Burkina Faso: Roch Marc Kaboré remporte l’élection présidentielle dès le premier tour

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Roch Marc Kaboré a remporté la présidentielle burkinabè dès le premier tour. Bien qu’ancien Premier ministre de Blaise Compaoré, il a su apparaître comme le candidat du changement dans un pays en crise depuis plus d’un an.

Avec 53,5 % des voix, Roch Marc Kaboré a remporté l’élection présidentielle au Burkina Faso dès le premier tour, a annoncé, mardi 1er décembre, la commission électorale. Son plus sérieux rival, Zephirin Diabré, a obtenu 21,65 % des voix. Il avait reconnu sa défaite quelques minutes avant l’annonce des résultats provisoires par la Commission électorale indépendante (Ceni).

“C’est une émotion particulière parce que le 4 décembre 2014, nous avons rompu avec le parti présidentiel et moins de deux ans après, nous nous trouvons dans la position d’être le premier parti du Burkina, a confié Roch Marc Kaboré à France 24, peu après l’annonce des résultats. C’est le travail de tous les militants qui m’a porté à ce pouvoir. Cela montre bien que les efforts que l’on fournit donnent toujours des résultats”, s’est félicité le nouveau chef de l’État.

Alors que depuis l’indépendance du pays en 1960, les dirigeants burkinabè étaient presque toujours arrivés au pouvoir par la force, cette victoire revêt un caractère exceptionnel. Elle doit, avec les élections législatives organisées en parallèle, parachever la transition, parfois chaotique, ouverte avec la chute de Blaise Compaoré en octobre 2014 après 27 années au pouvoir et menée par Michel Kafando.

François Hollande a félicité le président du transition pour son rôle et s’est dit “très heureux” du bon déroulement des élections.

Calme et sérénité

“Cette élection s’est déroulée dans le calme et la sérénité, ce qui prouve la maturité du peuple du Burkina Faso”, a souligné Barthélémy Kéré, président de la Ceni, au cours d’une conférence de presse.

Un calme dû en partie au “couvre-feu qui est toujours en vigueur”, explique Pauline Simonet, envoyée spéciale de France 24 à Ouagadougou, et qui a d’ailleurs écourté la fête au quartier général de Roch Marc Kaboré. Mais aussi au fait que “tous les candidats ont accepté les résultats et le verdict des urnes”.

Quelques instants après l’annonce officielle des résultats, Roch Marc Kaboré a confié à France 24 sa joie que le parti de son rival n’ait pas contesté les résultats de l’élection. “En retour j’ai dit que, concernant le pouvoir […], je souhaiterais associer l’ensemble des Burkinabè à la gestion de ce pays”, a-t-il ajouté, invitant ainsi indirectement Zephirin Diabré à jouer un rôle dans le prochain gouvernement.

La victoire de Kaboré n’était pourtant pas une évidence. Pauline Simonet rappelle que le nouveau chef de l’État “a été un collaborateur de longue date de l’ancien président Compaoré. Il a travaillé avec lui 26 ans avant de claquer porte du parti quelques mois avant l’insurrection” en 2014. Si Roch Marc Kaboré est sorti vainqueur de cette élection, c’est sans doute parce qu’il a su apparaître comme “le candidat du changement, le candidat qui allait faire redémarrer le Burkina Faso sur les rails”,analyse-t-elle.

Défis sécuritaires et économiques

Pour Armelle Charrier, chroniqueuse à France 24, cet héritage de l’ère Compaoré peut être un “avantage parce qu’un pays qui a été tenu pendant 27 ans par un pouvoir absolu a forcément des fonctionnements particuliers et donc il faut aussi que quelqu’un les connaisse pour pouvoir emmener son pays ailleurs”, explique-t-elle.

Elle détaille également les deux principaux enjeux auxquels le nouveau chef de l’État doit maintenant faire face. “La sécurité est indispensable parce qu’il y a un risque de terrorisme fort aujourd’hui en Afrique. Mais ce pays sait aussi que si on ne veut pas que sa population n’aille vers le terrorisme, il ne faut pas qu’elle soit dans la misère et dans l’analphabétisme”, résume-t-elle.

Initialement prévues le 11 octobre, ces élections avaient été reportées en raison du putsch raté le 17 septembre de l’ancien bras droit de Blaise Compaoré, le général Gilbert Diendéré. Cette tentative de coup d’État, dans un pays qui en a connu beaucoup, avait été mise en échec par la mobilisation de la population et de l’armée loyaliste.

Quatorze candidats dont deux femmes étaient en lice pour un mandat de cinq ans renouvelable une fois. Le parti de Compaoré, le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), n’avait pas de candidat à la présidentielle, une loi controversée interdisant de scrutin les pro-Compaoré ayant soutenu la révision constitutionnelle en 2014. Toutefois le CDP pourrait réaliser un bon score aux législatives dont les résultats ne sont pas encore connus.

Avec AFP et Reuters




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