Morsi par le fait que des millions d’Egyptiens avaient manifesté pour réclamer son départ, l’accusant de ruiner l’économie et de vouloir radicaliser à marche forcée l’islam pratiqué par la majorité des quelque 85 millions d’habitants.
M. Sissi a été élu président en mai 2014 haut la main mais contre un pâle adversaire qualifié de “faire-valoir” par les experts et après avoir éliminé de la scène politique toute opposition. Depuis, le président Sissi jouit d’une grande popularité au sein d’une majorité de l’opinion publique, voire d’un quasi-culte de la personnalité entretenu par des médias quasi-unanimes.
AFP