Décès d’Idriss Déby: la transition militaire au Tchad place la communauté internationale entre le marteau et l’enclume

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Au Tchad, de plus en plus de voix s’élèvent contre la transition mise en place par l’armée après la mort du président Idriss Déby Itno. Mais sur le plan international, c’est le silence radio.

Les militaires ont mis de côté la constitution et dissous le gouvernement pour mettre au pouvoir le fils du président décédé. D’habitude la communauté internationale condamne ce genre de situation. Mais pour le cas du Tchad, il n’y a pas encore de dénonciation de la violation de l’ordre constitutionnel par le Conseil Militaire de transition, dirigé par Mahamat Deby Itno.

Par contre, tous les présidents du G5 Sahel ainsi que le président en exercice de l’UA Felix Tshisékédi sont annoncés vendredi aux obsèques du Président Idriss Déby Itno.

Ils ne seront pas les seuls. L’Élysée a aussi annoncé le déplacement du chef de l’État français Emmanuel Macron. Un déplacement qui sera scruté car la France se trouve dans une situation délicate.

Pour Roland Marchal, chercheur au centre de recherches internationales (CERI) de Sciences Po Paris, la diplomatie française va devoir éviter les confusions.

“Cette Afrique-la, ce n’est pas l’Afrique du 21eme siècle. Il faut le dire très clairement. C’est une Afrique des années soixante. Ce n’est plus acceptable aujourd’hui sur le continent” dit-il à l’AFP.

“La France rentre dans une période difficile parce qu’elle va avoir à justifier une position qui est assez injustifiable. C’est-à-dire, il y a un coup d’état au Mali, [et] la France demande le respect de la constitution et le retour au pouvoir des civils. Il y a un coup d’état, parce que c’est de cela dont on parle au Tchad, il y a un coup d’Etat ou le fils du président se coopte 18 mois de transition avec le promesse de vagues élections, et la France dit “bravo, vive la stabilité politique”, dit l’analyste.

Pour sa part, la France indique avoir “pris acte” des conditions dans lesquels la transition commence, et qu’elle espère une transition pacifique vers “une gouvernance civile stable et que la transition militaire sera la plus brève possible”, selon le porte-parole du gouvernement.

Comment l’Union africaine va-t-elle réagir ?

Le conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) se réunit ce jeudi pour discuter des crises politiques au Tchad et en Somalie.

Comme la France, les dirigeants du continent se trouvent dans une position difficile.

Le Tchad est un pays important pour les efforts internationaux de lutte contre les militants islamistes en Afrique et pour la stabilité de la région du Sahel.

Il a également joué un rôle dans la recherche de la stabilisation du Soudan et de certaines parties de l’Afrique centrale.

Selon Kamissa Camara, expert principal pour le Sahel à l’Institut américain pour la paix et ancienne ministre malienne des Affaires étrangères, ce qui s’est passé au Tchad est un coup d’État. “C’est assez évident,” dit-elle.

Cependant la disparition d’Idris Deby laisse « une grande inquiétude » au plan sécuritaire, et cela explique en partie le silence relatif de la CEMAC et de l’Union Africaine.

« L’importance du Tchad fait que ces différentes organisations continentales et régionales sont extrêmement prudentes sur les déclarations publiques qu’elle feront sur la situation au Tchad, et aussi étant donné le flou actuel, je pense qu’il est prudent peut-être de se retenir. » déclare-t-elle à BBC Afrique.

Elle ajoute également qu’il ne faut pas oublier que le président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, est tchadien.

“C’est un ancien ministre des Affaires étrangères. Lorsque le coup d’état malien est survenu en aout 2020, il a condamné l’action militaire au Mali. Je pense que là il a raison d’être prudent”.

Le conseil de paix et de sécurité de l’UA peut recommander des sanctions contre les États membres qui violent sa charte sur la démocratie et la gouvernance. Ces mesures peuvent aller jusqu’à la suspension de l’Union.

Au Tchad, les partis d’opposition et les syndicats condamnent la suspension de la constitution et qualifient la démarche du Conseil Militaire de transition (CMT) de “coup d’État militaire”.

De leur côté, les rebelles du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), déterminés à renverser le conseil militaire actuellement au pouvoir, annoncent qu’ils reprendront les hostilités.

C’est dans ce contexte que le General Mahamat Idriss Deby Itno a pris la parole ce mercredi pour la première fois depuis la mort de son père et depuis son accession au pouvoir à la tête du CMT. Son but : rassurer.

« Je tiens à affirmer avec force que le Conseil militaire de transition n’est pas là pour confisquer le pouvoir. Au terme de la période de transition de 18 mois, le pouvoir sera rendu à un gouvernement civil, à l’issue d’élections libres et démocratiques », indique le chef du Conseil Militaire de Transition.

Il a également assuré de la mise sur pied d’un gouvernement dans les prochains jours.

« Le conseil militaire de transition n’a aucune ambition de gouverner solitairement le pays », dit-il.

Bbc Afrique 




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