Pascal Affi N’Guessan, chef de l’opposition en Côte d’Ivoire, a appelé jeudi à Abidjan au boycott massif du recensement de la population. Selon lui, des obstacles politiques doivent être surmontés avant que cette enquête puisse se tenir.
Le président du Front populaire ivoirien (FPI), Pascal Affi N’Guessan, a invité, jeudi, au nom de son parti, les Ivoiriens à boycotter le recensement. “Nous appelons la Côte d’Ivoire, dans sa diversité ethnique, politique et même religieuse à s’abstenir massivement”, a-t-il lancé, lors d’une conférence de presse.
“Ce mot d’ordre de boycott sera relayé sur toute l’étendue du territoire”, a assuré le chef du parti de l’ancien président Laurent Gbagbo, qui a souhaité un report de l’opération au mois de novembre.
“D’ici-là nous aurons l’occasion de boucler le dialogue politique et engager la réconciliation nationale pour que nous soutenions tous le recensement”, a-t-il estimé.
Le recensement national de la population en Côte d’Ivoire, le premier depuis 16 ans, a débuté lundi avec l’enregistrement du président Alassane Ouattara, sa femme et plusieurs cadres du régime. Mais sur le terrain, l’opération a pris du retard faute d’enquêteurs formés.
Cette opération se déroule dans un contexte post-crise où la question de la nationalité avait déclenché une décennie de contestations politico-militaires. Pour le chef du FPI, la crise postélectorale de 2010-2011, qui a fait plus de 3 000 morts, a aussi “profondément divisé” les Ivoiriens, et a créé des “obstacles politiques à surmonter avant le démarrage de l’opération”.
“La fracture sociale est une réalité, nous la vivons chaque jour entre le camp des vainqueurs pro-Ouattara et celui des vaincus pro-Gbagbo”, a déploré Pascal Affi N’Guessan, plaidant pour un report.
Accusations
Dans un entretien la semaine dernière avec l’AFP, Alphonse Douati, le vice-président du FPI, avait accusé le recensement, “inopportun”, de “préparer une fraude électorale”.
Selon lui, grâce aux résultats récoltés, le pouvoir naturalisera un grand nombre d’étrangers vivant sur le territoire ivoirien en vue d’en faire du “bétail électoral” au profit d’Alassane Ouattara, candidat à sa propre succession.
Le recensement, organisé tous les dix ans, n’avait pu se tenir en 2008 en raison de la crise secouant la Côte d’Ivoire, alors coupée en deux. La dernière enquête nationale date de 1998. Le pays comptait alors 16,3 millions d’habitants. Soit 6 ou 7 millions de moins que la population estimée aujourd’hui.
D’un coût global de 12 milliards de francs CFA (environ 18 millions d’euros), l’opération mobilisera 30 000 agents qui sillonneront plus de 10 000 villages, munis de smartphones et non plus de formulaires en papier.
AFP