Dimanche, la grève prévue le 30 janvier dans l’enseignement supérieur privé a été reportée au 15 février. Principale cause de la grogne : le non-paiement par l’État des frais d’études des boursiers guinéens.
Pour l’enseignement privé en Guinée, c’est une première. Le 19 janvier, le bureau de la Chambre représentative de l’enseignement supérieur privé (Cresup) a déposé un préavis de grève générale pour le 30 janvier, avant de finalement reporter son mot d’ordre au 15 février. Une menace prise très au sérieux par le gouvernement, car les activités de 40 000 étudiants et de 6 000 employés sont directement concernées.
Quel est le motif de la grève ?
Cette grève est une tentative du Cresup de contraindre l’État guinéen de régulariser les redevances de l’année universitaire 2013-2014. Selon Souleymane Sylla, fondateur de l’université UNIC à Conakry et membre du Cresup, le montant total des redevances s’élève à 104 milliards GNF (plus de 12 millions d’euros). Mais il ne resterait plus « que » 45 milliards GNF (plus de 5 millions d’euros) à régler selon le ministre de l’Enseignement supérieur, Yéro Baldé, joint par Jeune Afrique. En effet, l’État aurait déjà soldé une première partie des arriérés la semaine dernière.
Suite à ce préjudice, les universités privées évoquent leur incapacité à s’acquitter des charges liées au bon fonctionnement, telle la rémunération des professeurs ou encore les factures d’eau ou d’électricité.
Quelles sont les raisons invoquées par le gouvernement ?
Selon Lassana Sylla, directeur national de l’Enseignement supérieur, ce retard de paiement est dû à « des difficultés de trésorerie de l’État guinéen ». Depuis l’épidémie d’Ebola qui a engendré un ralentissement de la croissance économique du pays, passée de 2,3% en 2013 à 0,6 % en 2014. De ce fait, la Guinée est encore en proie à de nombreux accrocs économiques.
Pourquoi la grève a-t-elle été reportée ?
« Pour l’année 2013-2014, les versements auront lieu, a assuré le ministre. Par contre, nous devons vérifier les effectifs de boursiers au sein des universités privées durant les périodes 2015 et 2016 avant de continuer. » C’est donc pour donner une chance aux négociations, que le Cresup a répondu à la demande du ministère de reporter la grève de deux semaines. Néanmoins, aucun calendrier de négociations n’est pour l’instant établi. Les techniciens de la Direction nationale de l’enseignement supérieur procèdent en ce moment à l’étude des autres points de revendication du Cresup et aux vérifications nécessaires à l’avancée du dossier.
Quelle place pour l’enseignement supérieur privé en Guinée ?
En Guinée, tous les ans de nombreuses universités surgissent de terre avec des locaux flambant neufs, aux décors et designs travaillés, calqués sur les critères occidentaux. Les universités publiques quant à elles, même si certains efforts ont été faits, sont pour la plupart délabrées. Le pays dispose à ce jour de 19 universités publiques recevant annuellement environ 65 000 étudiants et de 39 universités privées qui elles, accueillent environ 40 000 étudiants. Elles sont en majorité localisées à Conakry, la capitale.
Même si elles viennent au secours de celles publiques qui par manque de place ne peuvent plus accueillir tous les boursiers, les universités privées restent assez critiquées en Guinée. Très souvent remises en cause sur leurs compétences, la pléthore d’institutions privées promettant monts et merveilles aux étudiants est perçue comme une quête effrénée d’argent de certains investisseurs misant sur ce qui est qualifié de « commerce » de l’éducation.
Par jeune Afrique