Enquête sur le fils du président guinéen

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Déjà la cible de vives critiques liées aux modalités de son accession à la tête du pays en 2010, le président guinéen Alpha Condé pourrait connaître une fin de mandat mouvementée.

En effet, voilà plusieurs mois que la justice française s’intéresse aux activités et au train de vie de l’un de ses plus proches conseillers : son propre fils, Mohamed Alpha Condé. Agé de 45 ans, l’homme qui possède la double nationalité guinéenne et française, et officie comme « chargé de mission » au sein de la présidence, est l’objet d’accusations d’infractions financières, au premier rang desquels des abus de biens sociaux et des détournements de fonds publics. Ces soupçons ont poussé le parquet financier à diligenter une enquête préliminaire depuis fin avril.

Les enquêteurs spécialisés cherchent à savoir si Mohamed Alpha Condé a bénéficié, en France, de prestations de luxe (logement, transports, versement d’argent présumé…) payées par des entreprises françaises qui ont des intérêts dans l’industrie minière guinéenne. Au centre des interrogations, la jouissance d’un vaste appartement du XVIIe arrondissement de Paris, ainsi que l’emploi régulier, pour plusieurs dizaines de milliers d’euros, de compagnies de limousines de luxe pour ses déplacements dans la capitale.

« On parle de prestations particulièrement coûteuses qui ne correspondent pas au salaire de 800 € mensuels déclarés par Mohamed Alpha Condé en tant que chargé de mission », déplore Grégory Mathieu, secrétaire général de l’ONG Fondation pour la gouvernance et la démocratie, et ancien porte-parole de l’ex-commissaire européen aux droits de l’homme Alvaro Gil-Robles.

Jets privés et hôtels de luxe

Grégory Mathieu indique aussi que de nombreux témoignages assurent que Mohamed Alpha Condé utiliserait régulièrement des jets privés afin de relier des destinations exotiques où il séjournerait au sein d’établissements hôteliers de grand luxe. « Il est fondamental que la justice française enquête sur un système de corruption qui n’a comme effet immédiat que de privilégier une minorité de personnes en Guinée et non l’ensemble de la population », explique- t-il.

Selon plusieurs sources, deux hommes d’affaires possédant des parts dans des sociétés d’extraction minière, et ayant des intérêts en France et en Guinée, seraient au centre des investigations. « La question est de savoir si Mohamed Alpha Condé tire un bénéfice financier ou autre, notamment lors de ses voyages en France, de la part d’hommes d’affaires impliqués dans l’industrie minière guinéenne, et qui, de fait, bénéficieraient d’avantages auprès de décideurs publics guinéens », résume une source proche de l’affaire.

« En payant le fils, on achète le père », conclut Grégory Mathieu, qui s’inquiète du niveau de corruption en Guinée-Conakry, ajoutant que le pays occupait en 2014 la 145e place sur 174 pays du classement de l’indice annuel de perception de la corruption, établit par l’ONG Transparency International. Cette affaire, dans le cas où la justice déciderait de pousser plus avant ses investigations, pourrait fragiliser le pouvoir guinéen à l’approche de l’élection présidentielle du 11 octobre. Contactée à plusieurs reprises, l’ambassade de Guinée n’a pu être jointe.

leparisien.fr




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