Côte d’Ivoire: Ouattara dans un fauteuil avant la présidentielle d’octobre

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Majorité unie, opposition divisée, bilan flatteur selon ses soutiens: le chef de l’Etat Alassane Ouattara, candidat depuis dimanche à l’élection présidentielle d’octobre prochain en Côte d’Ivoire, a toutes les chances d’être réélu, estiment politiques et analystes.

“Son élection est pratiquement faite. La seule question qu’on peut se poser, c’est le taux de participation”, affirme, triomphaliste, Joël N’Guessan, le porte-parole du Rassemblement des républicains (RDR), le parti de M. Ouattara.

“Notre objectif est de passer au premier tour avec 80% des voix. Et encore, 80%, ce n’est pas cher payé”, lance Adjoumani Kobenan Kouassi, le porte-parole du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), allié du RDR, qui ne présentera pas de candidat en octobre pour garantir l’élection de Ouattara.

Plus de 10. 000 militants du RDR euphoriques ont salué dimanche l’investiture d’Alassane Ouattara, qui n’a jamais fait mystère de sa volonté de briguer un second mandat. Fin février, quelque 4. 000 cadres du PDCI avaient ratifié à 98,5% le ralliement à la candidature du président ivoirien, malgré une forte opposition interne.

L’alliance PDCI-RDR, deux des trois partis majeurs avec le Front populaire ivoirien (FPI) de Laurent Gbagbo, a déjà fait ses preuves. Ensemble, les deux formations avaient fait tomber l’ex-chef de l’Etat à la présidentielle de novembre 2010, au terme d’une décennie de crise politico-militaire.

Plus de 3. 000 Ivoiriens étaient morts en cinq mois de violences postélectorales, causées par le refus de M. Gbagbo de reconnaître la victoire d’Alassane Ouattara. Pour beaucoup, l’élection à venir est une étape cruciale dans la stabilisation politique du pays.

La présence de l’opposition, gage de la crédibilité du scrutin, est requise par les partenaires de la Côte d’Ivoire. Mais le FPI, en proie à des fortes divisions internes, ne s’est toujours pas prononcé à ce sujet. Ce qui limite son potentiel de nuisance vis-à-vis du candidat Ouattara.

– ‘Aucune chance’ –

“C’est vrai qu’en ce moment, tout porte à croire que nous n’avons aucune chance”, reconnaît Franck Bamba, le porte-parole du FPI. “Mais si d’ici fin mars, on trouve une solution à l’intérieur du parti, on gagnera. Sept mois, c’est largement suffisant pour rattraper le temps perdu”, affirme-t-il.

Le parti créé par Laurent Gbagbo paraît mal parti pour se réconcilier. Son président, Pascal Affi N’Guessan, est toujours plus contesté. La justice ivoirienne statuera jeudi sur sa “suspension”, récemment prononcée par son opposition interne.

Les “frondeurs” du FPI se sont en outre lancés dans une coalition avec quatre “irréductibles” du PDCI, dont l’ancien Premier ministre Charles Konan Banny, afin de proposer un front uni face à Alassane Ouattara.

Mais cette coalition, qualifiée de “contre-nature” par des acteurs politiques et des analystes, n’a fait état ni d’un programme ni d’un candidat communs, quand nombre de ses membres sont des postulants potentiels.

“Ouattara a un certain nombre de longueurs d’avance sur la coalition. Il roule vers un second mandat”, estime le sociologue Rodrigue Koné. “Mais si les acteurs (de ce front) constituent un bon front anti-Ouattara, les rapports de force vont se rééquilibrer un peu”, note-t-il.

Le président, qui dispose des ressources de l’Etat et du soutien des médias publics pour faire campagne, selon l’opposition, surfe en outre sur un bon bilan économique. La Côte d’Ivoire flirte avec les 9% de croissance économique annuelle depuis trois ans.

Son programme de réhabilitation et de construction d’infrastructures se traduit par des résultats concrets. Des dizaines de milliers de véhicules empruntent chaque jour le troisième pont enjambant la lagune d’Abidjan, un chantier colossal devenu symbole de son premier mandat.

La garantie du prix de vente du cacao par les autorités a enrichi des millions de planteurs, dans un pays où “l’or brun” emploie les deux-tiers de la population.

Mais l’opposition, qui dénonce par ailleurs une “justice des vainqueurs”, notamment après la condamnation à 20 ans de prison de l’ex-Première dame Simone Gbagbo pour son role dans la crise post-électorale, critique “la vie chère” et la mauvaise répartition des fruits de la croissance.

“Ouattara a tous les leviers entre ses mains. Il faut être naïf pour ne pas le voir. Dans une configuration ordinaire, il a un boulevard devant lui”, estime le politologue Jean Alabro, qui craint toutefois des “débordements” si la nouvelle coalition faisait du “tout sauf Ouattara” son credo.

AFP




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