Mali: escalade de violence à Bamako lors de la manifestation contre le président, au moins un mort

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Il s’agissait de la troisième grande manifestation organisée en moins de deux mois par la coalition du Mouvement du 5 juin, formée de chefs religieux, d’hommes politiques et de la société civile, qui conteste le président Keïta au pouvoir depuis 2013.

Bamako a connu, vendredi 10 juillet, sa journée la plus tendue depuis près d’un an, lors d’une nouvelle manifestation contre le président malien, Ibrahim Boubacar Keïta, qui a dégénéré, avec au moins un mort et 20 blessés et des attaques d’édifices publics, dont l’Assemblée nationale.

Il s’agissait de la troisième grande manifestation organisée en moins de deux mois par la coalition du Mouvement du 5 juin, formée de chefs religieux, d’hommes politiques et de la société civile, qui conteste le président Keïta, au pouvoir depuis 2013.

Cette contestation, emmenée par l’imam Mahmoud Dicko, réputé très influent, fait craindre aux partenaires du Mali une aggravation de l’instabilité d’un pays déjà confronté depuis 2012 à des attaques djihadistes, auxquelles se mêlent depuis cinq ans des violences intercommunautaires. D’autant plus que, depuis 2015, le Burkina Faso et le Niger voisins sont en proie aux mêmes phénomènes.

« Nous avons enregistré 20 blessés [et] un mort à la morgue », a déclaré le docteur Yamadou Diallo, en service aux urgences de l’hôpital Gabriel-Touré, dans la capitale. Le décès a été confirmé à l’Agence France-Presse par un responsable de la Primature. Après le rassemblement, des manifestants ont attaqué le siège l’Assemblée nationale.

« Plusieurs bureaux ont été saccagés, des documents détruits, des biens emportés », a déclaré un responsable de l’institution. « Les forces de l’ordre ont été obligées de tirer », a-t-il ajouté.

Les deux chaînes de la télévision publique malienne ORTM ne diffusaient plus, vendredi après-midi. Les causes de cette interruption n’étaient pas connues dans l’immédiat, mais elle s’est produite après que des manifestants, à l’issue du rassemblement, se sont dirigés vers le siège de la radio et de la télévision publiques, dont ils ont occupé la cour, selon des journalistes de l’AFP.

D’autres protestataires bloquaient deux des trois ponts de la ville, ont constaté des journalistes de l’AFP. Des manifestants ont érigé des barricades sur un de ces ponts, alors que des voitures étaient contraintes de dévier de la circulation, selon les mêmes sources. Des incendies sporadiques se sont déclarés en différents endroits où des pneus ont été brûlés.

« Désobéissance civile »

Auparavant, des milliers de manifestants s’étaient retrouvés vendredi après-midi, après la grande prière musulmane, deux jours après un discours du chef de l’Etat visant à désamorcer les tensions.

« Le président de la République a déçu dans son dernier discours », a déclaré à l’AFP Nouhounm Sarr, un responsable du mouvement de contestation. « Nous ne voulons plus de ce régime », a, de son côté, affirmé une manifestante, Sy Kadiatou Sow.

« Tout le monde a parlé au président », a déclaré Issa Kaou Djim, un autre responsable de la contestation pendant la manifestation. « Maintenant, on ne le considère plus comme président. Mais tout ce que nous allons faire se fera dans le cadre démocratique et républicain », a-t-il poursuivi.

Des responsables de la contestation ont, par ailleurs, réitéré vendredi leur appel à une désobéissance civile, dans un document en dix points dans lequel ils précisent les actions à mener. Parmi celles-ci figure le mot d’ordre de « ne plus payer aucune amende ou contravention pendant cette période », dont la durée n’a pas été précisée.

Le document mentionne aussi le blocage de l’entrée des services de l’Etat, sauf ceux liés à la santé, l’occupation des carrefours et la mise en place de « brigades mobiles de communication pour le cas où Internet serait coupé ou ralenti ».

Le président Keïta a vainement tenté dans son discours, mercredi soir, un apaisement, en ouvrant la voie à un réexamen de l’inversion par la Cour constitutionnelle d’une trentaine de résultats des législatives de mars-avril, considérée comme déclencheur de l’actuelle crise politique.

M. Keïta a laissé entendre qu’une Cour nouvellement formée pourrait revenir sur cette décision, qui a profité à une dizaine de membres de sa majorité, à commencer par celui qui allait ensuite être élu à la présidence du Parlement.

Le Mouvement du 5 juin réclame la dissolution du Parlement, la formation d’un gouvernement de transition dont il désignerait le premier ministre, ainsi que le remplacement des neuf membres de la Cour constitutionnelle, accusée de collusion avec le pouvoir.

Le Monde avec AFP




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