Conakry- Où en est-on dans l’affaire des militaires au domicile de Sidya Touré’ Que dit l’UFR à ceux qui pensent que c’est un scenario monté de toute pièce’ Une reprise des manifestations publiques en cette période d’Ebola ne risque t-elle pas d’aggraver la propagation de l’épidémie’ Quelle est la réaction de l’UFR après la condamnation de Bakayoko’ Voilà entre autres questions débattues avec l’honorable Saïkou Yaya Barry de l’Union des Forces Républicaines (UFR)
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Votre leader politique a affirmé ces derniers temps que son domicile a été encerclé par des militaires, où en est-on sur ce dossier ‘
Nous avons pensé que le procureur devait s’auto-saisir du dossier parce que c’est un cas grave quand des forces spéciales vont en catimini au domicile d’un leader surtout un député de la république. Je pense que c’est un fait grave aujourd’hui nous avons mis la bande sur les réseaux sociaux pour effectivement montrer que les gens ont été chez lui avec le numéro de la plaque d’immatriculation du véhicule, mais malheureusement rien n’en est suivi jusqu’à présent, les juristes sont entrain de travailler qu’à même pour ne pas laisser cet acte impuni car c’est des gens armés sans tenu qui sont venus et qui se disent relevant de la présidence de la république.
Pourquoi c’est votre leader Sidya TOURE qui est dans le viseur ‘
Nous ne pouvons pas savoir le pourquoi, mais nous savons tous aujourd’hui, Sidya TOURE connaissant le pays, la gestion normale d’un Etat et dénonçant les tares et les incompétences de ceux qui gèrent le pays, dans les ondes des radios privées en place a fait tâche d’huile et a ébranlé le système alors ils pensent intimider Sidya TOURE dans ce cadre là. Notre président n’est pas un homme qu’on peut influencer, de toute façon il ne fuira pas la Guinée.
Que répondez-vous à ceux qui estiment que c’est un scenario monté de toute pièce pour créer un battage médiatique autour de votre leader dans le cadre de la candidature unique de l’opposition ‘
Vous connaissez Sidya TOURE ce n’est pas quelqu’un qui invente, depuis toujours il a dit ce qu’il pense et ce qui est réel dans ce pays. C’est vrai que le pouvoir en place cherche toujours à se dérober de cette situation, nous connaissons les agissements du pouvoir en place, avec les descentes nocturnes, des militaires armés prennent des gens en catimini et les emmènent en prison, c’est des militaires non qualifiés qui font ces genres de choses dans ce pays. Par exemple le cas du député Honorable SOUMAH (député de l’UFDG, ndlr), sa voiture a été cassée parce qu’il a dénoncé la présence des donzos au lycée Béhanzin, donc cela prouve à suffisance que les agissements du pouvoir en place sont de nature à saper la bonne marche de la démocratie en guinée.
Le leader des ‘’Démocrates Guinéens’’ Abdourahmane BAKAYOKO a été condamné récemment pour outrage au chef de l’Etat alors qu’il défendait à Labé une cause favorable au président de l’UFR, le parti semble se désintéresser de ce sujet ‘
Nous sommes libres de nos opinions dans ce pays là, ce qui est condamnable dans cette affaire, c’est le fait qu’un procureur se précipite pour s’auto-saisir du dossier pour outrage au chef de l’Etat. Qu’est-ce que cela signifie ‘ Le chef de l’Etat est une personnalité publique qui est soumis à des attaques des leaders politiques, c’est un leader qui a agit dans ce sens, alors je me suis dit que BAKAYOKO est dans son plein droit de dire la manière dont les choses se passent dans ce pays, cela ne veut pas dire qu’ il a été envoyé par l’UFR. En franche vérité, je ne peux démasquer cette personne BAKAYOKO, je l’ai jamais connu de ma vie, encore une fois ce n’est pas l’UFR, mais il est libre de ses opinions et il ne doit pas faire la prison à cause de cela parce que cette condamnation risque d’être une précédente pour toute personne qui tentera de donner son opinion par rapport à un sujet. Nous sommes dans une démocratie en construction, nous devons faire très attention, que la passion n’emporte pas sur la raison et que les gens puissent dire ce qu’ils pensent par rapport à la vie de la nation.
Est-ce une occasion pour les autorités de régler des comptes ‘
Bien sûr, pas seulement pour régler un compte mais aussi pour essayer de museler les futurs intervenants et c’est très dangereux pour le pays et voir même pour tous ceux qui seront en mesure de dire quelques choses sur Alpha CONDE voilà le véritable problème.
L’opposition menace de reprendre les manifestations de rue alors que Ebola continue d’endeuiller des familles, la mobilisation des personnes ne risque t- elle pas d’aggraver la propagation de l’épidémie ‘
Non, pas du tout parce que nous avons constaté qu’aujourd’hui le Pr Alpha CONDE continue à faire des bains de foule. Nos manifestations ont des objectifs bien déterminé, c’est pour que la démocratie marche normalement dans notre pays. Et n’oubliez pas aujourd’hui nous sommes en transition, la cour des comptes et la cour constitutionnelle ne sont toujours pas installées, c’est la cour constitutionnelle qui est censée gérer le processus électoral et les contentieux électoraux, donc nous sommes dans l’impasse totale aujourd’hui, il est dit dans 6 mois après l’installation de l’Assemblée Nationale, les institutions devraient être installées. La deuxième des choses que nous déplorons tous, c’est l’attitude de la Commission Nationale Electorale Indépendante (CENI), elle profite de cette accalmie à cause de la fièvre Ebola pour continuer ses manœuvres au sein de la CENI jusqu’à aller recruter un opérateur. Et pourtant, les accords du 3 juillet avaient précisé toute cette procédure, l’ensemble des protagonistes c’est-à-dire l’opposition, la mouvance et le parti au pouvoir devraient procéder à l’installation d’un comité de veille et un comité de suivi au sein de la CENI pour participer au recrutement d’un nouvel opérateur. Dans ce comité, il ya les représentants de l’opposition, ils ont choisi unilatéralement un opérateur technique, nous n’allons pas laisser le pays à cause d’Ebola, la vie de la nation nous concerne tous, c’est pour cette raison nous estimons aujourd’hui, il faut qu’on se réveille pour agir dès maintenant avant que ça soit trop tard, donc nous allons continuer de faire la pression sur ce régime et recommencer les manifestations pour nous faire entendre non seulement au niveau national mais aussi international.
Votre leader a affirmé sur les ondes qu’il n’a pas de commissaire à la CENI. Comment pouvez-vous expliquer cela alors que l’institution est censée être indépendante’
Bien sûr, nous n’avons plus de commissaire à la CENI parce que le commissaire qu’ on avait à la CENI, a été licencié du parti pour des fautes graves, au moment où on se battait pour les élections législatives, notre représentant était là pour surveiller la manière dont les élections allaient se dérouler pour le parti, ce dernier a laissé les élections pour se rendre à la Mecque et nous sommes restés orphelins à la CENI pendant ce temps, il se trouve que c’est notre commissaire qui tenait la logistique de la CENI donc son départ a permis aux autres commissaires de la mouvance d’utiliser les fiches, les enveloppes et les procès verbaux comme ils en voulaient alors cela a joué un grand rôle dans les fraudes que nous avions enregistrées en Basse Guinée et en Guinée Forestière, c’est la raison pour laquelle le président Sidya TOURE affirme n’avoir aucun représentant à la CENI. La vérité est que nous sommes une force politique incontournable dans l’échiquier politique guinéen, nous devons être représentés et pour toutes ces raisons nous nous levrons pour que cette CENI soit recomposée. Aujourd’hui, nous sentons que cette CENI est partiale et non équitable, c’est une institution inadaptée au paysage politique actuel.
Interview réalisée à Conakry par Rahim Barry pour Afrinews
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