Le Parlement catalan s’engage vers l’indépendance, Madrid destitue le président de la Catalogne

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La résolution de la coalition indépendantiste engageant le processus d’indépendance de la Catalogne a été largement adoptée vendredi. En réaction, le premier ministre espagnol a convoqué de nouvelles élections dans la région fin décembre.

La Catalogne s’engage vers le chemin de l’indépendance. Près d’un mois après le référendum d’autodétermination, le Parlement catalan a adopté, vendredi 27 octobre, un « processus constituant » pour se séparer de l’Espagne, lors d’un vote à bulletin secret.

En réaction, le premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, a annoncé vendredi en début de soirée la destitution du président catalan, Carles Puigdemont, et la dissolution du Parlement de Catalogne.

A Barcelone, le vote du Parlement accueilli par des applaudissements

La résolution adoptée par le Parlement catalan constitue « la République catalane, comme Etat indépendant et souverain de droit, démocratique et social ». Elle a été adoptée, vendredi en début d’après-midi, avec 70 votes pour, 10 contre et 2 blancs. Les 53 autres députés membres de l’opposition sont sortis de l’hémicycle au moment du vote pour protester.

A la proclamation des résultats, les indépendantistes ont applaudi dans l’hémicycle avant de chanter l’hymne catalan. Des dizaines de milliers de personnes ont également exulté devant l’enceinte. Des hourras, des applaudissements et le cri « Indépendance » en catalan se sont élevés de la foule.

Mariano Rajoy destitue M. Puigdemont et dissout le Parlement

A l’issue d’un conseil des ministres exceptionnel vendredi en début de soirée, le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, a annoncé les mesures qu’il comptait prendre en vertu de l’article 155 de la Constitution qui lui permet une mise sous tutelle de la région :

destitution du président de la Catalogne Carles Puigdemont, de son gouvernement et du chef de la police ;

dissolution du Parlement de Catalogne et convocation de nouvelles élections régionales le 21 décembre ;

les ministères du gouvernement central assumeront les pouvoirs de l’administration catalane ;

  1. Rajoy compte saisir le Tribunal constitutionnel pour obtenir la nullité des mesures adoptées vendredi après-midi par le Parlement catalan.

« Ce sont les premières mesures que nous mettons en marche pour éviter que ceux qui étaient jusqu’à maintenant responsables de [l’exécutif catalan] puissent poursuivre leur escalade de désobéissance », a expliqué M. Rajoy au cours d’une allocution télévisée.

« Nous les Espagnols avons vécu une triste journée, au cours de laquelle la déraison s’est imposée à la loi et a détruit la démocratie en Catalogne. »

A Madrid, le Sénat approuve la mise sous tutelle de la Catalogne

La réaction de Madrid n’avait pas tardé après le vote du Parlement catalan. Quelques minutes après le vote du Parlement catalan en faveur de l’indépendance, le Sénat avait approuvé, assez largement (214 voix pour et 47 contre), la mise mise sous tutelle de la Catalogne, en adoptant l’application de l’article 155.

Et en début de soirée, l’accord du Sénat qui permet l’application des mesures de ce texte a été publié au bulletin officiel, permettant à M. Rajoy de prendre des mesures très rapidement. Plus tôt dans la journée, il avait demandé au Sénat l’autorisation de destituer l’exécutif catalan, dont le président Carles Puigdemont, en validant l’article 155. Il a justifié en ces termes « la destitution du président de la Généralité de Catalogne, du vice-président et des conseillers » du gouvernement, sous les applaudissements des sénateurs :

« C’est bien le président de la Généralité [Carles Puigdemont] qui a choisi [par son comportement] que le processus d’’application de l’article 155 de la Constitution se poursuive. Lui, et lui seulement. »

Les sénateurs renoncent à la mise sous tutelle des médias catalans

C’était l’une des mesures les plus controversées de l’article 155 : la mise sous tutelle par le gouvernement espagnol des médias catalans pour garantir une « information fiable, objective et équilibrée ». Mais malgré le souhait du premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, les sénateurs ont écarté cette mesure par l’intermédiaire d’un amendement socialiste.

Les trois médias publics catalans, TV3, Catalunya Radio et l’Agence catalane d’information, comptant quelque 2 300 employés, avaient qualifié mercredi d’« ingérence inacceptable » cette tentative.

Par ailleurs, les sénateurs ont adopté un autre amendement supprimant un contrôle a priori par le gouvernement central des textes adoptés par le Parlement de Catalogne, jugeant cette mesure anticonstitutionnelle.

Carles Puigdemont poursuivi pour rébellion

Après la réponse politique, la réplique judiciaire. En début de soirée vendredi, le parquet général a annoncé qu’il poursuivra M. Puigdemont pour rébellion. Ce délit est plus grave que celui de « sédition », qui avait dans un premier temps été évoqué par le procureur général, et est passible de quinze à trente ans de prison.

Cette procédure pourrait « peut-être être élargie au reste du gouvernement catalan et au bureau des présidents » de l’assemblée catalane, a précisé le porte-parole du ministère public à l’Agence France-Presse.

Lemonde.fr




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