L’opposition ne croit pas à l’affirmation du président Alpha Condé qui dit qu’il sera réélu à la présidentielle de 2015 dès le premier tour « sans tricher ». Rencontré par notre reporter, Dr Abdoulaye Korsé Baldé de l’Union des Forces Démocratiques (UFD), un parti d’opposition en Guinée pense que le bilan actuel du régime en place ne peut pas lui permettre d’être réélu. C’est pourquoi, il chercherait des astuces pour faire semblant de rejeter l’appui de la communauté internationale et distraire l’opinion dans des manouvres politiciennes.
Lisez:
A l’occasion de l’inauguration de la cité de kipé, le président Alpha Condé a déclaré qu’il sera réélu dès le premier tour de la présidentielle. En tant qu’acteur politique, quel commentaire faites-vous à ces propos’
Je ne voudrais commenter cette affirmation de Mr Alpha CONDE. Car, je ne l’ai pas écoutée personnellement. Selon ce que j’ai appris il aurait ajouté qu’il gagnerait les élections dès le 1er tour «sans tricher ». Là est la grosse interrogation.
Il est très important a mon avis d’analyser cette hypothèse avec sérieux et lucidité et c’est l’occasion pour moi d’interpeller l’opposition à être solidaire dans la franchise afin de déjouer le monstrueux échafaudage de tricherie du RPG-arc en ciel (ndlr, parti au pouvoir).
La transparence d’une élection s’évalue en 3 phases : en amont, pendant et après le scrutin.
La 1ere étape (avant scrutin) est cruciale. Elle concerne beaucoup de choses. C’est plusieurs mois voir plusieurs années avant le jour J d’une élection qu’il faut élaborer les documents électoraux dont le fichier électoral qui doit être propre, juste. L’exactitude de ses données est un préalable à toute élection qui se veut transparente, crédible et équitable. Il y a entre autre la sincérité des listes électorales, la rationalité du découpage, l’équité des bulletins de vote, la loyauté de la campagne électorale … .
La 2eme étape (le jour j du scrutin) : Il ya la surveillance du vote, le décompte des voix, les procès verbaux, la transmission des PV … .
La 3eme étape (après le scrutin) : de la centralisation à la publication.
Il se trouve dans le cas actuel de la Guinée le régime RPG-arc-en-ciel du président de la République « élu » en 2010 n’a réussi qu’à poser la 1ère pierre des chantiers d’hôtel …,
Sauf que Mr Alpha se précipite à inaugurer une cité inachevée sans donner le moindre signal de garantie juridique aux potentiels investisseurs: hôtes de ces hôtels, sur la sécurité de leurs capitaux.
– Il n’a pas réussi, il n’a même pas essayé à réconcilier les guinéens dont les stigmates de la campagne présidentielle 2010, surtout d’entre les 2 tours ont été aggravés par une discrimination administrative sans précédent sous son règne.
– Il n’a pas réussi à créer de l’emploi aux jeunes guinéens.
– Il n’a pas non plus réussi, à protéger les emplois existants, ceux des nombreuses sociétés qui ont mis la clef sous le paillasson.
– Il n’a pas réussi à attirer des nouveaux investisseurs.
– Il n’a pas réussi à dissimiler l’interférence de l’exécutif sur le judiciaire et le législatif.
– Il n’a pas réussi à assurer la sécurité physique et matérielle des guinéens sur notre territoire.
– Il n’a pas réussi à maintenir un dialogue même de dupe entre les acteurs politiques,
– Il a tout simplement échoué a combler les espoirs et les attentes de tous les guinéens, sans distinction de religion, d’ethnie et de région, même si certains sont plus vulnérables à la manipulation politicienne ou encore au profit illicite. Il suffit à chaque compatriote d’en discuter avec ses amis d’autres régions même s’ils sont dignitaires de ce régime pour s’en convaincre.
Tout, laisse donc à croire que le bilan des 4 années de règne de Mr Alpha CONDE ne pourrait le réélire sur la base de ses résultats de développement économique, de la justice sociale, de ses promesses électorales … .
Ne soyez pas surpris qu’il ait dû travailler sous l’égide de son gouvernement à se faire réélire sur la base d’un fichier électoral travesti qu’il a fait établir en 2013 à la place de celui qui l’a fait élire en 2010.
Toutefois, les signaux sont suffisamment mauvais, eu égard à certains indicateurs connus de tous les guinéens :
• les résultats tendancieux du Recensement GPH qui veulent faire accréditer qu’entre 1996 et 2014 la haute Guinée est devenue miraculeusement plus peuplée pendant que Conakry stagne et que le fouta périt.
• le zèle des commis de l’Etat (abus de pouvoir, violation des lois et règles …)
• à la corruption de l’administration (biens et services de l’Etat en faveur du RPG, conduit à une élection inéquitable orchestrée par une campagne déloyale surtout quand on sait qu’il n y a aucune honte pour les commis de l’Etat à user de leurs positions ainsi que la logistique administrative pour faire campagne pour le pouvoir en place. …)
• à la dévotion des administrateurs territoriaux, élus locaux ou nominés locaux (vol, mensonges, intimidation, …)
Après plusieurs tractations, le gouvernement a fini par admettre l’accompagnement de la communauté internationale dans le processus électoral. Qu’en dites-vous ‘
Pour Cette question, je ne crois pas qu’il y ait eu tractation entre Mr Alpha Condé (ndlr, président de la république) et l’opposition sur le financement des élections. Il me semble que le RPG et son leader ont encore en mémoire leur défaite lamentable aux législatives du 28 septembre 2013 dans les 5 communes de Conakry. Je crois c’est à tord qu’ils attribuent cela (comme l’opposition aussi le penserait) à la seule vigilance des observateurs internationaux « bailleurs des fonds ». C’est évident que ceux-ci ont joué un rôle important dans l’arbitrage qu’il y a eu. Mais la victoire est obtenue par le simple fait que l’opposition fût unie pour ces circonscriptions et qu’elle a assuré une surveillance exhaustive des bureaux de vote, des PV et la centralisation. C’est surtout une leçon pour l’opposition de comprendre que l’aide de la communauté Internationale est relative, c’est le travail qu’elle soutient ; elle ne le fera jamais à notre place. C’est à nous, d’affiner nos stratégies afin que pour toute élection notre seul adversaire soit le pouvoir.
Ceci dit vous comprendrez, pourquoi Mr Alpha Condé dit publiquement qu’il va financer les élections sans aide étrangère, dans les conditions que nous savons et qu’il sait de la gestion de nos deniers publics par lui et son régime. Il s’agissait simplement d’exprimer son humeur et son mécontentement face à une aide qui inhibe ses appétits dont il ne peut se passer.
Cependant, je vais vous surprendre en disant que je le soutiendrais si vraiment il s’y engageait sérieusement. Car, personnellement je suis convaincu que notre pays recèle des ressources nécessaires à s’auto-suffire dans certains domaines dont celui-là.
Croyez moi, il faudra tout simplement gérer correctement (dans les actes et les comportements et non par les slogans) nos ressources, réduire le train de vie de l’Etat et se défaire du mensonge qui a gangrené notre société.
Aujourd’hui, le gouvernement au lieu de se battre contre les défis de la maladie, de la misère et de la pauvreté, il est contraint de se consacrer au front de la rumeur qui règne en maitre. L’anarchie est totale, 3 jours sur 6 dans la semaine, tes enfants n’auront pas la chance de faire leur trajet habituel de l’école sans être détournés pour cause de barrages érigés par des citoyens mecontents. La rumeur étant le produit du mensonge, nous invitons les pouvoirs publics à se poser la pertinente question pourquoi nos institutions sont-elles désavouées, les citoyens ne croient plus aux paroles, même aux menaces des gouvernants ‘ L’on doit se souvenir entre les 2 tours de l’élection présidentielle de 2010, une affaire d’empoisonnement de l’eau de coyah avait changé le cours de l’histoire en Guinée et a fait école à maints égards.
Ce qui est curieux, a l’époque, il y’ avait un homme politique (je me réserve de dire un homme d’Etat), qui avait une parcelle de pouvoir qui a pris des décisions importantes et un engagement ferme de mener les enquêtes afin d’identifier les coupables pour savoir toute la vérité sur cette affaire ; rien n’y fit. Pire, ce personnage controversé avoue sans aucune pression qu’il s’agissait d’une histoire vraie, qu’il connait les auteurs et qu’il ne le dira pas (ndlr, allusion faite à Jean Marie Doré); encore rien n’y fit. Les tenants du pouvoir comme les citoyens attendront qu’il ne dispose plus (parce que cela arrivera tôt ou tard) de ses facultés pour regretter le fait qu’on ne saura jamais la vérité.
Il y a un adage africain qui dit si le vent t’apporte une porte, il faut t’en fabriquer une autre en réserve. Ce que le mensonge a amené c’est certainement le mensonge qui le retirera.
J’espère que le peuple tout entier se fixera pour objectif prioritaire de combattre le mensonge dans notre pays. Sans mensonge aucun délit, ni aucun mal ne sont possibles.
Merci
Entretien réalisé à Conakry par Abdoulaye Maci Bah pour Afrinews
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