Le Parquet national financier (PNF) avait réclamé quatre ans de prison dont deux avec sursis à l’encontre de l’ancien chef de l’Etat, poursuivi pour corruption et trafic d’influence. L’avocat Thierry Herzog a, de son côté, annoncé son intention d’interjeter appel de sa condamnation.
« Vous relaxerez Nicolas Sarkozy ». C’est ce qu’avait réclamé Me Jacqueline Laffont, le conseil de l’ancien président de la République, lors de sa plaidoirie du mois de décembre. L’avocate n’a pas été entendue ce lundi, puisque le tribunal correctionnel de Paris a décidé, deux mois et demi après son procès, de condamner Nicolas Sarkozy à trois ans de prison dont deux ans avec sursis, dans l’affaire dite des « écoutes ». Une peine qui peut nécessiter un aménagement à domicile, sous forme de bracelet électronique, a souligné la présidente du tribunal, Christine Mée. Ce dernier devient ce lundi le deuxième ex-président à être condamné sous la Ve République, après Jacques Chirac en 2011 dans l’affaire des emplois fictifs de la ville de Paris.
L’ex-chef de l’Etat, qui a quitté la salle d’audience très rapidement après le délibéré et sans effectuer aucun commentaire, a été reconnu coupable des délits de corruption et de trafic d’influence. Le tribunal a ainsi estimé que le pacte de corruption était établi grâce à un « faisceau d’indices graves et concordants ». La présidente a notamment évoqué des « intérêts communs vers un même but : celui d’obtenir une décision favorable en faveur de Nicolas Sarkozy ».
L’ancien chef d’Etat avait clamé son innocence à la barre, en demandant à être « lavé de cette infamie ». Comme lui, l’avocat Thierry Herzog et l’ancien magistrat Gilbert Azibert étaient jugés pour corruption et trafic d’influence. Ils ont tous les deux été reconnus coupables de ces délits et eux aussi condamnés à trois ans de prison dont deux avec sursis. L’avocat a, en plus, écopé d’une interdiction d’exercer sa profession pendant cinq ans. Il a annoncé peu avant 15 heures son intention d’interjeter appel de cette décision.
« Un entrisme au sein de l’institution »
Le Parquet national financier avait lui aussi acquis la conviction qu’un pacte de corruption avait été noué entre les trois hommes début 2014 pour se renseigner et influencer sur une procédure en cours au sein de la Cour de cassation « en pratiquant un entrisme au sein de l’institution et en le voilant par l’utilisation de lignes occultes » − les fameuses lignes téléphoniques au nom de Paul Bismuth.
Concrètement, Nicolas Sarkozy est soupçonné d’avoir obtenu par l’intermédiaire de son avocat Thierry Herzog des informations couvertes par le secret auprès de Gilbert Azibert au sujet d’un pourvoi alors en cours d’examen à la Cour de cassation dans l’affaire Bettencourt.
A l’époque, Nicolas Sarkozy avait bénéficié d’un non-lieu dans ce dossier, mais il cherchait à faire annuler par la haute juridiction la saisie de ses agendas présidentiels, qui auraient pu être utilisés dans d’autres procédures judiciaires. En contrepartie de ces informations, l’ex-chef de l’Etat est soupçonné d’avoir promis d’apporter un « coup de pouce » à Gilbert Azibert pour un poste de prestige à Monaco, où ce dernier n’a finalement jamais été nommé. L’ancien président n’en a pas fini avec les prétoires. Le procès Bygmalion, lié au financement de sa campagne en 2012, s’ouvre le 17 mars.
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