Des heurts entre manifestants et forces de l’ordre ont eu lieu lundi à Conakry, lors d’une reprise de la mobilisation pour empêcher un éventuel troisième mandat du président Alpha Condé, stoppée depuis trois mois par la pandémie de Covid-19, a constaté l’AFP.
Un jeune homme de 22 ans, Amadou Barry, a été blessé par balle au visage alors qu’il se rendait à une manifestation dans le quartier de Hamdallaye, fief de l’opposition dans la banlieue de la capitale, ont indiqué un de ses proches et une source médicale.
Avec l’apparition de la pandémie de Covid-19, le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), collectif de partis, syndicats et représentants de la société civile, avait suspendu les manifestations.
L’organisation avait régulièrement appelé à manifester depuis octobre, pour faire barrage à une nouvelle candidature du président Condé à la présidentielle prévue en octobre.
Cette trêve a été levée lundi, bien que les rassemblements restent interdits en raison de l’état d’urgence sanitaire, comme l’a rappelé dimanche soir à la télévision le ministre de l’Administration territoriale, Bouréma Condé.
Ce pays pauvre d’Afrique de l’Ouest, régulièrement en proie à des manifestations et une répression sanglante, a officiellement enregistré quelque 6.500 cas de Covid-19 et 39 décès.
A Wanidara, autre fief de l’opposition dans la banlieue de Conakry, des manifestants ont érigé des barricades et brûlé des pneus. Les forces de l’ordre ont tenté de les disperser avec des grenades lacrymogènes, selon un correspondant de l’AFP.
Les domiciles du chef de l’opposition politique Cellou Dalein Diallo, et du coordonnateur national du FNDC Abdourahmane Sano, étaient bouclés par les forces de l’ordre.
L’appel du FNDC “n’est quasiment pas suivi”, a assuré dans un communiqué le ministère de la Sécurité. Il a fait état d'”actes d’incivisme” avec “des tentatives de barricades, le déversement d’huile de vidange sur la chaussée (et) des jets de pierres”, à Conakry et en province.
Le mandat de M. Condé, 82 ans, élu en 2010 et réélu en 2015, arrive à échéance à la fin de l’année. L’opposition est convaincue qu’il briguera sa propre succession.
Celle-ci a vainement tenté de s’opposer à une nouvelle Constitution soumise le 22 mars à référendum, et dénonce un subterfuge de M. Condé pour se représenter.
Ancien opposant historique, devenu premier président démocratiquement élu après des décennies de régimes autoritaires, Alpha Condé entretient l’ambiguïté sur ses ambitions.
La commission électorale a proposé un premier tour de la présidentielle le 18 octobre.
AFP