Massacre du 22 janvier 2007: Retour sur les faits après 11 ans de leur déroulement

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Conakry  : Le début de l’année 2007 avait été dure pour la Guinée. En cause, la grève syndicale pendant les deux premiers mois de l’année. La CNTG et l’USTG, les deux centrales syndicales du pays pilotées à l’époque respectivement par Hadja Rabiatou Serah Diallo et feu Ibrahima Fofana, ont été à la tête d’exécution du mot d’ordre de grève. Ce qui était au départ une revendication de restructuration du patronat guinéen s’est transformé en appel à la démission du Président d’alors le feu Général Lansana Conté. Appuyés par la population, les deux leaders syndicaux ont mis dans une paralysie totale l’ensemble du pays durant janvier et février.

La colère des syndicats est partie de l’hypothèse qui faisait cas d’un détournement des fonds au sein du patronat dont les principaux présumés auteurs étaient les responsables à savoir Mamadou Sylla et Feu Fodé Soumah. L’un des points essentiels de leurs revendications était le départ de ces deux individus à leurs postes. Le refus du Président Conté à donner satisfaction à ce point a fait perdurer la crise. Au fil des jours, la situation s’est empirée. Les manifestations éclatent partout dans le pays et les pressions sur le régime à prendre en compte les revendications des syndicats se succèdent. Profitant du soutien de la population, les meneurs de la grève changent de vision. Ils optent pour une alternance politique. Par conséquent, ils exigent le départ du Général Lansana Conté. Dans l’espoir de parvenir à ce but, la CNTG et l’USTG appellent les guinéens à la poursuite des manifestations. Dans la ville, des foules proviennent de partout avec pour destination le palais Sekoutoureya afin de deloger de force le chef de l’État. Mais le parcours se heurte a un drame. A chaque axe routier étaient postées des forces de sécurité qui par moments tiraient sans hésitation à bout portant. Malgré ces dispositifs sécuritaires, le pont “8 Novembre” situé à l’entrée de Kaloum avait été atteint. Sur place, des bérets rouges armés ayant pour ordre d’empêcher coûte que coûte toute traversée des manifestants. Dans la marrée humaine qui avait pu se rendre jusqu’à ce pont figuraient Rabiatou Serah Diallo et feu Ibrahima Fofana. Dans l’élan d’affaiblir l’avancée des manifestants, ces bérets rouges se livrent à un véritable carnage. Ils tuent par balles de nombreuses personnes et réussissent en même temps à mettre main sur les deux leaders syndicaux. Face aux balles en rafales, les manifestants rebroussent chemin et désertent les lieux au plus vite.

Malgré cette répression sanglante de la journée du 22 janvier 2007, les syndicalistes et une grande partie de la population demeurent fermes dans leur désir de mettre terme au régime de Lansana Conté. En raisons des violences à répétition dans le pays, l’Assemblée nationale, majoritairement dirigée par le parti au pouvoir, vote pour l’instauration d’un État de siège. De son côté, le feu Général Lansana Conté décrète sa mise à exécution. Avec cette mesure, le climat de tension s’atténue et les négociations pour une sortie de crise démarrent entre leaders syndicaux et pouvoir.

Après quelques jours de dialogue, les deux camps arrivent à un consensus. Nommer un premier ministre qui en aucun cas n’a travaillé avec le régime a été l’un des points convenus.

A la surprise générale, Lansana Conté nomme un de ses collaborateurs comme premier Ministre. Cette nomination provoque dans les minutes qui ont suivi la publication du décret des manifestions un peu partout. C’est ainsi que les guinéens avaient entamé cette nuit là. Constatant que la population était opposée à Eugène Camara, le Président Conté le révoque deux jours plus tard et le remplace par Lansana Kouyaté qui jusque-là n’avait travaillé qu’a l’international. Contrairement à Eugène Camara, il est accueilli à bras ouvert par les guinéens. Ce dernier promet une Guinée prospère sous son ère.

Ce 22 janvier 2018 marque un souvenir triste pour les guinéens surtout les victimes et leurs familles.

Maladho Barry pour afrinews
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