Conakry, le 03 mai 2019 – Monsieur le Ministre d’Etat, Ministre de l’Industrie et des Petites et Moyennes Entreprises, représentant de Monsieur le Premier Ministre,
Madame la Représentent de la Présidente de la HAC
Mesdames et messieurs les Représentants des Institutions internationales et du corps diplomatique,
Mesdames et messieurs les représentants des associations de presse,
Mesdames et messieurs les participants,
C’est avec un réel plaisir que je souhaite la bienvenue à toute ces personnalités, ces journalistes et autres intervenants dans le système national d’information et de communication de notre pays qui ont accepté d’honorer de leur présence la présente cérémonie de célébration de la journée internationale de la liberté de la presse.
Je commence par adresser une pieuse pensée à la mémoire de tous les journalistes guinéens qui ont été arrachés à notre affection au cours de cette année.
La date du 3 Mai, célébrée depuis quelques années en Guinée,a été proclamée journée mondiale pour la liberté de la presse par l’Assemblée Générale des Nations Unies en 1993 suivant une recommandation de la Conférence Générale de l’Unesco.En effet, pour l’Unesco, la célébration de cette date permet d’informer les citoyens sur les atteintes portées à la liberté de la presse. Selon elle, dans de nombreux pays à travers le monde, des publications sont censurées, condamnées ou tout simplement n’ont pas le droit de paraitre, alors que les journalistes, éditeurs sont harcelés, détenus, ou même tués. A la faveur de cette date, des initiatives peuvent être développées pour la promotion de cette liberté et surtout pour évaluer l’état de la liberté de la presse dans le monde. C’est aussi un moment de réflexion sur les médias professionnels et de souvenir pour les journalistes qui ont perdu la vie dans l’exercice de leur profession.
En organisant cette cérémonie, le Gouvernement guinéen exprime son attachement à ces valeurs déclarées par le système des nations unies. Cette préoccupation justifie le choix du thème de cette journée qui porte sur la responsabilité du journaliste dans le traitement des informations relatives au renforcement de la démocratie notamment, dans l’environnement numérique.
En effet l’ère numérique, fondée sur un développement des technologies de la communication est sujet à de nombreuses interrogations dans notre pays notamment en ce qui concerne les défis liés à l’exercice de la profession de journaliste dans ce nouveau contexte. Si pour certains observateurs avertis,l’ère numérique est une opportunité qui s’offre aux professionnels d’améliorer leur performance dans la collecte et le traitement des informations, pour d’autres, plus septiques, elle n’offre pas suffisamment de garanties pour la protection de la vie privée. Ils estiment que peu de pays ont à ce jour élaboré, adopté des lois ou des pratiques protégeant efficacement la confidentialité des communications en ligne ou le respect de la vie privée sur les média numériques.
Mesdames et Messieurs,
Le journaliste occupe une place essentielle dans l’exercice dela liberté de la presse qui est un indicateur de la vitalité démocratique. Les exigences de responsabilité du journaliste sont des gages de crédibilité dans le traitement des informations. Il est généralement accepté que seule la préservation de l’ordre public, de la morale, de l’intégritéterritoriale et le droit d’autrui peuvent être considérés comme limitatifs de la liberté du journaliste. Un accent particulier est mis sur la divulgation des enseignements personnels ou relatifs à la vie privée et pouvant porter atteinte à la réputation ou à l’honneur. Il lui reviendra d’assumer sa responsabilité en faisant respecter le principe du droit du public à l’information, dans le traitement des informations relatives à la vie des personnalités publiques. Toutefois, la pratique de la profession de journaliste est soumise à un encadrement et à des contraintes notamment sur le plan de l’éthique et au plan juridique définissant les libertés individuelles, la liberté de la presse et le mode de fonctionnement des entreprises de presse ainsi que les infractions en matière de presse. Il est aussi reconnu que la pratique du journalisme est soumise à des contraintes de temps et de rentabilité de l’entreprise de presse.Le fait qu’une entreprise a la charge d’informer ne la dispense pas d’assurer sa propre existence .Elle doit concilier son devoir d’informer et l’obligation de respecter l’intérêt de son public.
A ce titre, le travail du journaliste est soumis à des contraintes d’équipements, de coût et de temps. L’environnement technologique dans lequel il exerce sa profession a une forte influence sur sa capacité d’accéder à ses sources et la rapidité dans le traitement des informations collectées. La technologie numérique renforce le réseau de relations dans lequel évolue le journaliste notamment celui qui le lie aux sources. La rapidité et la régularité de publication influent aussi sur les relations liant l’entreprise de presse et son public.
Ces contraintes sont plus apparentes en périodes électorales pendant lesquelles des enjeux politiques se greffent aux impératifs de développement. L’exercice de la profession de journaliste impose plus de rigueur et de professionnalismedans la relation des faits sans porter atteinte à l’image des acteurs en compétition.
En Guinée, l’environnement médiatique est caractérisé par une forte pénétration de l’internet, de la téléphonie mobile et la vulgarisation des réseaux sociaux. De nombreux sites d’information et la diffusion des chaines de télévision numériques se partagent l’espace médiatique. Les journalistes utilisent de plus en plus cet ensemble de support pour collecter et diffuser des informations pour le public. Le journaliste est alors placé au centre des controverses. Les animateurs de ces médias sont-ils tous des journalistes formés et disposés à assumer la responsabilité qui s’attache à la pratique de la profession et quelle garantie de crédibilité peut-on exhiber pour favoriser la diversité des points de vue et permettre au citoyen de jouer son rôle de façon éclairée dans la vie publique ? Si l’ère numérique favorise la diversité de sources, elle n’en garantit point l’exactitude, encore moins la moralité. Les possibilités de montage virtuel offertes par cette technologie ne contribuent point à crédibiliser les produits véhiculés par ces sites ou supports.
Notre propos d’aujourd’hui est une invite à la réflexion. La présente rencontre est une opportunité qui s’offre aux journalistes et autres intervenants du système national d’information de notre pays de jeter un regard rétrospectif sur la santé de l’environnement professionnel de notre presse, de faire un diagnostic et envisager les traitements adaptés à notre société.
Nous savons que l’évolution ou la révolution numérique sont des phénomènes universels que nul ne saurait arrêter. Que ce soit dans la presse ou d’autres aspects de la vie, la capacité d’adaptation est un gage de réussite dans la course vers le développement. Le débat sur la responsabilité des journalistes doit permettre de concevoir un cadre professionnel ou réglementaire destiné à renforcer la crédibilité des informations par la crédibilisation des journalistes. Leur capacité de contribuer à la construction de la démocratie et la préservation de la paix est à ce prix. Notre pays est actuellement doté des instruments juridiques et institutionnels permettant au journaliste guinéen d’assumer sa responsabilité vis-à-vis de son public et de son entreprise de presse.
Près d’une centaine de radios communautaires, des chaines de télévision, sites internet, titres de journaux et de revues fonctionnent en Guinée. Si cette prolifération de titres de presse écrite et en ligne est illustrative de la vitalité et de la liberté d’expression dans le pays, elle est toutefois diversement appréciée par les populations cibles, les autorités et les spécialistes du domaine. Les uns reprochent le manque de professionnalisme aux animateurs de ces médias, les autres fustigent les violations fréquentes des droits et de la vie privée des citoyens.
Ces dysfonctionnements de la presse avaient fait l’objet de réflexion par des institutions Etatiques et des organisations professionnelles. Le manque d’appropriation des textes normatifs par les journalistes, comme la loi sur la liberté de la presse et les chartes déontologiques, ou leur inapplicabilité pour des raisons multiples dont les mauvaises conditions de vie et de travail des journalistes, ont été identifiés comme des causes des disfonctionnements constatés.
Mesdames et Messieurs, Chers Professionnels des
Le ministère de la communication, département en charge de la mise en œuvre de la politique du gouvernement dans le domaine, a jugé utile d’approfondir la réflexion sur l’état de la presse dans notre pays. Cette opération d’élaboration de la politique nationale de communication pour le développement,en cours, vise à formuler des propositions de solutions aux problèmes identifiés afin de faire jouer à la presse nationale la mission qui lui revient dans la construction de la démocratie, la préservation de la paix et la marche de notre pays vers l’émergence. La responsabilité du journaliste, le respect de l’éthique et de la déontologie seront les principaux axes de réflexion et d’échanges entre les professionnels guinéens.
En vous réitérant, la volonté et l’engagement plusieurs fois exprimées par le Chef de l’Etat le Prof Alpha Condé, de ne ménager aucun effort pour faire jouer à notre presse nationale le rôle qui lui revient, en faire un support pour la préservation de la paix, je vous remercie pour votre aimable attention.
Amara Somparé
Ministre de l’Information et de la Communication