Depuis le lancement du chronogramme du projet de tripatouillage de notre Constitution, dans le seul but de permettre à l’actuel chef de l’Etat de se maintenir au pouvoir, nous constatons avec amertumes la restriction de plus en plus croissante des libertés publiques. Pendant que les partisans du pouvoir sont autorisés à manifester leurs soutiens en investissant les médias d’Etats, toute voix contraire à celle allant dans le sens du régime est bâillonnée.
Au fur et à mesure que nous approchons la fin du mandat, se sentant acculé, le pouvoir utilise désormais des méthodes antidémocratiques qui ont toujours été évitées même par les régimes militaires qui se sont succédés en Guinée.
C’est ainsi qu’après des scènes d’intimidation de certains médias de la place et d’arrestations sporadiques de jeunes qui se battent contre ce projet illégal, un pas a été franchi depuis le 12 octobre avec l’arrestation de 6 membres du FNDC. Le summum a été atteint le 14 octobre dernier lorsque plusieurs manifestants ont perdu la vie sous les balles des forces de l’ordre.
Contrairement à ce qui a été annoncé dans un communiqué des Forces de Défense et de Sécurité, la consigne sur l’interdiction d’utilisation d’armes à feu n’a nullement été respectée. Selon plusieurs témoins, certains membres des Forces de Sécurité étaient armés. Les images prises par certains journalistes locaux en font foi.
Tout porte à croire que ce communiqué n’avait pour seul but de se dédouaner auprès de l’opinion pour des éventuelles bavures qui semblent être aujourd’hui préméditées.
Suite à ces événements dramatiques qui secouent une fois de plus notre pays, l’Alliance Nationale Patriotique condamne :
- Les multiples violations des droits humains ainsi que la restriction des libertés publiques et individuelles.
- La violence disproportionnée des Forces de l’ordre face aux manifestants ayant entrainée des morts et des dégâts matériels.
- L’incursion des Forces de l’ordre parfois en cagoules – C’est à se demander s’il ne s’agit pas de milices – dans des concessions privées et la casse des maisons.
- L’arrestation systématique de toutes les voix dissonantes à Conakry ainsi qu’à l’intérieur du pays.
Malgré les multiples mises en garde de l’ANP à tous les membres des Forces de Sécurité, contre l’obéissance aveugle à des ordres criminels de tirer sur la population, alors qu’elles sont en principe chargées de sa protection, nous avons malheureusement enregistré des pertes en vies humaines.
Il est inacceptable que des Guinéens continuent de périr simplement en voulant exercer le droit de manifester qui est garanti par la Constitution. C’est d’ailleurs le lieu de s’interroger sur tous les milliards qui ont été englouti dans la réforme du secteur des Forces de Défense et de Sécurité, vu le résultat qu’on a aujourd’hui.
L’Alliance Nationale Patriotique demande - La libération immédiate et sans condition de toutes les personnes arrêtées et illégalement détenues sur toute l’étendue du territoire national,
- Le rétablissement du droit de manifester pacifiquement garanti par la Constitution,
- Le renoncement à ce projet de changement de Constitution qui a déjà mis à mal la stabilité du pays et nous engage dans des horizons beaucoup plus incertains.
L’usage de la force, les crimes de toutes sortes, loin de sauver ce régime, ne pourra que précipiter sa fin ignominieuse, comme celle de toutes les dictatures sanglantes.
L’Alliance Nationale Patriotique rassure que ces crimes commis par les forces de Défense et de Sécurité ainsi que ceux précédents ne resteront pas impunis.
Conakry le 16 octobre 2019
Le Directoire de l’Alliance Nationale Patriotique(ANP)