Conakry- l’actualité guinéenne reste dominée par la récente rencontre entre les anciens ennemis jurés lors de la transition de 2008. En effet, le vendredi dernier, Cellou Dalein Diallo et l’ex chef de la junte, Moussa Dadis Camara se sont vus à Ouagadougou pour discuter d’une éventuelle alliance dans la perspective des futures échéances électorales. Depuis lors les commentaires vont bon train. Les plus durs viennent du camp présidentiel, a constaté Afrinews.org
Rappel des faits
Après la mort du feu président Lansana Conté en décembre 2008 de suites de maladie, l’armée a pris le pouvoir sous la conduite du bouillant capitaine Moussa Dadis Camara. A l’époque, les forces vives adhéraient au coup d’Etat. La junte qui s’est emparée du pouvoir a inscrit dans son agenda, la moralisation de la chose publique par la lutte contre la corruption et le narco trafique. Plusieurs dignitaires du régime précédent ont été dénoncés publiquement à tort ou à raison. Parmi ceux-ci, l’ancien premier ministre et président de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) Mamadou Cellou Dalein Diallo. Son nom est cité presque à chaque sortie du putschiste sur les ondes des medias d’Etat dans ce qu’on appelait ‘’le Dadis chaud’’.
Une commission d’audite a été mise en place par le capitaine autoproclamé. Mais les auditeurs n’ont jamais réussi à culpabiliser Dalein. Malgré tout, le patron de l’exécutif se servait de ça pour brandir ses menaces contre son opposant qui ne voulait pas le voir se présenter à la présidentielle conformément à ses engagements lors du prise du pouvoir.
Dans cette lutte, un grand rassemblement des ‘’forces vives’’ dont la grande partie était des militants de l’UFDG fut réprimé dans le sang par des soldats de la garde présidentielle et d’une milice au solde du pouvoir. Selon l’ONU, plus de 157 opposants ont été massacrés, une centaine de femme violée, de nombreux disparus, des blessés et des arrestations en masse. Les leaders politiques qui tenaient le discours à l’intérieur du stade du 28 septembre ont été violentés et blessés. Cellou DALEIN qui était recherché a subi le plus de violence. Hospitalisé dans une clinique de la place avant d’être évacué à l’étranger, l’opposant avait dénoncé une ‘’répression sauvage’’.
Des enquêtes ont été ouvertes par la justice guinéenne après l’attentat dont a été victime le capitaine Dadis par son aide de camp. A ce stade, plusieurs officiers de l’armée qui étaient dans les affaires ont été inculpés sans leur mentor qui se trouve en exil forcé à Ouagadougou.
Ces derniers temps, Moussa Dadis Camara a non seulement annoncé sa démission de l’armée et sa candidature à la présidentielle du 11 Octobre 2015 sous la bannière du FPDD.
Dadis enjeu de la présidentielle de 2010
Pendant la campagne électorale du scrutin qui a abouti à l’élection du président de la république actuel, le candidat Alpha Condé avait promis aux forestiers au cas où on voterait pour lui. Il allait s’investir pour le retour de l’enfant de Koulé. Cinq ans après rien de cela n’a été fait.
Pourquoi l’ex-chef de la junte est toujours convoité
En dépit de son exil, l’ancien putschiste bénéficie encore d’un soutien considérable en guinée forestière, sa région d’origine. Son retour au pays suite aux obsèques de sa mère a permis à l’opinion de s’en rendre compte avec l’accueil qu’il a eu droit de sa descente d’avion à sa résidence à N’zérékoré ville. Il y a de cela un mois, des femmes de cette région avaient manifesté pour exiger la fin de son exil sous fond de menace.
Pourquoi en veut-on à Dalein ?
Tout le monde le sait bien avant, que des forts soupçons pèsent sur le président Dadis Camara dans l’affaire du massacre du 28 septembre. Le député Amadou Damaro camara du RPG arc en ciel et autres oublient que le président Alpha Condé a utilisé le nom de Dadis pour obtenir le vote des forestiers en 2010. A-t-il tenu sa promesse de faire revenir en Guinée l’enfant de Koulé ? Non, pourquoi en veut-on à Dalein qui au moins a attendu que le capitaine se lance en politique pour nouer une alliance avec son parti comme pouvait le faire tout autre parti politique légalement constitué. Entre celui qui a promis sans tenir sa promesse et Cellou, qui a vendu son âme?
A vrai dire, cette nouvelle donne politique fait trembler le parti au pouvoir. On cherche le problème là où il n’y en a pas. Qu’on laisse les morts dormir et que la justice fasse son travail. Seule, elle peut déclarée tel ou tel coupable.
Le bilan macabre sous Alpha Condé
Qu’on se rappelle que le régime du président Alpha Condé n’est pas blanc en matière du respect des droits de l’homme. Soixante quatre personnes ont été tuées lors des manifestations de l’opposition par les services de sécurité sans que la justice ne soit rendue.
La guinée a une histoire sombre. Les régimes qui se sont succédés à la tête du pays ont tour à tour bafoué les droits des populations.
Mariam Diallo pour Afrinews