Un groupe d’assaillants armés de fusils d’assaut a mené dimanche dans la ville de Grand Bassam une attaque revendiquée peu après par Aqmi. Un bilan encore provisoire fait état d’au moins 22 morts dont 14 civils et 2 membres des forces de sécurité.
Selon les premiers témoignages, au moins dix personnes armées de Kalachnikov ont tiré des rafales à plusieurs endroits le long de la plage, dimanche 13 mars, dans la ville touristique et balnéaire de Grand Bassam, un haut lieu de villégiature pour les Ivoiriens plutôt aisés et de nombreux expatriés.
« Vers 13h30, nous étions à la Terrasse de la Madrague quand nous avons entendu plusieurs rafales de tirs. Les personnes qui tiraient le faisaient tout le long de la plage en se dirigeant vers l’hôtel l’Etoile du Sud », a confié à Jeune Afrique, un restaurateur qui a requis l’anonymat.
Alassane Ouattara sur place
Alassane Ouattara, qui s’est rendu sur place, a fait état de 22 morts, dont 14 civils et 2 militaires ; 6 assaillants ont été tués au cours de la riposte des autorités. Il y aurait aussi 22 blessés dont 2 civils et 3 membres des forces de sécurité. Selon le chef de l’Etat, les assaillants étaient répartis en deux groupes et les forces spéciales ont commencé à intervenir dès 13h15. « Nous continuons de prendre toutes les mesures nécessaires pour sécuriser le pays pour éviter ce genre de situation », a-t-il déclaré.
Selon SITE, organisation américaine qui surveille les sites internet islamistes, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a revendiqué l’attaque. Le mode opératoire des assaillants ressemble du reste très fortement à celui d’une attaque terroriste. Il s’agit de la première de ce type en Côte d’Ivoire, et elle rappelle celle d’un hôtel à Sousse en Tunisie, qui avait fait 38 morts le 26 juin 2015.
« Nous avons évité le pire », selon Hamed Bakayoko
Plusieurs témoignages faisaient état dans l’après-midi de nombreux corps étendus sur les lieux de l’attaque. Il y aurait également eu une brève prise d’otage à l’Etoile du Sud. Interrogée par Jeune Afrique, une employée de cet hôtel raconte qu’elle a vu des « hommes noirs » qui ont crié « Allah akbar », confirmant d’autres témoignages.
« Notre pays est une cible depuis quelques années », a expliqué sur les ondes de la télévision nationale Hamed Bakayoko, le ministre ivoirien de l’Intérieur. « Il y a dix jours que nous avons mis en place un processus de simulation de ce type de situations. Nous sommes intervenus très rapidement et avons évité le pire car cette plage est fréquentée par 500 à 1000 personnes chaque jour. Nous allons continuer à renforcer tous les systèmes de surveillance que nous avons mis en place. Nous avons plus de 100 sites sous surveillance depuis trois mois. Les premiers éléments montrent que les assaillants sont venus avec des armes dans leurs sacs pour nous surprendre. Nous avons déjà déjoué un certain nombre de tentatives importantes. Nous demandons la vigilance de tout le monde. »
Selon le ministre, les victimes de l’attaque terroriste de dimanche sont de nationalité béninoise, burkinabé, camerounaise, allemande, française et ivoirienne.
Par Jeuneafrique