Le sommet Etats-Unis / Afrique se termine aujourd’hui et la presse africaine n’est pas très optimiste dans son ensemble. Un sentiment qui contraste avec les nombreuses photos des chefs d’Etat tout sourire, en compagnie de Barack Obama ou de John Kerry. C’était le cas hier du président burkinabè Blaise Compaoré, félicité par John Kerry pour ses efforts pour la paix dans la région. Une photo que l’on retrouve donc sur Faso net.
« L’Afrique doit se convaincre qu’il ne revient pas aux autres de faire son bonheur à sa place », petite phrase qui en dit long sur le goût amer que semble déjà laisser ce sommet, au détour d’un article à ne pas manquer dans Le Pays. Pour le quotidien burkinabè, « Barack Obama s’attache avant tout à défendre les intérêts économiques de son pays. Les prédateurs de la démocratie, lit-on, ne se sont pas fait prier pour accourir à Washington, (…) les Africains peuvent se désillusionner », estime Le Pays.
« L’Afrique doit trouver des solutions toutes seules », s’exclame presque en écho Achille Mbembé interrogé par Guinée Conakry Info. Pour ce professeur camerounais qui enseigne dans une université sud-africaine, « l’Afrique doit redevenir son propre centre ».
« Elle doit se reconstituer en un vaste espace de circulation ; abolir progressivement les frontières héritées de la colonisation, (…) financer elle-même ses institutions ; mettre en place d’immenses projets de développement d’infrastructures sous-régionales », dit Achille Mbembé dans Guinée Conakry Info.
Même son de cloche du côté de l’Observateur Paalga. « Le tout n’est pas de professer de belles théories du haut d’une chair, soit-elle, celle du Bureau ovale. Il faudrait résolument mettre la main à la poche pour sortir le continent noir de l’ornière », peut-on lire dans l’Observateur Paalga.
Au Nigeria, Ebola gagne du terrain
Et pendant ce temps en Afrique la fièvre Ebola continue de se répandre. Alors qu’aux États-Unis on teste un sérum sur les deux missionnaires américains infectés avec l’espoir de trouver le remède miracle, au Nigeria six nouveaux cas sont apparus. C’est une information du journal Vanguard. Ils n’ont pas encore développé la maladie, mais ils ne sont pas soignés non plus car le Nigeria ne dispose d’aucun traitement. Selon le journal, cela devient un vrai challenge pour stopper l’épidémie qui gagne le pays, tant les moyens sont limités, et dans un contexte où une partie du corps médical est en grève. Le journal nigérian estime qu’il faut créer plus de centres d’isolement pour mettre rapidement les gens infectés en quarantaine. Les médecins nigérians seraient en contact avec les médecins américains et auraient demandé à tester eux aussi le sérum expérimental.
Le sort des gazaouis au cœur des préoccupations des algériens
En Algérie, un vaste mouvement de solidarité avec le peuple palestinien gagne le pays. Les autorités ont décidé d’aider la population de Gaza, en envoyant un don d’urgence de 25 millions de dollars. La société civile s’organise aussi pour récolter des dons. Car selon El Watan, « l’ONU abandonne les Palestiniens », et les effets de la crise humanitaire pourraient s’avérer bien plus graves pour la population gazaouie que l’agression militaire elle-même. Le quotidien algérois dénonce l’absence totale d’aide humanitaire internationale. « Les aides insuffisantes reçues par les réfugiés sont le fruit d’initiatives locales. L’ONU ne fait rien alors que la catastrophe humanitaire est bien réelle », peut-on lire dans El Watan.
Le journal revient longuement aussi sur la session urgente consacrée à la grave situation dans les Territoires palestiniens occupés et en particulier à Gaza, qui va se dérouler aujourd’hui à l’ONU. Et El Watan constate le dynamisme de la diplomatie algérienne sur le sujet à l’origine de plusieurs initiatives pour la paix, relayées par le Mouvement des pays non alignés. L’action de l’Algérie est également destinée à « recréer les conditions pour la reprise des initiatives de paix qui doivent aboutir à la fin de l’occupation et à l’établissement d’un Etat palestinien sur sa terre. », lit-on dans El Watan.
Au Sénégal, un procès Wade très agité
Enfin au Sénégal, le procès de Karim Wade commence à faire des vagues. A 45 ans, l’ancien ministre et fils de l’ancien président, en détention préventive depuis avril 2013, est poursuivi pour enrichissement illicite avec une fortune estimée à 178 millions d’euros. Une somme qui, selon l’accusation, est bien cachée dans des paradis fiscaux dont Monaco et Singapour. Alors que lundi, le procès de Karim Wade a déjà vu la condamnation d’un partisan du fils de l’ancien président sénégalais à deux ans de prison ferme pour avoir troublé l’audience, cette fois c’est la défense de l’ancien ministre qui trouble les audiences, selon Le Quotidien, le journal dakarois, en dénonçant la capacité de la CREI à juger Karim Wade et ses présumés complices. La CREI c’est la Cour de répression de l’enrichissement illicite. « J’espère que la CREI va disparaître », s’est exclamé l’un des avocats. Pour eux, tout cet engrenage n’est rien de plus qu’une vaste supercherie juridique, relate Le Quotidien, qui constate que le procès est très chahuté à l’intérieur comme à l’extérieur du palais de justice.
RFI/afrique