L’Afrique du Sud a violé sa Constitution en n’arrêtant pas le président Béchir

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Le juge qui avait interdit à Omar el-Béchir de quitter le territoire sud-africain a mené une violente charge contre les autorités. De son côté, la CPI a rappelé Pretoria à ses obligations.

Le 25 sommet de l’Union africaine ne laissera peut-être pas la trace que le président Zuma souhaitait. La polémique ne cesse d’enfler après le départ, contre l’avis de la justice sud-africaine, du président soudanais Omar el-Béchir, recherché pour génocide par la Cour pénale internationale (CPI) et venu participer au 25e sommet de l’UA à Johannesburg.

Le gouvernement sud-africain a enfreint la Constitution en n’arrêtant pas Omar el-Béchir, a ainsi estimé lundi un tribunal sud-africain. « L’attitude (des autorités) qui ont échoué à prendre des mesures pour interpeller et arrêter le président du Soudan Omar el-Béchir est en contradiction avec la Constitution de la République sud-africaine », a déclaré le juge Dunstan Mlambo, qui avait interdit la sortie du territoire sud-africain au président soudanais. Le jugement a été rendu alors qu’Omar el-Béchir était déjà dans l’avion pour Khartoum.

Les autorités soudanaises disent avoir reçu des assurances 

L’avocat de l’État n’a fait aucun commentaire, sinon pour annoncer une enquête approfondie sur les circonstances du départ d’Omar el-Béchir. Le tribunal avait été saisi en urgence par une ONG, sans que cela inquiète outre mesure les autorités soudanaises qui avaient indiqué, avant l’issue de l’audience, avoir reçu des assurances sur la liberté de mouvement du président el-Béchir.

« C’est embarrassant pour l’Afrique du Sud qui aurait pu éviter cette situation, tout simplement en ne l’autorisant pas à venir », a commenté Jakkie Cilliers, directeur général de l’Institut des Études de Sécurité. « Mon impression est qu’en le laissant venir, ils (les dirigeants sud-africains) voulaient démontrer au reste du monde qu’ils partagent le point de vue de l’Afrique sur la CPI », a-t-il ajouté.

La CPI déçue

Dès le 28 mai, la Cour pénale avait notifié à l’Afrique du Sud son obligation statutaire, en tant qu’État membre de la Cour, d’arrêter et de lui remettre le président soudanais si celui-ci se rendait sur son territoire. Lundi, le procureur-adjoint de la CPI a fait part de sa déception. « Nous sommes déçus qu’il n’ait pas été interpellé », a déclaré James Stewart, adjoint de la procureure Fatou Bensouda : « Notre position a toujours été que l’obligation incombant à l’Afrique du Sud est claire, elle devait l’arrêter ».

La CPI fait face à une virulente campagne en Afrique. Elle est accusée de racisme – notamment par les dirigeants africains – et de ne pourchasser que des Africains, ce qu’elle dément. Sur huit dossiers en procès, tous concernent des dirigeants ou chefs rebelles africains, mais dans la majorité de ces cas, la CPI a été saisie par les gouvernements des pays concernés eux-mêmes.

jeuneafrique.com




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