Conakry- La décision des associations de presse de surseoir aux activités de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) suite à l’assassinat du journaliste Mohamed Diallo suscite des tollés dans la cité. Dans un entretien accordé à notre rédaction, Alpha Oumar Taran Diallo, du parti ADR fustige cette décision, il invite les hommes de média à donner la parole à tout le monde dans le cadre de la manifestation de la vérité, a constaté Afrinews.org
‘’J’ai été très choqué et indigné de constater que jusqu’à présent les autorités du pays n’assurent pas la sécurité des différents citoyens. C’est pour moi, l’occasion de présenter les condoléances à la famille éplorée et à tous les journalistes. Cela dit aussi que la gestion du dossier n’a pas été correctement menée. Il y a eu par le passé beaucoup des journalistes qui ont été blessés pendant des manifestations politiques, un journaliste est porté disparu depuis bientôt un an, on n’en parle presque jamais. Et tout récemment, Moussa Moïse qui a été victime d’une attaque et je ne pense pas qu’il ait récupéré son véhicule jusqu’à présent. Je crois avoir lu dans les médias que le véhicule se trouve dans les mains des forces de sécurité. Donc tout ça dénote d’un laisser-aller et un pourrissement de la situation qui a conduit à l’assassinat d’Elhadj Mohamed Diallo.
Ensuite, quand je dis qu’il y a eu exagération ce n’est pas parce que je ne compatis pas à la douleur ou que j’approuve l’assassinat, la façon dont les choses se passent c’est comme si on ne laisse pas faire la justice. Vous de votre côté (ndlr, la presse) je comprends votre indignation et votre combat pour ne pas que ce dossier soit classé comme tant d’autres, par les autorités judiciaires de notre pays. Mais c’est comme si on aurait découvert un coupable et qu’on lui a déjà condamné.
Vous devez donner la parole à tout le monde de façon équitable. C’est ce que je déplore un tout petit peu. On aurait permis à tout le monde de s’exprimer (…) C’est extrêmement grave qu’un citoyen ait été assassinat même si ce n’était pas au siège d’un parti politique. Nous avons eu assez des morts dans le combat pour la démocratie, le développement de la Guinée. Un mort de plus, c’est un mort de trop. Mais c’est encore plus grave que cela se passe au siège d’un parti politique ou à côté parce que les partis politiques ont pour vocation d’éduquer les citoyens. J’ai approuvé la marche puisque ça permet de mettre la pression sur les autorités pour que des investigations requises soit menées. Aller jusqu’à interdire la parole à une partie je trouve cela excessif. Normalement, quand une structure prend une décision a l’égard d’un de ses membres, celui-ci doit passer par la justice pour protester contre la décision prise. Si cela n’a pas été le cas et qu’il y a eu rencontre de deux groupes rivaux tout ce qui advienne c’est du domaine des autorités publiques, normalement des enquêtes doivent être menées et des condamnations prononcées’’.
L’UFDG n’est-elle pas responsable du moins du meurtre du journaliste ?
‘’On ne peut nier le fait que l’incident qui a conduit à la mort du journaliste a eu lieu à l’UFDG. C’est un fait établi. Maintenant, la responsabilité ou la recherche des coupables incombe à la justice. Ce n’est pas à nous de nous ériger en juges. Je ne défends pas l’UFDG. Je dis simplement que le travail revient à la justice. Ce qui est en train d’arriver et au niveau de l’UFDG et au niveau du RPG c’est quelque chose de déplorable. Nous, jeunes partis nous avons à un moment pensé que ces partis ont atteint un niveau de maturité telle qu’ils peuvent gérer leurs problèmes à l’interne sans que cela ne rejaillissent à la nation tout entière. D’un côté, on exige d’avoir des postes en excluant d’autres guinéens. De l’autre, il y a eu exclusion qui a entrainé mort d’homme. Je me disais que si dans ce pays on apprenait à respecter les textes qui régissent nos structures, notre pays, il y a des incidents qu’on aurait pu éviter. A mon avis, au sein de l’UFDG, il y a une possibilité que tous les cadres respectent les textes. Car, ils viennent de sortir d’un congrès. Il y a la constitution, le code pénal et la charte des partis politiques qui régissent également le fonctionnement des différentes structures politiques du pays. Quand il y a exclusion d’un individu, il y a la justice. Vous avez vu avec Mamadou Barry qui est en justice. C’est ce qui aurait dû se passer avec Bah Oury aussi’’, conclu l’homme politique.
Propos recueillis par Abdoulaye Maci Bah pour Afrinews
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