Présidentielle 2020: Papa koly va-t-il désister au profit de Cellou Dalein ? (interview)

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Dans une interview exclusive accordée à quatre sites d’informations guinéens dont Afrinews.org, le leader du parti GRUP (Générations pour la Réconciliation, l’Union et la Prospérité), Papa Koly Kourouma s’est prononcé sur plusieurs sujets d’actualité nationale.

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Bonjour M. le président et merci d’accepter cette interview

Le chef de file de l’opposition, Cellou Dalein Diallo vient de constituer son cabinet. Vous en êtes un des membres. Votre réaction ?

Le Collège des Conseillers qui a été mis en place est composé essentiellement des leaders d’un certain nombre de Partis politiques. Comme vous le savez, il y a Mamadou Sylla de l’UDG, Jean Marc Telliano du RDIG, Papa Koly kourouma du GRUP et Alhousseny Makanera du FND. C’est une nomination que j’ai accueilli avec beaucoup de satisfaction dans la mesure où, c’est un cadre qui va permettre à l’Opposition de moderniser, de parfaire la méthodologie du travail, de s’organiser en une opposition capable d’apporter la contradiction réelle à la gouvernance, et de faire des propositions alternatives. Le débat va quitter la rue pour le bureau. Et j’espère que le gouvernement va nous entendre.

Après la composition de ce cabinet, beaucoup ont critiqué les critères et la présence de certains leaders. Que répondez-vous ?

(Sourires…) Comment on peut dire à un Président de la cinquième force politique de la République que sa représentation fait défaut ? Comment on peut dire qu’un leader représenté à l’assemblée nationale et sur toute l’étendue du territoire national, et qui a participé à deux élections présidentielle. Et qui a été ministre depuis le temps de Conté fait défaut ? (…)

Au sein de ce Collège, il sera question de faire des propositions, d’apporter des critiques au modèle de gouvernance et d’apporter des solutions alternatives. A mon avis, le cabinet est très bien composé et il est composé d’hommes capables d’assumer leurs fonctions. Vous avez quatre leaders choisis, parmi eux, trois qui ont participés aux élections présidentielles. Et il y a trois qui ont été ministres de la République.

Mais certains leaders de l’Opposition disent ne pas se reconnaitre dans ce cabinet. C’est le cas de Mouctar Diallo des NFD qui n’a pas été consulté ?

La composition du Cabinet du Chef de file de l’Opposition relève du chef de file. C’est son pouvoir discrétionnaire.

Il y a Lansana Koyaté qui n’a pas aussi apprécié la composition de ce cabinet. Comment allez-vous faire pour maintenir l’unité de l’Opposition ?

L’unité de l’opposition ne relève pas seulement de la composition du cabinet du chef de file. Ce que vous devez savoir, nous sommes tous des concurrents. Donc, il va de soi qu’il y ait des grincements des dents. Nous ne sommes pas en alliance. Nous sommes une Opposition. Maintenant, les Partis qui estimeront qu’il faut agir ensemble pour créer l’alternance, on ne dira pas non.

D’aucuns disent que vous vous retrouvez dans ce cabinet pour aider le président de l’UFDG à devenir président en 2020…

Si, c’est la meilleure stratégie, je ne dirai pas non. Mais j’ai commencé par vous dire que cette question ne se pose pas pour l’instant.

Est-ce que vous serez prêt à désister pour un autre candidat afin de créer l’alternance en 2020?

Non, la question ne s’est pas posée encore. Si on pouvait le faire, il faut qu’on soit suffisamment motivé.

Ces dernières semaines, nous assistons à des remous sociaux à Boké, kérouané et Beyla. Comment expliquez-vous tout ça?

Ces manifestations sont les résultats de la mauvaise politique minière, de la déconfiture entre les gouvernants et les gouvernés. Il y a eu tellement de promesses, les citoyens n’ont plus la confiance du gouvernement. Le chef de l’Etat a trop promis. En cinq ans on peut promettre. Après cinq ans passés, les masques tombent. Aujourd’hui, je pense que les masques sont tombés. Il appartient au gouvernement de tirer les leçons pour trouver les solutions idoines afin d’apaiser la cité. En prenant Beyla, il y a encore des infrastructures inscrites au BND dans le cadre du 55e anniversaire de l’indépendance qui n’ont pas été achevées alors que tous les financements ont été faits.

Est-ce qu’on peut espérer que, les 20 milliards annoncés dans l’accord cadre avec la chine vont résoudre ces crises ?

Non, absolument pas ! Vous savez les 20 milliards, on n’explique pas très bien aux gens. On n’a pas obtenu 20 milliards. Ce qui a été signé, c’est un accord cadre. Ça veut dire dans le futur nous allons faire ceci, nous allons faire ça. Nous avons besoin de 20 milliards.Cela veut dire qu’ils se projettent dans le futur en disant nous voulons faire ceci, nous voulons faire cela. Nous avons besoin de 20 milliards et l’autre partie dit il n’y a pas de problème, on fera en sorte qu’on puisse trouver cet argent dans le temps pour pouvoir réaliser des infrastructures dans votre pays. En d’autres termes c’est du zap.

Donc vous n’y croyez pas ?

Non, ce n’est pas que je ne crois pas. Mais je veux qu’on replace le contexte. Parce que quand on veut dire que c’est 20 milliards qui ont été trouvés, 20 milliards n’ont pas été trouvé, on veut 20 milliards pendant 20 ans (…) Vous et moi on peut signer un accord cadre tout à l’heure, vous dites je veux faire un site avec télévision avec je ne sais quoi, le coût sera ça, et moi je me dis en tant que parti, j’accepterai de vous donner le financement à la longue, mais à condition que vous soyez avec moi, que vous fassiez ma pub, partout où je sors que, je sois accompagné de vous. Est-ce que vous avez trouvé le montant ? Non. C’est ce que cela veut dire tout simplement.

Ces 20 milliards ne peuvent absolument pas régler le problème. Qu’est ce que les gens demandent ? Ce sont les infrastructures qu’on demande. Les infrastructures pour les réaliser ce n’est pas la mer à boire, il suffit tout simplement de s’organiser, il suffit tout simplement d’avoir de la méthodologie. Ça fait maintenant sept ans qu’il (Alpha Condé, ndlr) est au pouvoir. Si dès la première année on avait fait un plan quinquennal ou un plan septennal avec à l’idée qu’on fera deux mandats et qu’on inscrivait le développement de ce pays dans ce programme, je pense qu’à date, on serait loin. Nous, on n’a eu à y penser quand on est arrivé à l’énergie, pas dans le sens global mais de façon sectoriel. Qu’est ce qu’on n’avait programmé ? On n’avait programmé, puisqu’aujourd’hui la Guinée est suffisamment dotée du mini et micro barrage, on n’avait programmé la réalisation de deux, trois à quatre micros barrages par an par région, par préfecture et par sous-préfecture, pour qu’au bout de cinq à dix ans pour qu’on est pu faire un maillage de la Guinée à travers l’hydro. Ça a resté lettre morte. Toujours est-il qu’aujourd’hui ce qu’on vole dans le budget est supérieur à ce qu’on réalise par manque de contrôle, par manque de vigilance et surtout par l’impunité garantie aux voleurs. C’est ce qui fait qu’aujourd’hui que ce pays n’arrive pas à décoller, sinon il y a suffisamment des ressources qui puissent développer toute la Guinée, mais au moins les ressources qui sont là peuvent permettre le décollage. Mais très malheureusement quand vous regardez le budget vous vous rendez compte qu’on est toujours en perpétuel recommencement. Les investissements se répètent chaque année comme si l’année dernière on avait rien fait et ça n’inquiète personne, ça n’attire l’attention de personne. On n’envoie réaliser une telle infrastructure, on l’inscrit au budget, ce n’est pas réaliser et l’année prochaine on le remet, à la fin de l’année comme par hasard tout le budget, toutes les dépenses se retrouvent au niveau du trésor en embouteillage. Cela veut dire que tout le long de l’année on n’a rien payé, on attend la fin de l’année, les réalisations ne sont pas faites, on trouve des papiers par-ci par-là, on les colmate pour venir justifier les dépenses et on sort l’argent. Maintenant si au niveau des dépenses il y avait un véritable contrôle, pour aller voir l’argent qui était sorti, est ce que les réalisations sur le terrain ont été effectives, moi je pense qu’il y aurait eu beaucoup d’avancer. Mais chaque année vous recommencez la même chose comment voulez-vous qu’on avance ?

Quels enseignements tirez-vous de vos dernières manifestations ? Est-ce que ce sont des mobilisations réussies ?

J’estime que oui, les mobilisations étaient des mobilisations très réussies. L’enseignement que nous tirons : d’abord, les populations répondent massivement à l’appel de l’Opposition, elles viennent avec beaucoup de détermination et d’engagement. On se rend compte que la population exprime un ras-le-bol. Elle en-a-marre. Elle en a assez. Il y a eu trop de promesses inutiles, qui n’ont pas été honorées. Les populations vivent dans la médiocrité, l’environnement est infecté. Voilà un certain nombre de choses qui font qu’aujourd’hui, les populations croupissent sous le poids de l’incapacité de ce gouvernement à mener un véritable programme de développement. Moi je suis trop surpris.

Souvent, quand on parle de croissance, moi j’ai l’habitude de dire que la croissance dont-on évoque ne devrait être qu’une croissance virtuelle, parce que toute croissance dont les résultats ne reflètent pas le niveau de vie des populations, je ne sais pas comment on va l’appeler. Croissance économique, croissance financière ?

Vous manifestiez pour exiger la tenue des élections communales avant la fin de cette année, mais vous êtes pliez à la date du 4 février 2018, proposée par la CENI. Pourquoi ce changement?

C’est un de nos points faibles. Ce n’est pas une concession, mais le retard dans la pro activité. Et je crois que tout le monde est d’accord avec moi. Très tôt, j’avais dit que si on ne prenait pas garde, le problème qui va se poser à nous, sera un problème de calendrier électoral. J’ai demandé à l’opposition, maintenant que nous-nous sommes accordé sur un certains nombre de choses pour la mise en œuvre de ces accords, essayons d’élaborer un chronogramme, sur la base des éléments que nous avons à notre disposition, et proposons ça à la CENI, comme ça, ils sauront qu’on sait comment un chronogramme s’établit et quels sont les glissements qu’il peut y avoir. Mais je n’ai pas été entendu. Je l’ai répété une fois, deux fois, (…) en plénière et de façon individuel j’ai posé le problème, mais j’ai eu l’impression qu’on n’avait pas l’oreille à cela ou que ce n’étais pas une préoccupation. C’est des calculs fait de l’autre côté. On attend puisse qu’on sait maintenant qu’on n’est pas en mesure de réaliser par rapport à des contraintes, on attend à la date butoir pour nous élaborer maintenant un calendrier. Si nous on avait anticipés, on ne serait pas là.

Et maintenant, je suis en train de crier haut et fort, que le second problème qui va se poser à nous, ça sera un problème de fichier électoral. Je dis dès maintenant prenons nos dispositions pour pouvoir anticiper. Mais là encore, on n’entend pas bien. On va arriver à 2018, on va encore attendre pour glisser à 2019 ou 2020 pour tenir les législatives.

A vous écoutez, on sent que vous n’êtes pas confiant quant à la tenue des élections locales à la date indiquée ?

Non, non, non! C’est différent. Le chronogramme est applicable. Je crois au chronogramme. Mais est- ce que la volonté politique pour le respect de ce chronogramme existe? C’est là mon inquiétude.

Il y a des annonces relatives à votre ambition de briguer la mairie de Matoto, êtes- vous vraiment intéressé?

Moi personnellement non mais le parti oui.

Vous étiez récemment à Ouagadougou auprès du capitaine Moussa Dadis Camara, quel était l’objet de votre visite?

Il a été question de famille. Un grand frère, qui a invité son petit frère pour discuter d’un certain nombre de questions familiales. C’est de cela qu’il a été question.

D’alliance politique, il n’en a pas été question?

Il n’a même pas été question de politique à plus forte raison d’alliance politique.

Est ce que vous avez évoquez son retour en Guinée?

Son retour, tout ça fait parti des questions familiales. Je lui ai dit que la famille est inquiète, quand est- ce le retour en Guinée? Surtout qu’on a vu votre retour manqué. Il a répondu que cava. Qu’il a toute sa confiance en la justice guinéenne. ” J’attends l’invitation des autorités judiciaires guinéennes, pour venir donner ma part de vérité dans les évènements du 28 septembre”. Donc il est dans l’attente de cette invitation des autorités judiciaires.

Le moral du capitaine Dadis est-il bon en ce moment ?

Il a un moral de fer. Il se porte très bien et parfaitement bien. Un parfait état de santé et il est serein.

Quelle lecture fait-il de la situation politique de la Guinée?

D’abord, c’est un homme d’Etat. Quelque soit la distance qui le sépare de son pays, il a toujours quelques inquiétudes. Il suit avec beaucoup d’attention, les évènements qui se passent ici. Il n’a pas manqué de l’évoquer d’ailleurs. Il nous a invités à faire en sorte qu’on apaise l’environnement politique. Par ce que chacun de nous sait, que depuis un certain moment, il y avait une escalade de violences : verbale, comportementale etc… Il nous a demandé de privilégier le dialogue et d’entreprendre tout ce qui peut aller, dans le sens du bien être des citoyens. Donc de ne pas opter pour des manifestations violentes, mais de faire des manifestations pacifiques (…) il est entrain de défoncer une porte déjà ouverte par ce que, ça c’est notre position depuis toujours.

Quel bilan faites-vous de la gouvernance Condé ?

Le bilan que nous avons est négatif. Il n’est même pas zéro, il est négatif. Ce bila est entièrement négatif et marqué par l’incompétence du gouvernement, le manque de vu à long terme. Ce sont des gens qui volent à vu. Ils se contentent d’apporter des solutions opportunes à des questions durables. C’est ça la caractéristique principal de ce gouvernement et c’est ça son bilan.

Et s’il vous ait demandé de prodiguer des conseils utiles à ce gouvernement. Que diriez-vous ?

Il faut qu’on arrive à établir, la confiance entre les citoyens et l’Etat, par le respect des promesses, par le respect des engagements. Ça ne sert à rien d’avoir à gouverner un pays et de vouloir mettre en place une stratégie ethno. Aujourd’hui, la stratégie est communautaire au lieu d’une stratégie globale. Telle communauté m’est favorable, telle ne m’est pas favorable. Ce n’est pas la bonne manière de gouverner. Je pense qu’aujourd’hui, il faut penser Guinée. Et en pensant Guinée, élaborer une stratégie Guinée et agir Guinée.

Il faut aussi qu’on dissocie la présidence du gouvernement. On a tendance un peu à confondre la présidence et le gouvernement par manque d’expertise. La présidence doit élaborer la stratégie de mise en œuvre de sa politique. C’est lui qui a élaboré sa politique, qui la vendu au citoyens, c’est sur la base de ça qu’il a été élu. Et cette mise en œuvre doit être au niveau des départements sectoriels. Mais très malheureusement, ceux qui ont à charge de la mise en œuvre de cette stratégie, pensent qu’ils doivent se substituer aux départements. Dès lors, ça ne marche pas, par ce qu’ils ne sont pas outillés. Aujourd’hui, aucun département sectoriel ne fonctionne. Il y a une hypertrophie de la présidence qui ramène tout à lui. Il y a rien sur le terrain.

Vous étiez il n y a pas longtemps au sein du gouvernement, avant de basculer dans l’opposition. Est-ce que aujourd’hui, vous communiquez avec le Président Condé?

Entre le Président de la République et moi, nous avons deux relations. Nous avons une relation d’employé et employeur. Une relation que j’ai suspendue par ce que j’ai quitté le Palais. J’ai mis croix dessus. Et il y a une relation fraternelle. Nous maintenons cette relation.

Papa Koly Kourouma, merci

C’est moi qui vous remercie

Interview coréalisée par Afrinews.org, newsdeguinee.com, guinee28.info et lepointplus.info

 




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