En Guinée, le pouvoir accusé de saper l’unité nationale en pleine crise du coronavirus

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Les forces de sécurité « harcèlent, intimident ou arrêtent » les opposants à Alpha Condé et se livrent à des pillages, dénonce l’ONG Human Rights Watch.

A Conakry, capitale guinéenne, le 21 mars 2020.
A Conakry, capitale guinéenne, le 21 mars 2020. CELLOU BINANI/AFP

L’organisation non gouvernementale (ONG) de défense des droits humains Human Rights Watch a accusé, mercredi 29 avril, le pouvoir en Guinée d’entraver la nécessaire coopération de la population dans la lutte contre le coronavirus en procédant à des intimidations et à des arrestations d’opposants, dans un contexte de restrictions des libertés liées à la maladie et de crise politique persistante.

Pauvre malgré d’importantes ressources naturelles, la Guinée fait partie de ces pays où l’état du système sanitaire suscite l’inquiétude face à la pandémie. Le pays d’Afrique de l’Ouest a déclaré 1 351 cas confirmés de coronavirus, dont 7 décès.

La Guinée est en outre en proie à une longue crise politique et sociale, alimentée par la volonté attribuée par l’opposition au président Alpha Condé, 82 ans, de briguer un troisième mandat à la fin de l’année. Des manifestations durement réprimées ont fait des dizaines de morts depuis octobre 2019.

Ces dernières semaines, les forces de sécurité « ont harcelé, intimidé et procédé à l’arrestation arbitraire de membres et partisans de l’opposition au cours des dernières semaines », a affirmé dans un communiqué Human Rights Watch (HRW).

« Confiance fragilisée »

L’ONG internationale fait également état de « magasins pillés » par des hommes en uniforme pendant le couvre-feu, en vigueur de 21 heures à 5 heures du matin.

Les forces de sécurité se « livrent à des abus sur la population civile, appliquent les mesures d’urgence en vigueur d’une manière qui fragilise la confiance de l’opinion publique dans les autorités », estime HRW.

« Les abus perpétrés par les forces de sécurité exacerbent une méfiance déjà profonde envers les autorités, créant un obstacle supplémentaire à la lutte contre le Covid-19 », affirme la chercheuse de HRW Ilaria Allegrozzi, citée dans le communiqué.

« Des membres de l’opposition et des représentants d’ONG ont exprimé leurs craintes que le gouvernement instrumentalise la crise pour réprimer la dissidence et bafouer les droits humains », poursuit-elle.

HRW appelle le pouvoir « à maîtriser ses forces de sécurité » pour permettre une « confiance des Guinéens dans leur gouvernement » et un respect de « la distanciation sociale » et des autres « comportements barrières » contre le nouveau coronavirus.

L’opposition a gelé ses manifestations contre le pouvoir en raison de l’état d’urgence.

Le Monde avec AFP




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